Est-il légitime de prier devant des statues alors que la Bible semble l'interdire ?
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1.
La pratique chrétienne est une nouveauté par rapport au judaïsme, qui semblait vouloir bannir toute image sculptée, avec notamment ce commandement du Décalogue : « Tu ne te feras aucune image sculptée, rien à ce qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre » (Exode 20,4). Ce n’était cependant pas un commandement imposé en Israël de manière absolue et l’interdiction des statues avait surtout pour but de marquer la différence avec les diverses religions environnantes.
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2.
La première Église a peint des images dans les catacombes. Après la fin des persécutions, l’Église a continué à faire de même, à grande échelle, avec les icônes, les mosaïques, les peintures, les sculptures.
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3.
Les deux remises en question de l’iconoclasme et du protestantisme ont ensuite obligé à une justification qui fut donnée au Concile de Nicée (787) puis au Concile de Trente (1553). La clé est que l’Incarnation rend possible ce qui aurait été blasphématoire dans l’Ancienne Alliance, car « Dieu a pris un visage » (saint Jean Damascène). « Autrefois Dieu qui n’a ni corps, ni figure, ne pouvait absolument pas être représenté par une image. Mais maintenant qu’il s’est fait voir dans la chair et qu’Il a vécu parmi les hommes, je peux faire une image de ce que j’ai vu de Dieu ».
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4.
Le Concile de Nicée II a clos le débat en affirmant que : « l’honneur rendu à une image remonte au modèle original » (saint Basile). « Quiconque vénère une image, vénère en elle la réalité qui y est représentée ». Le Concile de Trente continua à préciser la doctrine et à combattre la tentation de l’idolâtrie, les abus et les superstitions.
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5.
Les formules de bénédiction des images rappellent la « dévotion sûre » et orientent l’attention des fidèles vers le Christ, la Vierge et les saints, amis du Christ et modèles à suivre pour entrer dans la gloire à venir. Le point commun de toutes ces prières, c’est de ne guère insister sur l’image comme telle et de passer immédiatement aux fruits spirituels que l’on peut attendre de leur vénération.
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6.
L’exemple de sainte Bernadette est instructif. Elle n’avait pas besoin d’un support visuel pour prier la Vierge. Elle savait qu’aucune statue ne pourrait représenter celle qu’elle avait vue. Et pourtant, elle n’a jamais méprisé les statues, que ce soit à Lourdes ou à Nevers.
Né en 1936 à Paris, ordonné prêtre en 1964, aumônier d’étudiants puis curé de paroisse et recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame, Monseigneur Perrier a été le premier directeur de Radio Notre-Dame, puis évêque de Chartres en 1990. Évêque de Tarbes et Lourdes pendant quinze ans (1997-2012), il a accueilli deux papes à la Grotte de Massabielle : saint Jean-Paul II en 2004 et Benoît XVI en 2008. Il se consacre aujourd'hui à approfondir le message que la Vierge Marie transmet à l'humanité.
Documents de référence
« L’homme ne vit pas seulement de pain, il vit de prières, il vit de foi, d’adoration et d’amour. » (saint curé d’Ars)
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commentaires
postés
Toute l'argumentation et tous les commentaires s'étendent sur Jésus-Christ, la Vierge ou les saints sans évoquer la représentation de Dieu le père. J'ai lu plus haut : « Autrefois Dieu qui n’a ni corps, ni figure, ne pouvait absolument pas être représenté par une image. Mais maintenant qu’il s’est fait voir dans la chair etc ... ». Dans ma collecte d'image dites pieuses je n'ai effectivement rencontré que les trois premiers cités, idem dans la statuaire, cependant je rencontre ça et là dans les églises l'image de Dieu le père imaginée en bon vieillard dans les vitraux (il me revient à l'esprit entre autres l'exemple de Ville-sur-Tourbe en Argonne, datant des années 1920). Est-ce bien catholique au sens courant du terme autant qu'au sens canonique ? J'exclue de ma remarque les représentations purement symboliques comme celle du triangle, bien sur.
Loué soit Jésus-Christ ! C'est dommage de ne pas répondre à cette question plus simplement. Il suffit de dire que l'interdiction concerne le fait de fabriquer des idoles, non des images.
C'est pas pour une statue que l'on prie mais pour la personne ou la divinité représentée. Certains humains on besoin d'un support physique pour exprimer leurs prières. Les lois doctrinales inspirées par le Christ ont été rédigées par des humains qui cherchaient l'idéal pour leur conscience personnelle mais pas toujours à la portée de tous. Honorer Dieu et tous les Saints et aimer son prochain, c'est déjà pas mal si on le fait en toute sincérité, la forme est secondaire.
L'homme est depuis toujours et a toujours besoin d'un support pour l'amener à asseoir sa réflexion Cela a toujours été ainsi, la grotte de Lascaux en témoigne. Le commandement de DIEU de ne pas faire
Jésus Est Dieu....vous oubliez La Trinité !
L'essentiel est de ne pas confondre l'image et la réalité ! Une statue n'est qu'un support de concentration, méditation, dévotion.
Jésus est vrai Dieu et vrai homme ... proclamez notre CREDO ... Je vous invite "rol" à relire le Prologue de l'Evangile de Saint Jean
Jésus est fils de Dieu et non Dieu.Se reporter à l'Evangile est pour moi primordial.Donc pas de support visuel si ce n'est pour aider à la dévotion.