L’Église d’aujourd’hui a-t-elle été voulue par le Christ ? Certains en doutent. On connaît le mot fameux d’Alfred Loisy, exégète condamné pour modernisme au début du XX^e siècle : « Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue ». Pour déterminer si l’institution est restée fidèle à son fondateur, il est utile d’étudier comment ses disciples, qui n’étaient qu’une poignée, ont progressivement trouvé une audience imprévisible. L’histoire des premiers chrétiens révèle donc comment leur foi a résisté avant de se répandre et comment leurs communautés se sont organisées pour demeurer unies au fil du temps, à travers la diversité mais aussi la fragilité des nations. La façon dont les défis ont été relevés demeure exemplaire, voire normative, pour comprendre non seulement la structure de l’Église, mais encore le développement de son enseignement et la façon dont elle ne cesse d’être renouvelée « d’en haut » pour actualiser et ranimer, au milieu des épreuves et des tentations, les espérances qui l’ont fait naître.

Les questions ne manquent pas : comment l’Église est-elle devenue romaine ? Les martyrs étaient-ils des fanatiques ? Les chrétiens sont-ils responsables de la chute de l’Empire romain ? Quelle pertinence gardent ces rares intellectuels que furent, parmi les premiers chrétiens, les Pères de l’Église ? Michel Rouche, professeur à la Sorbonne, explique déjà ce qu’a eu d’extraordinaire l’expansion du christianisme et quelles en ont été les étapes.