Expéditions précoloniales ? Djihad des chrétiens en réplique aux conquêtes musulmanes ? Exutoire pour une chevalerie désargentée, en mal de prouesses ? Les croisades demeurent un défi à l’intelligence contemporaine. La difficulté est de comprendre la foi sans laquelle les croisés n’auraient pu se lancer dans des aventures apparemment aussi folles. Les barons, mais aussi les foules d’humbles gens qui se sont mis en route vers Jérusalem, se savaient des pécheurs, à une époque encore brutale, où l’Évangile commençait seulement à inspirer la civilisation qui s’épanouirait avec les cathédrales. Habitués à côtoyer la mort, ils comptaient que les fautes dont ils avaient conscience leur seraient remises, grâce à des pèlerinages de pénitence et de conversion, et suprêmement celui jusqu’aux lieux de la mort et de la Résurrection de Jésus. Or les Turcs Seldjoukides venaient de s’emparer de la Ville sainte et en interdisaient l’accès aux chrétiens… Et puis fallait-il secourir ce qui restait de l’Empire chrétien d’Orient, menacé par l’expansion de l’islam, mais séparé de l’Église d’Occident, ou bien se substituer à ces Byzantins affaiblis ? Avant tout jugement de valeur selon les critères actuels, il faut regarder de près ce que furent les huit croisades, pour discerner ce qu'elles ont eu d'unique dans l'histoire et la formidable espérance qui a seule pu les motiver.

L’examen objectif des faits est possible aujourd'hui. Beaucoup d’études en anglais présentent une vision sans préjugés anachroniques. Les articles sélectionnés donnent une synthèse des derniers débats historiques sur le sujet. Le livre de Martin Aurell est recommandé, pour une vision nouvelle du phénomène, proche des sources mais accessible. Parmi les vidéos, on ne manquera pas (si l’on comprend l’anglais) le Crash Course qui est une excellente mise au point.