Le mystère de l’Incarnation est décisif pour la foi chrétienne. Il s’agit du fait que le Fils de Dieu prend chair pour devenir pleinement homme dans le sein de la Vierge Marie sous l’action de l’Esprit Saint, tout en restant pleinement Dieu. Cet abaissement choque l’idée que l’on peut se faire de la grandeur de Dieu. Et pourtant, s’il est bien Dieu, et plus, voire mieux encore que nous pouvons l’imaginer, qu’est-ce qui lui est impossible (voir Luc 1,37) ? Jésus de Nazareth est le Christ : transposition en français du mot grec traduisant l’hébreu qui a donné Messie, c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction, l’envoyé de Dieu, son image véritable qu’il a « engendrée et non pas créée » (comme le dit le Credo). Avoir pris chair n’empêche aucunement le Verbe éternel de rester le Fils. Il accomplit même ainsi la volonté de son Père, son dessein de permettre à tous les hommes d’être ses enfants en vivant comme ce Fils, avec lui et grâce à lui, en rendant à Dieu tout ce qu’ils reçoivent de lui, afin de pouvoir avec lui le transmettre au lieu de le garder. L’Incarnation est de la sorte source d’espérance, dans un émerveillement qui mêle l’étonnement et la joie. Comme l’a dit saint Irénée de Lyon, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

Les premiers chrétiens ont été amenés, malgré la difficulté conceptuelle, à reconnaître la double nature (divine et humaine) de Jésus. Nous pouvons aujourd’hui nous mettre à leur école pour nous émerveiller et étudier ce mystère qui fait entrer l’homme dans la dynamique trinitaire de la vie divine.