Sommes-nous entrés dans un âge nouveau ? Alors que l’on entend répéter inlassablement que la sécularisation – c’est-à-dire le dépassement et finalement  la disparition de toute religion – est une orientation irrésistible et irréversible, inscrite dans le cours de l’histoire et le sens de l’évolution, de nouvelles formes de religiosité ne cessent d’apparaître. Parmi elles, le New Age (Nouvel Âge en anglais). C’est un mouvement inorganisé, issu de la protestation d’une partie de la jeunesse contre les idéologies (qu’elles soient « de gauche » ou « de droite ») et le consumérisme dans les années 1970, l’idée étant de développer les potentiels psychiques et spirituels des individus et d’introduire ainsi une nouvelle ère de l’histoire de l’humanité. Avec des emprunts à traditions très diverses et des spéculations échevelées, sans leader ni théories cohérentes, le New Age a été une mode plus qu’un phénomène culturel durable. Mais il n’a pas disparu et peut revenir sous diverses formes, en l’une ou l’autre de ces régressions qui se veulent modernes et inédites vers l’invincible mysticisme païen déjà dénoncé depuis longtemps dans la Bible, parce que l’homme reste un « animal métaphysique ».

Le New Age est relativement insaisissable. Il transparaît à peine à travers l’intérêt pour l’astrologie et les horoscopes, le tarot et les religions asiatiques, ainsi que dans une partie de la mouvance écologiste. L’article du père Bernard Bastian fait efficacement le point sur les origines, les doctrines et les pratiques du New Age, et montre comment cet ésotérisme (autrement dit cette initiation à de prétendus secrets de la vie, de l’univers et de son histoire) continue d’infiltrer les mentalités au XXI^e siècle.