Un mot passé de l’hébreu au français. «  Messie » est la francisation d’un terme également utilisé en araméen (la langue parlée en Palestine au temps de Jésus) pour désigner celui qui a reçu l’onction, c’est-à-dire qui a été consacré par Dieu pour faire sa volonté sur terre.  À l’origine, l’« oint » est suprêmement le roi, chargé d’établir la paix et la justice. Mais, chez les prophètes et notamment Isaïe, cette royauté prend la figure paradoxale du Serviteur, et même du Serviteur souffrant dont ils annoncent la venue et dont le règne ne ressemblera donc pas du tout à celui d’un souverain puissant. C’est ce que vérifiera et confirmera Jésus, qui sera salué comme le Christ, puisque Chrestos en grec (la langue des évangiles) signifie « oint » : le Messie n’est pas le magicien qui vient satisfaire tous les désirs immédiats et régler tous les problèmes, mais celui qui vient littéralement donner sa vie, laquelle est nettement plus qu’une existence biologique et bien plutôt la Vie dans sa pureté de don qui permet la réciprocité dans la liberté.

Il reste à mesurer la portée de ce que signifie « Messie ». Les chrétiens n’attendent plus sa venue, mais son retour. L’article de Vittorio Messori explique quelle était l’espérance des Juifs à l’époque de Jésus. Les messianismes n’ont pas manqué depuis, suggérant des aspirations invincibles au sein de l’humanité. L’enseignement de l’Église (voir les documents de référence) invite à inscrire cette espérance dans la révélation de la dynamique trinitaire : Jésus qui reçoit l’onction du Père est son Fils éternel fait homme et cette onction est une action de leur Esprit commun qui donne aussi de reconnaître dans l’amour entre les trois personnes divines le secret de la Vie. De plus, en recevant l’onction de l’Esprit Saint à son baptême et à sa confirmation, le chrétien est associé à la mission du Messie.