Comment rendre effectivement compatibles les deux principes ? La doctrine sociale de l’Église indique quatre actions nécessaires pour rendre effective cette compatibilité :
- Il faut promouvoir non pas la suppression, mais la diffusion large de la propriété privée.
- Il faut permettre une juste rémunération des travailleurs, ce qui donnera ainsi à tous un juste accès aux biens.
- Celui qui possède a l’impérieux devoir moral de partager avec les plus démunis.
- Le propriétaire a le devoir de faire fructifier sa propriété, car la propriété des moyens de production « devient illégitime quand elle n’est pas valorisée » (saint Jean-Paul II).
Le devoir moral est double : créer et partager. Mais jusqu’où aller quand la propriété est jugée moralement illégitime dans certains cas concrets, lorsqu’elle est laissé à l’abandon au lieu d’être valorisée (latifundia, logements vacants, etc.) ?
Il faut promouvoir, non pas la suppression, mais la diffusion large de la propriété privée
Le premier élément commun, au cœur de toute la doctrine sociale, c’est que la réponse ne peut pas être dans la suppression de la propriété privée, mais au contraire dans sa diffusion : « tous propriétaires », tous individuellement ou familialement propriétaires donc. Léon XIII va jusqu’à dire que le salaire des ouvriers doit leur permettre de vivre, eux et leur famille, mais aussi de dégager de petites épargnes, pour devenir propriétaire de leur logement, de leur artisanat, d’une terre. Il y a déjà chez lui cette idée d’accession à la propriété. Au fur et à mesure du temps et de l’évolution économique, cela devient plus précis. Ainsi, chez Jean XXIII, à un moment où les entreprises par actions deviennent de plus en plus importantes dans les économies de marché, il avance aussi l’idée que cette diffusion de la propriété peut aussi passer par la diffusion du capital : actionnariat, intéressement, participation notamment. Il n’y a pas forcément de recettes techniques précises, mais on voit bien qu’en arrière-plan, il y a l’idée qu’il serait juste que les salariés puissent devenir actionnaires des entreprises, notamment de celles dans lesquelles ils travaillent.
Il faut permettre une juste rémunération qui permettra ainsi un juste accès aux biens
Le deuxième élément que l’on trouve chez Léon XIII est résumé par la formule suivante : « Qui en manque (de propriété) y supplée par le travail » (RN 7, 1) : dans nos sociétés, depuis au moins vingt-cinq siècles que la monnaie existe, le mode habituel d’accession aux biens est la possession d’un revenu monétaire et donc le développement du pouvoir d’achat qui permet de se procurer les biens dont on a besoin. Pour la majorité des gens, ce revenu vient de leur activité économique et notamment du travail. D’où la phrase de Léon XIII. Cela implique bien entendu que les personnes soient rémunérées correctement, d’où les thèses sur le juste salaire, mais aussi la rémunération de la famille – par les allocations familiales ; d’où aussi l’insistance de l’Église pour le droit au travail et donc sur le fait que le chômage est un mal à réduire le plus possible. Tout cela est évident, mais il reste l’idée centrale suivant laquelle c’est le revenu qui donne accès aux biens et, effectivement, pour la majorité de la population, c’est seulement avec un revenu que l’on peut accéder aux biens. Sans revenu, le risque d’exclusion est grand.
Celui qui possède a l’impérieux devoir moral devoir de partager avec les plus démunis
Troisième élément, qui était déjà au cœur de l’analyse de saint Thomas, mais bien sûr aussi de toute l’Écriture comme de la Tradition, c’est le partage, la charité, la solidarité en termes plus contemporains. Évidemment, ceux qui n’ont pas de travail de manière involontaire ont droit à l’aide de leurs semblables. Celui qui possède des biens ou des revenus plus élevés que les autres a le devoir de partager avec les plus démunis : ceux qui n’ont pas d’emploi ou encore ceux qui sont trop âgés ou trop malades pour travailler et avec tous les exclus, encore très nombreux, même dans les sociétés développées. C’est tout le thème de la justice distributive et pas seulement commutative. Certes, on pense avant tout à la charité, à la redistribution volontaire, mais moralement impérative, qui va bien au-delà de la simple aide matérielle. Dans les sociétés contemporaines, elle prendra aussi la forme de la redistribution par les cotisations sociales, impôts, etc., finançant la protection sociale. Mais ce développement de la protection sociale obligatoire n’a pas fait disparaître l’importance de la solidarité volontaire. En effet, dans la solidarité, il y a naturellement une part qui relève de la redistribution volontaire et privée : elle est vitale au sein de la famille (époux, parents et enfants, grands-parents et petits-enfants), mais elle concerne aussi toute l’action caritative (aide à son prochain, au quart monde, au tiers monde, etc.), même s’il y a aussi, à côté, toute la protection sociale dans nos économies développées, qui peut assurer à chacun un revenu minimum et donc un minimum d’accès aux biens.
Le propriétaire a le devoir de faire fructifier sa propriété
Quatrième élément, qui n’est pas aussi explicite au début, mais qui est clairement affirmé chez Jean-Paul II : le fait que le propriétaire a un devoir moral : celui de faire fructifier sa propriété. C’est même ce devoir qui légitime, pour Jean-Paul II, cette propriété d’une entreprise, d’une industrie ou d’une exploitation agricole. Pour lui, il y aurait là une faute morale, qui peut aller dans certains cas jusqu’à remettre en cause la légitimité, au moins morale, de la propriété. C’est un peu comme dans la parabole des talents de l’Évangile : celui qui a reçu des talents a le devoir de les faire fructifier pour le bien de tous. De même, celui qui est propriétaire a le devoir de faire fructifier son entreprise, car cela crée des emplois, des revenus, des biens, de la prospérité pour tous.
« La propriété des moyens de production […] devient illégitime quand elle n’est pas valorisée » (saint Jean-Paul II)
On trouve cette idée notamment dans CA, à la fin du chapitre 4 : « La propriété des moyens de production est juste et légitime si elle permet un travail utile ; au contraire elle devient illégitime quand elle n’est pas valorisée ». Et encore : « De même que la personne se réalise dans le libre don de soi, de même la propriété se justifie moralement dans la création […] de possibilités d’emplois et de développement humain pour tous. » (CA 43).
Le devoir moral est double : créer et partager
Il est très important de noter cette affirmation, car on entend souvent un reproche fait à l’Église – qui, à mon avis, est injustifié aujourd’hui, au moins dans les textes du magistère : suivant lequel elle raisonnerait seulement comme s’il y avait un gâteau donné, fixe, à partager et que les seules vraies questions seraient de regarder la part à attribuer à chacun. En réalité, l’Église ne parle pas uniquement de partage, mais de création de richesse et de partage. Il y a donc un double devoir moral : créer des richesses et mieux les partager. Le gâteau peut grossir : c’est la croissance, la création de richesses nouvelles. Un texte déjà ancien de l’épiscopat français avait pour titre Créer et partager. Le devoir moral du propriétaire est bien de faire fructifier ses biens, de faire grossir le gâteau en créant des emplois, des salaires et donc des revenus et du pouvoir d’achat, et finalement donc des biens que l’on peut acquérir avec ce pouvoir d’achat. Chacun doit faire fructifier ses talents et chaque propriétaire doit valoriser sa propriété en vue du bien commun.
Quelques questions complémentaires peuvent cependant se poser. En voici quelques-unes.
La nationalisation est possible, dans certains cas précis
Est-ce que la propriété privée exclut toute nationalisation ? Le concile Vatican II en parle dans Gaudium et Spes, mais on trouve ce thème aussi dans les encycliques sociales : on n’exclut pas la possibilité de nationalisation, par exemple dans le cas précis d’un monopole qui aurait un pouvoir abusif. C’est tout à fait clair : la règle, c’est propriété privée, mais il peut y avoir des cas où la propriété collective, qui peut prendre la forme de nationalisation ou autre, se justifie. Mais le concile insiste pour que ce soit fait par l’autorité compétente, selon les exigences du bien commun, et au prix d’une indemnisation équitable. Ce n’est donc pas la règle, mais l’exception, et d’ailleurs à ce propos Jean-Paul II parle d’interventions justifiées par le bien commun, mais qui doivent être, autant que possible, « limitées dans le temps » (CA 48).
La propriété privée peut prendre des formes variées (coopératives, mutuelles, etc.)
Deuxième élément développé en particulier par Benoît XVI dans Caritas in veritate : la propriété privée peut prendre des formes autres que celles qui ont été développées majoritairement jusqu’ici dans le capitalisme. Benoît XVI met en avant les formes de sociétés coopératives – on connaît les coopératives ouvrières de production dans lesquelles le salarié est copropriétaire de son entreprise, mais aussi les sociétés coopératives à valeurs mutualistes, dans lesquelles les clients sont des sociétaires, comme par exemple certaines banques comme le Crédit mutuel ou le Crédit Agricole en France, où les clients sont aussi des sociétaires. Il n’y a pas une forme unique de propriété privée. Il y en a d’autres formes et Benoît XVI insiste beaucoup sur la diversité des formes à trouver et à utiliser. En effet, à côté des entreprises privées de type capitaliste – actionnariales donc –, il y a des propriétés mutualistes et coopératives, des propriétés publiques, etc., et il affirme que les diverses formes peuvent s’influencer l’une l’autre. Benoît XVI utilise pour cela une expression très imagée, en affirmant qu’il peut y avoir une « hybridation » entre ces différentes formes, influence réciproque des bonnes pratiques de chacune. Cela peut prendre aussi la forme de l’économie de communion, lorsque le propriétaire renonce volontairement à une part du profit pour en faire profiter d’autres personnes.
Le cas des latifundia pose sérieusement le problème de la remise en cause juridique d’une propriété devenue moralement illicite
C’est un autre point soulevé dans Gaudium et Spes et repris par la suite : puisque ne pas faire fructifier sa propriété la disqualifie moralement, est-ce que la remise en cause de la légitimité morale de cette propriété remet en cause aussi juridiquement le droit de propriété lui-même ? L’exemple classique, ce sont les latifundia : ces grandes propriétés agricoles qu’on trouvait en Italie, et que l’on trouve beaucoup en Amérique du Sud. On parle d’immenses propriétés que les propriétaires ne font pas fructifier, alors que parallèlement, à côté, il y a une population sans travail et sans revenus. Il y a là quelque chose de choquant et on se pose naturellement la question de la remise en cause de la propriété elle-même. La réponse de l’Église est que le propriétaire a le devoir moral de faire fructifier sa propriété, de donner du travail aux salariés agricoles. Mais que se passe-t-il s’il ne le fait pas ? Et là, il n’y a pas de réponse technique unique qui soit donnée, mais le concile Vatican II dit clairement que « des réformes s’imposent donc ». On voit bien dans Gaudium et Spes que la réponse peut aller dans certains cas limites jusqu’à partager la propriété ou la morceler en faveur de ceux qui n’ont rien, mais les réponses sont à envisager localement, au cas par cas, toujours avec une indemnisation à apprécier selon l’équité. La porte reste ouverte aux solutions techniques concrètes, variées, l’Église affirmant toujours qu’il y a clairement dans ce cas une disqualification morale.
Le cas des logements vacants suscite aussi des débats, mais l’Église s’en tient à juger l’aspect moral
Est-ce que cela s’applique à d’autres cas comme celui du logement ? Ce cas a été évoqué en France, quand on a constaté qu’il y avait des logements vacants, ni occupés, ni entretenus, alors que des personnes vivent dans la rue ou ont du mal à se loger. Est-ce que dans ce cas le propriétaire a perdu la légitimité de sa propriété ? Est-ce qu’il a perdu le droit de propriété ? Chaque pays peut répondre différemment. En France, il y a eu quelques mesures législatives dans ce domaine, mais l’Église ne donne pas de solutions techniques concrètes qui ne seraient pas directement de son ressort et peuvent varier d’un cas à l’autre. Elle raisonne plus en termes de faute morale qu’en termes de sanction juridique, domaine qui n’est pas exactement le sien, et qui relève de chaque cas d’espèce et de chaque pays. D’ailleurs les effets pervers de telles mesures extrêmes de réquisition l’emportent souvent sur les avantages espérés. Mieux vaut donc, là aussi, encourager la construction que se contenter de partager la pénurie de logements.
« Si quelqu’un ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus » (saint Paul)
La situation est ici radicalement différente de celle du chômeur involontaire. En effet, il s’agit ici du cas d’un refus volontaire de travailler, refus que saint Paul critique dans certaines communautés chrétiennes primitives. D’ailleurs John Rawls (philosophe américain, 1921-2002) reprend à sa façon la question en parlant de manière équivalente du « surfeur de Malibu ». Si celui-ci ne pense qu’à s’amuser et volontairement ne travaille pas, a-t-il le droit à la solidarité des autres ? Certains disent « non », d’autres disent « oui » en défendant la thèse du revenu universel, inconditionnel, de base. Mais c’est un sujet complexe, car si chacun a droit à la solidarité des autres, chacun a aussi le devoir de contribuer au bien commun en travaillant, au lieu de se défausser de ses responsabilités sur les autres.
Toutes ces questions sont évoquées, de manière indirecte, dans l’enseignement du Christ
Bien sûr, la doctrine sociale de l’Église, dans ce domaine comme dans d’autres, étant destinée à tous, croyants et incroyants, s’appuie sur la raison. Mais bien entendu, pour l’Église le rôle de la foi et de la Révélation est aussi au centre de sa doctrine sociale et il est clair que l’Évangile parle aussi de toutes ces questions de manière indirecte, le plus souvent, notamment par les paraboles du Christ, et les encycliques sociales y font référence de manière permanente. Ainsi, celui qui ne fait pas fructifier son talent est condamné, mais ce qui est condamné, si on y regarde bien, c’est surtout le fait qu’il ait eu peur : la parabole porte aussi sur le risque. Il est reproché à celui qui a enterré son talent de ne pas avoir osé prendre des risques pour le faire fructifier, par peur de son maître. C’est donc aussi une parabole sur le risque, au moins le risque raisonnable, comme dans la vertu de prudence. S’il avait perdu son talent en prenant des risques, il n’aurait sans doute pas été condamné de la même manière par son maître. Il en va de même aussi dans l’épisode du jeune homme riche, à qui Jésus ne reproche pas d’être riche, mais d’être trop attaché aux biens qu’il possède, au point de ne pouvoir imaginer d’y renoncer pour un bien plus grand. Il ne demande pourtant pas à tous de choisir la pauvreté, mais l’esprit de pauvreté, c’est-à-dire d’avoir un certain détachement par rapport aux biens que l’on possède et qui ne sont pas la valeur suprême.
Laborem exercens insiste sur cette mission donnée dès la Genèse de « dominer la terre » et de prolonger l’œuvre du Créateur
Il y a un devoir de valoriser la création en dominant sagement la terre. L’homme a ainsi le droit de se servir des ressources naturelles, mais aussi le devoir de ne pas détruire la planète en pensant aux autres et aux générations futures. Mais cela en n’oubliant jamais que l’homme est le couronnement de la Création, celle-ci ayant été créée pour lui, et donc pour qu’il s’en serve avec sagesse, au profit de tous. La planète a été donnée à l’homme comme à un intendant ; il a le droit de s’en servir et le devoir de la respecter. Le pape François a annoncé d’ailleurs la publication en 2015 d’une encyclique sociale sur ce thème de l’écologie. La propriété privée favorise cette valorisation de la planète, mais elle doit servir à tous, ainsi que l’exige le bien commun.
Ce qui est important, c’est de ne pas affaiblir l’un ou l’autre de ces éléments : propriété privée et destination universelle des biens, et de garder une position qui concilie vraiment les deux, en mettant la propriété privée au service de la destination universelle des biens. C’est possible, en insistant sur le bon usage, moralement licite, de la propriété privée, dans le but de prolonger l’œuvre du Créateur, à qui tout appartient et qui a tout confié aux hommes, à tous les hommes sans exception, pour qu’aucun n’en soit exclu. Jean-Paul II avait synthétisé tout cela dans le discours de Puebla, en disant que la propriété privée était « grevée d’une hypothèque sociale », ce qui veut dire qu’elle doit bénéficier à tous et contribuer ainsi au bien commun.
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Merci pour ces développements très éclairants. La tension entre la propriété privée et la destination universelle des biens est tout à la fois très profonde et très délicate de mise en oeuvre concrète. On pourrait parler par exemple de loi anti-trust, sujet à peine évoqué ici. La notion de mise en valeur se comprend bien pour un domaine agricole, pour la mise en valeur d'un brevet d'invention. on peut néanmoins s'interroger sur certaines "mises en valeur" uniquement financières. on parle, par exemple de fonds solidaires mais aussi de fonds vautour ( c'est proche du point évoqué par Sébastien, ci-dessous) ... Evidemment, si non acceptons que la loi de Dieu est "inscrite dans nos cœurs", nous trouverons des réponses à des situations nouvelles ( ex: quid de gains importants grâce aux Bitcoins?). Si chacun partage ses revenus chanceux ou besogneux, tout se clarifie mais quid d'une société ou l'argent et le patrimoine sont valorisés pour eux-même? Donner son argent à des nécessiteux, n'est-ce pas dilapider , ne pas faire fructifier son capital? On sent bien la limite du raisonnement... Il y aurait peut-être un autre paragraphe à faire à partir des réactions des papes face à la crise de 2008 où il est beaucoup question de sobriété nécessaire et d'accumulation injustifiée dans la simple volonté d'avoir plus...
Cher internaute Sébastien W. Je me permets de réagir à une conception de l'actionnariat et de la Bourse . C'est très justement que le pape s'est positionné à son époque. L'actionnariat a été inventé pour répondre à un besoin au besoin de collecter de l'argent pour aider la croissance de chaque entreprise ce qui est tout à fait intelligent, bénéfique indispensable et parfaitement honnête. Je dirais même "altruiste" pour le passé car bien souvent les actionnaires ont perdu leurs économies dans un projet industriel , avec en arrière plan le désir d'offrir la civilisation française et chrétienne aux peuples du monde. Les cas sont fort nombreux. Des exemples : le Canal du Panama, le Canal de Suez, les chemins de Fer de Russie, de nombreuses mines d'Afrique, tous nationalisés sans indemnité. Les français se sont souvent ruinés avec leur idée du rayonnement de la France dans les colonies et ailleurs. La Bourse sert simplement aux échanges. Aujourd'hui, il y a dévoiement de la Bourse et concentration de la richesses aux mains d'une minorité. Ce dévoiement est dû à de nouvelles règles par exemple l'achat ou la vente automatique selon des algorithmes qui permet d'engranger des gains énormes, par exemple les petits arrangements avec les hommes politiques au pouvoir . L'avènement de moyens de communication modernes et la mondialisation ont changé la donne. Les placements des fonds de pension et la nécessité de virer du cash tous les mois aux retraités ont rajouté. L'actionnariat est fait d'hommes et de femmes , et là c'est leur sens moral qui fera que l'actionnariat sera exercé pour le bien de tous ou pas. On peut être patron d'une multinationale et être très honnête, très bienveillant, très rigoureux aussi. J'en connais. Beaucoup de petits patrons ont beaucoup de mérite , spécialement en France où créer une entreprise mène souvent à une vie de fou ( travail 7 jours sur 7, salaire inférieur au SMIG, pas assez d'argent pour cotiser à une mutuelle ou à une caisse de retraite, terreur de voir sa voiture tomber en panne, terreur de perdre du temps avec le fisc, obligation de vendre ses biens propres pour bouffer et payer son loyer, etc ) . J'en connais au moins deux comme cela.
Je suis très aigri par ce que j'ai lu mais si je devais m'arrêter à une seule chose, ce serait la question de l'actionnariat.
Qu'a donc écrit Jean XXIII pour que l'auteur en fasse un fan du Marché et de la Bourse? L'auteur écrit que chez Jean XXIII "il y a l’idée qu’il serait juste que les salariés puissent devenir actionnaires des entreprises, notamment de celles dans lesquelles ils travaillent."
J'ai bien lu "notamment". Or, dans une optique chrétienne, je ne vois pas comment on peut justifier un autre type d'actionnariat que celui des employés-même de l'entreprise. L'auteur va-t-il aussi nous démontrer que les "alertes bénéfices" avec licenciements de masse sont conformes à la doctrine sociale de l'Eglise. Beurk !!!