Pourquoi le principe de subsidiarité est-il si important aujourd'hui ?
-
1.
Le principe de subsidiarité signifie que les choses doivent se passer au plus bas niveau possible. C’est un principe logique qui respecte l’homme et sa liberté. « La subsidiarité est une expression de l’inaliénable liberté humaine » (Benoît XVI). L’homme n’est pas un simple individu, mais un être social, donc une personne qui s’épanouit en lien avec d’autres personnes.
-
2.
Historiquement, l’oubli des corps intermédiaires a créé un débat vicié entre individualisme et collectivisme. Dès le XIXe siècle, l’enseignement social de l’Église a dénoncé cet oubli des corps intermédiaires.
-
3.
En 1931, Quadragesimo anno définit la subsidiarité comme « un principe essentiel » et « grave ». Il ne faut pas confondre la subsidiarité avec la seule décentralisation. La subsidiarité n’est pas non plus un principe de non-intervention, car, comme le disait saint Jean-Paul II, « la dimension sociale de l’homme ne s’épuise pas dans l’État ».
-
4.
Le principe de subsidiarité a été assez récemment reconnu publiquement, au niveau européen. Mais son application au niveau de l’Europe se fait aujourd’hui à contresens. L’Europe a mis en place une subsidiarité à l’envers. Il y a de nombreux dysfonctionnements dans l’application du principe de subsidiarité en Europe.
-
5.
En pratique, le principe de subsidiarité devrait s’appliquer aussi à l’intérieur de chaque institution, y compris les entreprises. Celles-ci ont découvert tardivement les bienfaits du principe de subsidiarité. L’Éducation nationale gagnerait beaucoup à renoncer à son monopole. La décentralisation n’est pas réelle tant qu’il n’y a pas d’autonomie réelle. De même, l’obligation de s’assurer n’implique pas que ce soit auprès d’une unique institution étatique. Plus largement, une autorité morale, souhaitable au niveau mondial, ne pourrait reposer que sur le principe de subsidiarité.
-
6.
La critique de l’État catalogue ceux qui contestent son poids excessif assez automatiquement comme des ultralibéraux, mais il faut sortir de cette fausse dialectique qui est une impasse. Il faut que l’État respecte l’autonomie de la société civile et dialogue avec elle. Sinon, on est pris entre les deux tentations que sont l’individualisme et l’assistanat.
-
7.
Au final, les résultats montrent que les pays les plus respectueux du principe de subsidiarité sont aussi les plus efficaces. On gagnerait beaucoup à s’ouvrir davantage au principe de subsidiarité, non seulement pour le respect de la dignité des personnes, mais aussi en efficacité.
Jean-Yves Naudet est professeur émérite d'économie à la Faculté de Droit et de Sciences politiques de l'Université d'Aix-Marseille. Il y dirige le Centre de Recherches en Éthique économique et des Affaires, ainsi que le Département d'Économie et la chaire Banque et Mutualisme. Par ailleurs, il enseigne la doctrine sociale de l'Église au séminaire Saint-Luc d'Aix en Provence et au séminaire Jean-Marie Vianney d'Ars. Il préside l'Association des Économistes catholiques, et il est vice-président de l'Association internationale pour l'Enseignement social chrétien. Il est également membre du Corps académique de l'Académie catholique de France.
- La Doctrine sociale de l'Église, une éthique économique pour notre temps, tome 1 Presses universitaires d'Aix-Marseille (PUAM), 2011.
- Propos d'éthique, PUAM, 2012
- La Subsidiarité, (collection du Centre d'Éthique économique), PUAM, 2014
- L'Ethique de l'entrepreneur, PUAM 2015
- La Doctrine sociale de l'Église, une éthique économique pour notre temps, tome 2, PUAM, 2015
- Les rythmes de la vie en société, (publication collective des économistes catholiques), PUAM, 2016,
Documents de référence
L'enseignement et la diffusion de la doctrine sociale font partie de la mission d'évangélisation de l'Église. (Jean-Paul II)
4
commentaires
postés
Je ne comprend aucune des deux interventions précédentes. Quant au principe de subsidiarité que ne comprend pas la première intervenante, il me semble assez simple de considérer que l'heure à laquelle vous décidez de descendre votre poubelle chaque matin est une décision qui, a priori, ne concerne que vous et qu'elle ne demande pas l'intervention de la commune. Il en est de même pour tous les autres sujets ! Bonne relecture, qui semble indispensable y compris au second intervenant.
La révolution française voulait détruire la religion Catholique représentée par le Roi, le Clergé et les Nobles. Après les avoir fait mourir par la guillotine et autres moyens funestes, les révolutionnaires se sont attaqués à toutes les organisations qui appliquaient les principes de l'Evangile, les corporations, les hôpitaux, l'enseignement... " Les sentiments religieux du passé ont disparu des lois et des institutions publiques et ainsi, peu à peu, les travailleurs isolés et sans défense se sont vu, avec le temps, livrer à la merci de maîtres inhumains et à la cupidité d'une concurrence effrénée. Une usure dévorante est venue accroître encore le mal..." http://w2.vatican.va/content/leo-xiii/fr/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_15051891_rerum-novarum.html La loi Le Chapelier Isaac en interdisant tout regroupement a définitivement empêché la reconstitution des corporations. Les corporations permettaient à tous de s'exprimer sur son travail, mais dans le respect du niveau supérieur jusqu'au Roi (principe ascendant). (Pourtant ce principe de subsidiarité a aussi été un essai de lutte contre le pouvoir royal : https://fr.wikipedia.org/wiki/Provinces_de_l%27Union ) Ainsi chacun était compris et responsable de sa tâche, si modeste soit-elle chaque tâche est importante. C'était déjà le principe de subsidiarité ou principe d'aide. Le travail de chacun a droit au respect. Par contre, il semblerait que l'avis au niveau le plus bas, ne soit demandé que subsidiairement, au sens d'accessoirement au niveau européen.
Je comprends parfaitement l'étonnement légitime de Madame Jacqueline Boisdron. Les fonctionnaires de toutes nationalités ont l'art d'embrouiller les choses simples par un jargon administratif barbare et souvent incompréhensible pour le "vulgum pecus" que je préfère dénommer "commun des mortels". Si on regarde le dictionnaire Larousse, connu de tous, "subsidiaire" signifie "supplémentaire, donné accessoirement pour venir à l'appui de quelquechose de principal". Pour "subsidiarité", le Larousse ne se donne même pas la peine de fournir une définition pour cette belle invention des technocrates destinée à embrouiller les honnêtes gens. En fait, en bon français, le mot "subsidiarité" n'existe pas, si ce n'est dans l'expression "principe de subsidiarité", qui "propose" ?, "recommande" ?, "impose" ? de déléguer verticalement (vers le bas) un pouvoir que le niveau inférieur est capable d'assumer. CHARABIA PRETENTIEUX, la chose n'étant pas en soi regrettable, au contraire !
Pourriez-vous expliquer cela plus simplement ? Je n'arrive pas à comprendre ce qu'est ce "principe de subsidiarité"....!!!!! Liberté de l'homme...? Par rapport à l'Etat ??? incompréhensible pour ma faible intelligence !