Qu’est-ce que le bien commun ?
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1.
Le bien commun est une notion complexe et ancienne. Jean XXIII le définit comme « l’ensemble des conditions sociales permettant à la personne d’atteindre mieux et plus facilement son plein épanouissement ». Vatican II apportera une définition plus complète en précisant qu’il s’agit de « l’ensemble des conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». Il ne faut pas confondre « le » bien commun (ce qui est bon pour tous et pour chacun) avec ce que l’on appelle « un » bien commun (un avantage dont bénéficie une collectivité, mais que nul ne peut s’approprier) et il faut aussi distinguer entre « bien commun » et « intérêt général ».
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2.
Le bien commun a pour but véritable l’épanouissement intégral des personnes et des groupes. Il doit donc viser leur développement matériel, moral et spirituel. Ce principe est vraiment au cœur de la doctrine sociale de l’Église et c’est même, d’une certaine façon, son premier principe.
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3.
Pour parvenir au bien commun, un certain nombre de conditions sociales sont requises, en rapport avec les principes de la doctrine sociale de l’Église : on doit favoriser la liberté responsable par l’éducation, le principe de subsidiarité, l’exercice de la solidarité assurant un revenu décent à chacun, et avoir le souci des générations futures. Enfin, le bien commun a aussi une dimension spirituelle fondamentale, comme le soulignait saint Thomas d’Aquin.
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4.
La question est de savoir qui est responsable du bien commun : on croit souvent que c’est l’État, mais, en réalité, nous en sommes tous responsables, à tous les niveaux de la société. Les derniers papes insistent sur le fait que l’affaiblissement des corps intermédiaires et de la famille rend beaucoup plus difficile la réalisation du bien commun, qui doit être recherché pour chaque famille comme pour chaque entreprise et pour chaque groupe humain. Les corps intermédiaires sont, en quelque sorte, deux fois dans le bien commun : en tant qu’objet et que condition. Le politique n’est, dans un pays, que le responsable ultime de ce qui permet le bien commun. Plus on a de pouvoir, plus on a de responsabilités, et cela est normal. Mais chacun a sa responsabilité, il faut insister là-dessus.
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5.
Il y a aussi un bien commun mondial, même si cette notion doit être bien comprise : la paix, le respect de la planète et de la nature, le commerce libre et équitable en font partie. La question est donc de savoir qui est en charge du bien commun universel. Cette notion d’une responsabilité politique à l’échelle planétaire n’a rien à voir avec un utopique gouvernement mondial. Les trois papes qui en ont parlé (Jean XXIII, Benoît XVI et François) insistent sur le fait que cette autorité mondiale doit être réglée par le droit pour favoriser le développement humain intégral. Benoît XVI avait donné une piste de réflexion en disant que cette autorité politique mondiale devait être, avant tout, une autorité morale.
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6.
Les réponses pratiques pour la recherche du bien commun ne sont pas forcément toujours faciles à trouver, car il s’agit de prendre en compte le bien commun de chacun. Il faut en général rechercher le bon et raisonnable équilibre entre les différentes solutions et les intérêts divergents.
Jean-Yves Naudet est professeur émérite d'économie à la Faculté de Droit et de Sciences politiques de l'Université d'Aix-Marseille. Il y dirige le Centre de Recherches en Éthique économique et des Affaires, ainsi que le Département d'Économie et la chaire Banque et Mutualisme. Par ailleurs, il enseigne la doctrine sociale de l'Église au séminaire Saint-Luc d'Aix en Provence et au séminaire Jean-Marie Vianney d'Ars. Il préside l'Association des Économistes catholiques, et il est vice-président de l'Association internationale pour l'Enseignement social chrétien. Il est également membre du Corps académique de l'Académie catholique de France.
- La Doctrine sociale de l'Église, une éthique économique pour notre temps, tome 1 Presses universitaires d'Aix-Marseille (PUAM), 2011.
- Propos d'éthique, PUAM, 2012
- La Subsidiarité, (collection du Centre d'Éthique économique), PUAM, 2014
- L'Ethique de l'entrepreneur, PUAM 2015
- La Doctrine sociale de l'Église, une éthique économique pour notre temps, tome 2, PUAM, 2015
- Les rythmes de la vie en société, (publication collective des économistes catholiques), PUAM, 2016,
Documents de référence
L'enseignement et la diffusion de la doctrine sociale font partie de la mission d'évangélisation de l'Église. (Jean-Paul II)
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commentaire
posté
Pourriez vous svp développer en quoi le commerce libre est une composante importante du bien commun ? Je ne vois pas le rapport avec le commerce.