Pacelli, l’ami des juifs
Accuser Pie XII d’avoir abandonné les juifs, c’est méconnaître complètement les nombreux liens personnels entre le pape et les juifs. Dans sa jeunesse, un des grands amis du futur pape était un juif, Guido Mendez : Pacelli et lui ont célébré le Shabbat ensemble, Mendez a appris l’hébreu au futur pape... Pie XII l’a ensuite aidé à se sauver en Palestine en 1938.
Au-delà de ces connexions personnelles, le cardinal Pacelli s’est activement impliqué pour la cause juive. Nonce apostolique en Allemagne de 1917 à 1929, d’abord à Munich puis à Berlin, il prononce ainsi 44 discours dont 40 dénoncent l’idéologie nazie. En 1917, il intervient pour protéger les juifs de Palestine contre les Turcs Ottomans ; et, à deux reprises, en 1917 et en 1925, il aide Nahum Sakolow, président de l’Organisation sioniste mondiale à rencontrer le pape Benoit XV et son secrétaire d’état pour promouvoir un foyer juif en Palestine.
Le concordat de 1933
En juillet 1933, il est l’acteur principal d’un concordat avec le Reich d’Hitler, pour sauvegarder un minimum d’institutions et de libertés en faveur des catholiques allemands, et pour donner une base juridique à d’éventuelles protestations. Il le signe malgré son dégoût pour le comportement inique du gouvernement allemand, qui fait pression en jetant en prison plus de quatre-vingt dix prêtres et en fermant neuf journaux catholiques. L’Eglise n’a jamais reconnu le régime nazi et continua de dénoncer les atrocités du national-socialisme dans les écoles catholiques.
Lettre, encycliques et message radios : la voix du pape contre les nazis
La stratégie du concordat n’empêcha jamais Pacelli, comme cardinal puis comme pape, de dénoncer l’idéologie nazie. En mars 1935, dans une lettre ouverte à l’évêque de Cologne, le cardinal Pacelli traite les nazis de “faux prophètes, orgueilleux tel Lucifer”. Toujours en 1935, devant des milliers de pèlerins à Lourdes, il fustige les idéologies “possédées par la superstition de la race et du sang”. Des centaines de documents attestant de l’opposition de Mgr Pacelli au nazisme peuvent être vus sur le site www.pavethewayfoundation.org
Il est ensuite Secrétaire d’Etat et, comme l’attestent les brouillons de sa main, travaille activement à l’écriture de la grande encyclique de condamnation du nazisme, Mit brennender Sorge, qui est diffusée en secret en Allemagne et lue par surprise, en allemand, le 14 mars 1937, dans toutes les églises du pays, où il n’existe déjà plus de liberté de la presse (cliquez ici pour des extraits). Durant son mandat, le Secrétaire d’Etat poursuivit sur sa lancée, et dénonça le régime allemand dans cinquante-cinq lettres officielles. Ribbentrop et Steengracht, respectivement ministre et sous-secrétaire aux affaires étrangères du IIIe Reich, déclarent à Nuremberg : « Nous avions des tiroirs pleins des protestations du Vatican. »
Devenu pape le 2 mars 1939, il est un des premiers à parler des "centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive," dans son Radio message de Noël 1942. Sa première encyclique en tant que Pape, « Summi pontificatus », de 1939, était si clairement anti-raciste que les avions alliés en larguèrent des milliers de copies sur l’Allemagne.
Pie XII, défenseur et sauveur des Juifs
Pie XII, en plus de dénoncer par la plume le régime nazi, s’est aussi impliqué auprès des victimes du régime hitlérien. Lorsque le 20 septembre 1943 les allemands qui avaient investi Rome 10 jours plus tôt exigèrent des juifs de la ville 50 kg d’or sous peine d’être déportés, la communauté juive ne pouvant en réunir que 35 kg, le grand Rabbin de Rome, Zolli, fit appel à Pie XII qui offrit sans hésitation de fondre les vases sacrés des paroisses de Rome. La communauté catholique fournit ainsi les 15 kilos d’or manquants.
Un mois plus tard, le 16 octobre 1943, le pape arrêta personnellement la déportation des juifs romains. En un jour, le Vatican parvint à cacher, nourrir et soutenir plus de sept mille juifs, malgré les fusils allemands sous ses fenêtres. La quasi-totalité des basiliques, églises, séminaires et couvents a hébergé et aidé les juifs. Mère Pascalina, la secrétaire de Pie XII, était chargé d’amener de la nourriture aux couvents qui cachaient les juifs de Rome, parfois dans des ordres clôturés, ce qui supposait, pour une religieuse, une sévère entorse aux règles de son ordre, et une dispense pontificale. En 1943, il y aurait eu près de trois mille cinq cent juifs logés à Castel Gandolfo et quatre cent d’enrôlés dans la Garde Pontificale, soit près de la moitié de la communauté juive de Rome. Pendant le procès Eichmann de 1961, le Pape a fait l'objet d'un jugement qu'il vaut la peine de relire, par Gideon Hausner, procureur général d'Etat à Jérusalem : « A Rome, le 16 octobre 1943, une grande rafle a été organisée dans le vieux quartier juif. Le clergé italien a participé à l'opération de sauvetage, les monastères ont ouvert leurs portes aux juifs, le Pape est intervenu personnellement en faveur des juifs arrêtés à Rome ».
Lorsqu’on a remis au cardinal Palazzani la médaille des "justes" pour avoir sauvé des juifs au séminaire romain, il affirma : « le mérite en revient entièrement à Pie XII qui a ordonné de faire tout ce qui était possible pour sauver des juifs de la persécution »
Un demi-million de juifs sauvés
L’action du pape n’a pas sauvé que les juifs romains. On sait par exemple qu’entre 1939 et 1945, des bateaux spéciaux étaient affrétés par le Vatican pour évacuer des juifs deux fois par an, vers la République Dominicaine, le Canada, le Mexique et Cuba. Comme de nombreuses nations, comme le Brésil, n’acceptaient pas les juifs, il leur était fournis à Rome de faux certificats de baptême. Le Pape lui-même stoppa la déportation de dizaine de milliers de Hongrois quand il en appela au Régent de Hongrie, l’amiral Horthy.
Il est reconnu que l’action de l’Eglise a sauvé plus d’un demi-million de juifs et Pie XII a toujours encouragé cela. Il a, à lui seul, sauvé plus de juifs que tous les autres leaders religieux du monde réunis. Et après la guerre, c’est le même Pie XII qui, en novembre 1947 encouragea à l’ONU les pays catholiques à voter la résolution 181, qui créait en Palestine l’état d’Israël.
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commentaires
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Pie XII a été exemplaire pour sauver le plus de juifs possibles pendant cette époque effroyable. J'avais eu écho d'autres témoignages à ce sujet, mais pas aussi précis que ceux de Gary Krupp. C'est super d'avoir rétablir ces vérités. Concernant la reconnaissance de Pie XII Juste parmi les nations, ce serait une très bonne nouvelle... Ne serait que pour alimenter le dialogue entre Juifs et chrétiens...Laissons le temps du discernement à la communauté juive ... Il me semble que ces témoignages doivent être beaucoup plus diffusés, ceci pour faire connaître à un large public ce qui s'est réellement passé sous PIe XII. Merci encore à Gary Krupp pour ces écrits.
J'estime que la meilleure action à effectuer pour réhabiliter Pie XII dans l'opinion publique, est de le faire reconnaître Juste parmi les nations. La balle est du côté de l'état d'Israël.
Merci pour ce témoignage très enrichissant. Le Pape Pie XII fut vraiment un homme de paix et de compassion, n'en déplaise à ses détracteurs. La vérité finit par triompher.
J'ai 92 ans . Pendant l' occupation allemande , on savait que le pape demandait aux communautés religieuses italiennes de cacher des familles et des enfants juifs . On savait aussi qu'ils devaient le faire en cachette , bien sûre . On disait aussi qu'il en a cachés au Vatican... Et qu'il ne pouvait pas le clamer , sous peine de représailles mortelles .
Évidemment, qu'il ne peut y avoir de commentaire contre puisque les sources sont fiables et incontestables. Si c'était l'antithèse de cette publication qui avait été faites, soyez sûr que vous auriez vous pleins de commentaire à l'appui, en renchérissement de ce qui aurait été affirmé dans ladite publication. Ayons le courage de reconnaitre qu'il nous arrive d'avoir tort. Dieu bénisse tous ceux qui militent pour la vérité qui doit être dite quoi qu'il nous en coûte et particulièrement au sujet de son église.
Comme pour le génocide vendéen, le génocide arménien, la vérité commence à se faire jour, même si l\'intelligentsia internationale fait tout pour discréditer ce pape. Mais il est de bon ton, depuis des années de vomir l\'Eglise et de tout faire pour lui nuire. Il ne faut pas se demander Qui est à la manœuvre.
Excellent dossier à diffuser le plus largement possible.
malheureusement la plupart des Français baptisés mais non pratiquants ont un mépris pour PIE XII (dans ma famille proche)pour ceux là PIE XII n'aurait rien fait pour les Juifs, j'ai beau leur expliquer , comme ce que je viens de lire, ils restent sur leurs positions.