En lisant la première épître de saint Jean ou les lettres de saint Ignace d'Antioche, il apparaît que certains chrétiens tendaient à minimiser le réalisme de l'Incarnation. Ce serait la première « hérésie », mot d'origine grecque qui signifie « choix ». L'hérésie choisit dans la Révélation ce qui lui convient, alors que la vérité « catholique » accepte le tout, comme son nom l'indique. Au 2ème siècle, saint Irénée publie son Adversus haereses, Contre les hérésies. Vu la situation de l'Eglise sous l'empire romain, ce n'était pas encore le temps de réunir des conciles œcuméniques.
Ceux-ci commencèrent avec le concile de Nicée en 325 : le Christ Jésus mérite-t-il vraiment le nom de « Dieu » ? Est-il bien égal au Père ? Ne fait-il qu'un avec lui, lui est-il « consubstantiel » ? Arius ne voulait pas aller jusque-là, obéissant aux schémas philosophiques de son temps. A un moment, il faut trancher, pour que la foi ne s'édulcore pas.
Les dogmes, au sens canonique de l'expression, n'interviennent qu'en cas de conflit interne à la chrétienté. Ainsi en fut-il au concile de Trente : les affirmations protestantes sur la grâce, l'eucharistie, le sacerdoce rendent-elles compte pleinement de la Révélation, telle qu'elle s'énonce dans l'Écriture et telle que l'Eglise la reçoit depuis les origines ?
A une époque plus récente, il fallut régler la question de savoir si le successeur de Pierre, en vertu de la mission toute spéciale que le Christ lui a donnée, pouvait exprimer la foi de l'Eglise infailliblement. Ainsi en décida le premier concile du Vatican (1870). Le pape Pie IX avait déjà exercé ce pouvoir en 1854 en promulguant la reconnaissance de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Il ne l'avait fait qu'après avoir consulté tous les évêques, les universités catholiques, les supérieurs des grands ordres religieux. Depuis, seul le pape Pie XII usa de ce pouvoir en proclamant l'Assomption de la Vierge, conséquence directe du dogme de 1854.
L'Eglise catholique est plutôt avare de dogmes. Par exemple, les messages des apparitions mariales n'ont jamais fait l'objet de dogmes, même si les apparitions elles-mêmes sont reconnues comme authentiques : elles restent des révélations « privées ». Le cas le plus clair est celui de Lourdes. Selon les termes du Catéchisme cités plus haut, ni le fait des apparitions, ni la parole de la Vierge - « Je suis l'Immaculée Conception » - n'obligent un catholique à une « adhésion irrévocable de foi ».
De même, certains catholiques souhaiteraient que Marie soit reconnue comme « co-rédemptrice ». Jusqu'ici, les papes n'ont pas jugé souhaitable, ou même possible, de donner valeur dogmatique à cette appellation qui, par ailleurs, est parfaitement juste, si elle est bien comprise. Le terme, employé isolément, mettrait la Vierge au même plan que le Christ.
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