La foi suppose-t-elle un saut dans l’irrationnel ?
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1.
L’expérience de la foi est une expérience de vérité, mais c’est une vérité qui nous dépasse infiniment. Le passage à la foi suppose donc rationnellement le saut dans un ordre différent de connaissance et d’expérience. La foi est simultanément l’acceptation d’un message et un acte de confiance dans une Personne : il faut que Dieu se révèle pour que nous Le connaissions, et cela crée une relation entre personnes radicalement inégales.
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2.
La croyance et la foi sont deux réalités différentes. Les croyances sont essentielles à notre vie en général. Mais dans le cas de la foi Celui qu’on croit est Dieu, dans Sa révélation ; et cela conduit à croire en Lui comme on croit en une Personne, bien plus fermement qu’en une simple croyance ou même connaissance. La foi est dès lors une vertu et un acte de la volonté.
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3.
La foi étant à la fois une rencontre et un message objectif, elle est une source de connaissance qui peut être légitimement explicitée par des mots et des concepts. Il y a dès lors deux ordres de connaissance légitimes : par la raison seule, et par la foi. Cette conception est spécifiquement chrétienne : les religions d’Asie notamment ont une autre idée de la connaissance, de l’expérience et de la vérité.
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4.
Foi et raison ayant leur fondement dans la vérité ne sont jamais contradictoires. Mais la raison laissée à elle-même tend à se détruire, comme on le voit aujourd’hui. La foi chrétienne en revanche soutient la raison. Il faut donc choisir : ou le doublet relativisme - scepticisme, ou la foi et la raison ensemble.
Né en 1949, Polytechnicien, Pierre de Lauzun est actuellement Délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers - AMAFI, qui regroupe les professionnels et entreprises de la Bourse et de la Finance. Il a fait sa carrière dans la banque et la finance et mène une réflexion personnelle sur des sujets philosophiques, économiques, politiques ou religieux. Il est membre de l'Académie catholique de France.
- Le Ciel et la Forêt. Tome I: Au-delà du pluralisme ; Tome II: Le christianisme et les autres religions (Dominique Martin Morin, 2000)
- Chrétienté et Démocratie (Pierre Téqui, 2003)
- L’Evangile, le Chrétien et l’Argent (Editions du Cerf, 2004)
- Les Nations et leur Destin (F.-X. de Guibert, 2005)
- Temps, Histoire, Eternité (Parole et Silence, 2006)
- Christianisme et Croissance Economique (Parole et Silence, 2008)
- L’économie et le Christianisme (F.-X. de Guibert, 2010)
- L’Avenir de la Démocratie (F.-X. de Guibert, 2011)
- Finance : Un regard chrétien (Embrasure, 2013)
- La finance peut-elle être au service de l’homme ? DDB Desclée de Brouwer 2015
- Philosophie de la foi Arjalas Editions 2015.
- Guide de survie dans un monde instable, hétérogène, non régulé, TerraMare 2017
- L’euro : vers la fin de la monnaie unique ? TerraMare 2017
http://www.pierredelauzun.com/
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commentaires
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La foi : un saut dans l'irrationnel, oui, cela s'entend, mais pas seulement, car tous ces "signes" dans la vie de tous les jours sont autant de confrontations à la vie réelle ... L'irrationnel et le rationnel se côtoient continuellement, et même s'entrelacent dans une même action ! Observez les coïncidences qui jalonnent votre vie, et vous sentirez que tout est connecté au tout, que rien n'échappe à la perfection aux multiples dimensions et directions de son œuvre... Je le vois très souvent en ce qui me concerne. L'irrationnel est comme "la beauté", il est là pour nous enchanter ! Là où l'amour guide vos pas, tout prend une configuration "surnaturel", et la moindre des choses qui pour les autres pourraient être insignifiantes peut prendre un relief inattendu, et oh combien sublime ... Comme ces rêves prémonitoires qui "deviennent" réalité ... Et qui vous font poser la question suivante : Comment est-ce possible ?
Cher Monsieur et ami, Mille fois oui, et merci pour ces réflexions qui aident à penser ! Je vois d’ici l’objection que pourrait présenter une mentalité teintée de laïcisme. « Comme catholique, vous avez la foi en Dieu, c’est très bien pour vous. Mais vous ne connaissez ni toutes les implications doctrinales de votre foi (le corpus de l’enseignement de l’Église est vaste), ni ce que votre raison pourra vous suggérer demain et après-demain. Comment allez-vous résoudre des contradictions que vous ne connaissez pas à l’avance ? Ou affirmez-vous qu’il n’y aura jamais de contradiction et que tout est toujours rose ici bas, au royaume des fidèles ? Donc : « Ou vous vous fiez à votre religion (mais pourquoi à celle-ci plutôt qu’à une autre ?) que vous avez décidé de suivre une fois pour toutes ou par habitude, ou par tradition familiale (une traduction triviale de ce principe d’action pourrait être : penser c’est déjà commencer à désobéir, ce qu’ on disait autrefois dans certaines casernes…) et ce n’est pas une ode à la gloire de la créature raisonnable de Dieu que vous prétendez être. « Ou bien vous faites confiance à votre raison et en suivrez les méandres, et vous jugez au fur et à mesure en discutant les arguments au moyen de vos critères, et le choc ne tardera guère à apparaître entre vos positions et les enseignements de l’Église, ne serait-ce que sur des questions d’actualité. « En présentant la foi et la raison comme s’embrassant toujours, n’avez-vous donc pas abdiqué de votre raison au profit d’un système de pensée qui vous assurerait un état d’esprit confortable ? » Il me semble, et je le soumets à votre critique, que plusieurs arguments nous seraient favorables. 1- Le corpus catholique est immense : qui pourrait prétendre en avoir fait le tour ? Il est donc probable que certaines implications doctrinales non seulement ne « cadreront » pas toujours avec les pensées ou réflexions des fidèles mais aussi heurtera nombre d’entre eux. 2- Cependant le chrétien aura eu deux types d’expérience : - la connaissance par sa raison a) des Évangiles et b) de la Tradition (qui par exemple a désigné les Évangiles et fait la distinction entre eux et les apocryphes) ; - la connaissance à travers une expérience sensible (la grâce passant a) par les Évangiles b) par les enseignements de l’Église et c) à travers la Présence réelle du Christ reçu au cours de la messe dans la Communion). Ces moyens donnent au catholique une connaissance suffisante de la foi, en particulier de la cohérence extraordinaire de tous les points de l’enseignement catholique entre eux, de telle sorte qu’il y a une sorte de mariage entre l’Église et les fidèles, et que chacun de ceux-ci dépose en elle une profonde confiance qui se solidifie de plus en plus au long de sa vie (d’ailleurs ne sommes-nous pas tous des membres de l’Église dont le Christ est la tête ?). Le catholique n’est donc pas un idiot utile qui a réfléchi une fois pour toutes et aura abdiqué de sa raison. C’est un être raisonnable qui fait usage de sa raison et approfondit sa foi et sa connaissance de l’homme et de la Création dans la mesure où il les appréhende, ce qui l’aide dans sa connaissance de Dieu. Le catholique connaît donc ce dont il parle et sa confiance est le fruit de la foi, donnée gratuitement par Dieu, ainsi que des autres grâces reçues, et aussi de sa réflexion (de façon analogue à ce que dit Notre Seigneur Jésus-Christ en finissant son dialogue avec la Samaritaine : « Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons (…) ». La formule « penser c’est déjà commencer à désobéir » peut donc s’appliquer à de nombreuses croyances mais s’il y a une religion à laquelle elle ne correspond en rien, c’est bien la religion catholique. 3- Le fidèle ayant éprouvé la vérité, la bonté et la beauté de l’enseignement comme de l’Histoire de l’Église sait qu’il peut compter sur la grâce pour comprendre dans le futur ce qu’il pourrait ne pas comprendre dans le corpus doctrinal catholique qu’il ne connaît pas encore, et que, si un jour il se sent heurté par quelque vérité, au lieu de se révolter il mettra une pierre blanche sur ce qui le gêne et gardera la question dans un coin de l’esprit ; et il sait d’avance que Dieu lui donnera tôt ou tard la réponse. 4- En mettant sa confiance dans sa propre raison sans la foi l’homme est justement sujet aux méandres de la complication et de l'erreur, issues du péché originel ; depuis ce dernier l’homme étant sujet à l’erreur, il avait besoin de qui serait maître de la foi et de la morale. Dans l’Ancien Testament c’est la religion des Juifs, avec l’adoration dans le Temple, et depuis la venue du Christ c’est l’Église catholique. Pourquoi l'Église catholique et non une autre religion ? D'abord parce que c'est la seule qui a été fondée par Dieu Lui-même. Ensuite c'est la seule qui affirme d'elle-même qu'elle est la seule religion de l'unique vrai Dieu. Cela se suffit à soi-même... Merci encore. Bien à vous.
Bonsoir, Votre exposé sur les moyens de parvenir à Dieu sont très réfléchis et magnifiques. Je dois cependant vous dire que ce commentaire s'adresse à de grandes intelligences. Pour moi c'est un peu compliquée à lire cependant je partage votre exposé. On demande dans le petit carré orange de réagir. Alors toute petite j'ose vous dire qu'il faudrait donner des commentaires écrits plus simples (pour les personnes moins érudites) Pour moi c'est un point de vue mais ce n'est que le mien.Je crois que la Foi s'obtient par la tranquillité, le calme, et le repos, Pour ma part j'ai du mal à obtenir ces temps de repos étant un peu dans le tourbillon de ce siècle malgré mes 68 années Pourtant je pense sincèrement que le Seigneur donne le don la Foi dans la quiétude où tout simplement dans son écoute.. Le Seigneur nous aime nous sommes si précieux à ses yeux, Il est là agissant même dans les souffrances de cette vie si fragile. Au cœur des guerres Il hausse l'homme au rang de rédempteur pour ses frères à son image. IL est plein d'amour pour son peuple et nous ne comprenons pas. Tour cela vous le commentez avec brio et je vous en remercie. Mais adressez vous aussi aux plus petits en leur donnant les mêmes moyens avec des phrases différentes. Merci et pardon peut-être de vous faire un peu de peine par ma réaction et de trop écrire ce que vous savez déjà .
Il est possible est vrai que notre foi nous recommande d'être multi conformiste dans l'amour du Christ en conformité avec la Sainte Trinité dans l'avancement et l'entêtement des sollicitées des Saints dans la compréhension de Dieu