L'Église doit-elle se mêler de politique ?
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1.
Les rapports entre Église et politique, en France, sont en partie régis par le principe constitutionnel de la laïcité, dont les piliers sont la liberté de croyance et d’exercice du culte, et l’autonomie réciproque des Églises et de l’État.
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2.
La pleine application de la laïcité ne demande pas le recul des religions de l’espace public : affirmer cela, c’est confondre laïcité et sécularisation. La loi de 1905 ne dit pas qu’Église et République n’ont rien à se dire.
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3.
Le christianisme ne peut pas se désintéresser de l’humanité. L’encyclique Laudato Si du pape François en est une preuve récente et éclatante. L’histoire, depuis la Résurrection du Christ, a comme sens de préparer dès maintenant dans l’humanité le Royaume qui n’est pas de ce monde. L’engagement du chrétien dans l’histoire, dans la politique est absolument nécessaire (cf. Emmanuel Mounier).
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4.
L’Église défend certaines grandes options ultimes : elle peut et doit participer au débat dans la sphère publique au même titre que d’autres religions et d’autres philosophies. Mais cette intervention légitime pervertit son sens dès lors qu’elle se transporte sur le terrain du combat politique pour ou contre le pouvoir, ce qui est l’affaire des partis en démocratie.
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5.
L’Église suscite toujours des polémiques quand elle prend des attitudes par lesquelles elle semble vouloir revenir en arrière, avant la République, avant la séparation des Églises et de l’État. S’exprime ainsi un malaise historique, notamment lié à de mauvais souvenirs des siècles du gallicanisme.
Guy Coq est agrégé de philosophie, membre de la rédaction de la revue Esprit. Il est membre de l'OFC (Observatoire Foi et Culture), lié à la CEF (Conférence des évêques de France), administrateur de Confrontation (association d'intellectuels chrétiens). Il a été quinze ans président de l'Association des amis d'Emmanuel Mounier dont il est maintenant président d'honneur. Il a été Professeur associé à L'IUFM de Versailles (formation des professeurs de philosophie). Auteur d'une dizaine d'ouvrages portant sur la philosophie de l'éducation, la critique des politiques éducatives, la laïcité, la foi chrétienne, aujourd'hui christianisme et société, l'actualité d'Emmanuel Mounier.
Il est auteur entre autres de
La démocratie rend-elle l'éducation impossible ?, Parole et Silence, 1999.
La laïcité, principe universel, Le Félin, 2005.
Il a récemment publié un ouvrage collectif intitulé Dieu est Dieu. Quête de l'Humanité commune, Le Cerf, 2015, en collaboration avec Mgr Claude Dagens et Emmanuel Falque.
Documents de référence
« La politique est la forme la plus haute de la charité, car elle cherche le bien commun »
(Pape François)
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Pierre Dohet
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commentaires
postés
Bonjour, L'idée que les Eglises interviennent dans le débat public me choque. Un chrétien peut vivre en disciple de Jésus sans prendre parti dans les questions sociales, au risque d'être incompris par certains. L'affirmation de l'apôtre Paul rappelant que les membres de l'Eglise sont citoyens du Royaume de Dieu exclut à mon avis strictement personnel le rattachement aux activités politiques. L'une des raisons qu'il est possible d'invoquer est que l'engagement du Chrétien peut se transformer en un facteur de division. Les Eglises intégrées au sein du débat publiques me semblent sortir de leur strict rôle qui reste la prédication de l'Evangile. Par contre que tel(le) ou tel(le) personne se sente intérieurement plus ou moins proche d'un idéal à connotation politique relève du domaine privé tout comme la participation ou la non participation aux consultations électorales.
Silas de Corinthe, tu m as interpelee. Je suis dons allee lire la vie et l oeuvre de cet Emile Combes qui tu cites. En effet, je vois comme vous l influence des idees de cette personne, et de son groupe d'appartenance, sur la definition de la laicite en Europe. Les liens troubles qu ils entretiennent depuis toujours avec l Eglise et avec la politique en France a pour fruits l'incitation du peuple moderne a s exclure de la transmission de la Foi Catholique, du kerygme et de ses dogmes... Helas, cela fonctionne plutôt bien depuis 1905. Toutefois, l article de M Guy Coq ne parle pas de Foi , de vie spirituelle et d'humble Imitation de Jesus Christ, il parle philosophiquement d'un sujet social. Le ton surprend alors car ce discours pourrait, avec quelques modifications lexicales,, etre entendu dans toute assemblee athée ou déïste, meme franc maçonne. Et cette ambiguité derange. Quelle saint, quel sainte du dieu de Jesus Christ aurait-t-il utilisé les tribunes politiques pour ramener vers Dieu des brebis perdues? Comme le dit tres bien M Coq, l'Eprit Saint guide epure le monde interieur de chaque personne, mais rarement (sinon par la bouche de prophetes, comme a Ninive) un peuple entier. En cela, il est important de semer la Parole partout, sans toutefois rejoindre le monde politique qui est un monde de pouvoir. La question est de savoir si l Esprit Saint a besoin d'une delegation politique pour parler a nos ames et conscience ou si , comme par le renouveau des praticants traditionnels , il agit deja tout seul, directement, d'homme a homme (si on peut dire), brebis perdue par brebis perdue, en laissant les 99 autres en confiance sous la bienveillance de Dieu. La parole politique, elle, touche principalement les 99 rassemblées. Qu'en pensez vous, M Silas de Corinthe?
M. Coq avec tout le respect que j'ai pour votre personne, je ne suis absolument pas d'accord sur votre idée de la France républicaine. Je suis pour une France Catholique (depuis Clovis Roi des Francs) et non républicaine avec pour grand dogme une laïcité poussant au relativisme et à la sécularisation. La République est issue des loges maçonniques de la Révolution, ce système n'est pas démocratique, encore moins Chrétien Catholique. Bref, bardé de diplômes vous êtes beaucoup d'expérience vous faite valoir, mais êtes vous chrétien Catholique vous qui soutenez la cause de ceux qui poussent à l'athéisme ?