Le premier et le plus fondamental de tous les devoirs est un devoir de communion avec l’Église
Sans énumérer tous les droits et devoirs fondamentaux, j’en soulignerai quelques-uns, particulièrement importants à mes yeux. Par exemple, le premier d’entre eux, qui est un devoir charnière, le devoir de communion. « Les fidèles sont liés par l’obligation de garder toujours, même dans leur manière d’agir, la communion avec l’Église » (canon 209 § 1). C’est une communion de foi, et de hiérarchie, de gouvernement. Tout ce qui se ferait en dehors de la communion est à bannir. Nous avons là un critère incontournable d’une action vraiment ecclésiale.
Il existe un droit et un devoir de se sanctifier et de contribuer à la sanctification de l’Église
Tous les fidèles doivent, « chacun selon sa condition propre, s’efforcer de mener une vie sainte et de promouvoir la croissance et la sanctification continuelle de l’Église » (canon 210). C’est évidemment un devoir plus moral que juridique, mais c’est un devoir qui entraîne des droits, notamment le droit aux moyens de sanctification.
L’apostolat ne nécessite pas un mandat particulier : c’est un droit et un devoir de tous
Par ailleurs, le devoir de contribuer à la sanctification de l’Église inclut le droit-devoir de faire de l’apostolat, autrement dit d’évangéliser : « Tous les fidèles ont le droit et le devoir de travailler à ce que le message divin du salut atteigne sans cesse davantage tous les hommes de tous les temps et de tout l’univers » (canon 211). C’est un devoir et un droit qui ne doit être entravé par personne. L’apostolat ne nécessite pas un mandat particulier de l’autorité ecclésiastique : chacun est tenu en vertu de sa condition de baptisé de faire de l’apostolat là où il vit, selon ses possibilités, ses moyens, dans son milieu familial, professionnel, etc. Chacun doit être témoin du Christ, témoin de l’Évangile, par nature et par devoir. On ne peut que se féliciter de voir des chrétiens réunir des amis pour leur transmettre la foi, et de travailler ainsi à l’évangélisation.
Les fidèles possèdent aussi le droit-devoir de donner leur opinion sur ce qui touche au bien de l’Église
Si les fidèles ont le devoir « d’adhérer par obéissance chrétienne à ce que les Pasteurs sacrés, comme représentants du Christ, déclarent en tant que maîtres de la foi ou décident en tant que chefs de l’Église » (canon 212), il n’en reste pas moins qu’ils ont aussi « la liberté de faire connaître aux Pasteurs de l’Église leurs besoins surtout spirituels, ainsi que leurs souhaits ». Par exemple leur désir de voir organisées la récitation du Chapelet, l’adoration du Saint-Sacrement, etc.
Le Code précise même que, « selon le savoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent, ils ont le droit et même parfois le devoir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l’Église et de la faire connaître aux autres fidèles, restant sauve l’intégrité de la foi et des mœurs et la révérence due aux pasteurs, et en tenant compte de l’utilité commune de la dignité des personnes ».
Tout en respectant les pasteurs, chaque fidèle est donc tenu de donner son avis sur les choses de sa compétence, par exemple les questions financières. Il va de soi que ces interventions doivent se situer dans le cadre de la communion. Elles ne sauraient, de ce fait, être comprises comme portant atteinte à l’autorité ecclésiastique, mais comme une contribution positive au bien de la communauté ecclésiale.
Le droit aux biens spirituels nécessaires pour marcher vers une sainteté pleine et entière
Les fidèles ont le droit de recevoir l’aide des biens spirituels de l’Église. Ceci est particulièrement important pour qu’ils puissent effectivement se sanctifier et évangéliser. Il est question de l’accès à la Parole de Dieu et aux sacrements (cf. canon 213). Cela a des conséquences sur la vie ecclésiale. Il est très important que les fidèles puissent recevoir les biens spirituels « abondamment », selon le mot du Concile. Certes, le mot n’a pas été repris dans le Code, mais on imagine mal une sainteté au rabais : il faut viser une vraie sainteté, c’est pourquoi les fidèles ont « le droit » de disposer de biens spirituels, pourvu qu’ils soient correctement préparés et qu’ils ne les demandent pas de façon intempestive. Cela implique, par exemple, le devoir pour les autorités ecclésiales de prévoir des horaires de messe compatibles avec les besoins des fidèles et non en fonction des contraintes du prêtre ; d’avoir des églises ouvertes, des confessions prévues, une pastorale sacramentelle organisée, et parfois, de créer des structures pastorales nouvelles, comme l’Ordinariat pour les Anglicans, les prélatures personnelles, ou d’autres créations ad hoc comme l’administration apostolique Campos pour les Lefévristes du Brésil, les structures pour les Orientaux en territoires latins, les dispositifs pour la Pastorale des migrants, l’Ordinariat aux armées, etc.
Le droit canonique précise que chacun a le droit d’avoir sa vie spirituelle propre et sa spiritualité propre
Il prône le respect des différentes spiritualités, selon leur rite propre et la forme de vie spirituelle propre, conforme à la foi de l’Église. Le pape Benoît XVI est allé en ce sens en autorisant la forme extraordinaire du rite romain et en demandant aux autorités locales de l’accepter volontiers.
Le droit d’association est également reconnu de façon très libre
Sous le régime du Code de 1917, toutes les associations dans l’Église étaient érigées par l’autorité ecclésiastique. Désormais, « les fidèles ont la liberté de fonder et de diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins » (canon 215). Ce droit a été reconnu aussi par le Concile aux prêtres, non sans débats. Ils peuvent fonder eux aussi des associations, étant donné que ce droit d’association est un droit de tout baptisé.
Beaucoup de droits et de devoirs donc, mais en pratique peu de voies de droit pour les faire respecter
Le canon 221 précise qu’il appartient aux fidèles de revendiquer légitimement ces droits et de les défendre devant le tribunal ecclésiastique compétent selon le droit. En réalité, faute d’un véritable droit administratif dans l’Église, les moyens de défense des droits restent très limités. Rares seront les fidèles qui oseront engager une procédure auprès d’un dicastère de la Curie romaine. Ils pourront s’y faire entendre comme dans le cas d’un évêque américain qui avait refusé la confirmation d’un enfant de 12 ans prétextant que le sacrement n’était administré dans son diocèse qu’à l’âge de 16 ans. La Congrégation pour le culte divin lui a enjoint d’administrer la confirmation au plus tôt à l’enfant compte tenu du droit fondamental de l’enfant à la recevoir et de ce que le droit universel prime sur le droit particulier.
Nous n’avons pas traité des normes relatives aux obligations et aux droits plus spécifiques des fidèles laïcs (canons 224-231). Mais le lecteur aura peut-être envie désormais de s’y reporter, ne serait-ce que pour s’informer, toujours dans un souci de communion et en sachant que, comme le dernier canon du Code l’affirme : « le salut des âmes […] doit toujours être dans l’Église la loi suprême ».
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commentaires
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Tout cela est bel et bon et je le partage. Néanmoins, je pense qu'il serait souhaitable que dans la formation de nos futurs prêtres ce rôle d'apostolat et d'assistance de la part des laïcs soit enseigné. Certaines de ces tâches plus spécifiques exigent à mon sens à la fois une formation théologique, voire canonique, pour le laïc. Je pense notamment à la liturgie souvent galvaudée et qui provoque je dirais une souffrance de la part de ceux, âgés, qui ont connu les belles liturgies d'autrefois qui n'avaient rien à envier de la part de nos Frères orthodoxes. Le Pape Paul VI avait rétabli les ordres mineurs en conservant le lectorat et l'acolytat. Chez nous, c'est passé sous silence. Notre clergé n'en veut pas mais n'hésite pas à user de la compétence des quelques laïcs possédant cette formation, voire à en abuser. J'en sais quelque chose. S'il n'est pas nécessaire "d'avoir un mandat particulier de la hiérarchie", il est tout de même souhaitable que ces services soient reconnus dans l'intérêt de la communauté et de plus ces ministres extraordinaires ont l'avantage par leur formation d'être éventuellement des auxiliaires précieux pour la catéchèse. J'ai eu l'occasion d'interroger deux prêtres et un évêque à ce sujet. Je ne donnerais que la réponse des deux prêtres, curés de paroisse : "Vous comprenez, si j' ai des ministres extraordinaires institués, ils vont tout le temps se mêler de mes affaires!". Ce sont pourtant deux prêtres d'âges très différents ! Ils ne sont pas les seuls à penser de même. Alors n'y-a-t-il pas là aussi matière à réflexion avant de rappeler leurs devoirs aux laïcs ?
Il y a longtemps que je dis, et je l\'ai écrit à l\'évêque, que nous devons évangéliser les musulmans dans les rues et sur les marchés nous les laïcs, mais aussi les prêtres bien évidemment. Bien entendu je n\'ai reçu aucune réponse de l\'évêque comme je m\'y attendais. Nous savons que de nombreux prêtres ont refusé le baptême à des musulmans(nes) qui le demandaient se plaçant ainsi en totale opposition avec le commandement de Jésus disant: \"Allez-donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit...\" (Matt 28.19). Le bla bla de leur prêche ne sert à rien si l\'action ne suit pas. Encore Jésus: \"La parole n\'ai que du vent si l\'action ne vient pas lui donner sa force\" (Valtorta) Claude Lacan Montauban
MERCI Marcel pour ce témoignage, cette critique... que je partage... MAIS pourquoi dites-vous : je suis athée ? Selon Chateaubriand : c'est une méchante manière de raisonner que de rejeter ce qu'on ne peut comprendre. L'athéisme dresse contre Dieu un procès-verbal de carence d'après Victor Hugo. CELA NE VOUS CONCERNE PAS ! Selon moi, Dieu ne fait-il pas partie du quotidien ? Jésus, Fils de Marie, ne pouvait pas proclamer : JE SUIS DIEU ! Qui l'aurait cru ? Les gens l'auraient pris pour un fou, un illuminé, un possédé, un malade... Pourtant, ses paroles et ses actes ne nous conduisent-ils pas, aujourd'hui encore, vers LUI ? Ce Dieu-Homme, vivant à notre niveau, est à présent en chacun de nous ; en vous aussi : LE CROYEZ-VOUS ? Ne nous taisons pas sur ce qui fait l'élan de notre vie et n'ayons pas peur d'aller à contre-courant... SOYONS AUDACIEUX ET FORTS DE NOTRE FOI, ESPERONS ET AIMONS COMME IL NOUS LE DEMANDE. Bonnes recherche... et rencontre surtout. Cordialement : Louis http://saintetiennedetinee.com/janvier2009.htm
Désormais, « les fidèles ont la liberté de fonder et de diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins ! n'avez vous pas que ce droit est fourvoyer par des pseudos association, qui utilise la chrétienté à d'autres fins ? comme le fait de suivre un chemin dangereux de dhimmitude à l'égard de gens qui ne pensent qu'a détruire l'église, qu'il s'agisse de la religion mahométane, ou de certain hommes politique qui ne cesse de vouloir " bouffer du curé" comme ils savent si bien le dire ! regardez donc comment on occulte le fait religieux dans l'histoire de France !
je suis athée, ce qui est mon droit, mais j'ai un profond respect pour la chrétienté et la religion catholique en particulier, qui a façonné, formé et construit la France ! j'ai parfois honte d'elle aussi quand je vois l'abandon de cette église dans nos campagnes! il fut un temps, pas si lointain ou l'église avait encore de la présence et une parole sacré pour nos peuples! il y a certaines parole qui me choquent profondément comme celle de monseigneur XXIII a l'égard des mahométans !
avec tous le respect que je vous dois.
marcel.