Comment expliquer la violence dans la Bible ?
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1.
La rédaction de la Bible s’étend sur les derniers siècles avant Jésus-Christ, mais l’histoire dont elle témoigne s’étend sur deux millénaires. Quand on parle de la Bible, il faut savoir à quel moment de la Révélation on se situe. Au début de la Bible, les premiers chapitres du livre de la Genèse parlent de la Création et des origines de l’humanité : la violence n’a pas son origine en Dieu.
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2.
Pour se faire connaître parmi les hommes, Dieu choisit Abraham et sa descendance. Quand les Israélites deviennent nombreux en Égypte, le pharaon leur fait violence, notamment en faisant tuer tous les nouveaux nés de sexe masculin. Dieu prend la défense de son peuple : c’est justice.
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3.
Dans un monde de violence, très fréquemment le peuple d’Israël se trouve en état guerre. Ce qui est en jeu, c’est son indépendance nationale, mais aussi religieuse. Dieu l'accompagne et l'éduque en se révélant progressivement tout au long de son histoire.
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4.
La violence, finalement, ne fait que des victimes. Elle ne sera pas vaincue par une violence opposée. Si la violence vient du cœur de l’homme, c’est le cœur de l’homme qu’il faut guérir. La violence subie doit être transformée en offrande : c'est ce que le Christ a fait. Tous les contemporains de Jésus ne l’ont pas compris et nous-mêmes, après vingt siècles d’éducation par Dieu, l'avons-nous compris ?
Né en 1936 à Paris, ordonné prêtre en 1964, aumônier d’étudiants puis curé de paroisse et recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame, Monseigneur Perrier a été le premier directeur de Radio Notre-Dame, puis évêque de Chartres en 1990. Évêque de Tarbes et Lourdes pendant quinze ans (1997-2012), il a accueilli deux papes à la Grotte de Massabielle : saint Jean-Paul II en 2004 et Benoît XVI en 2008. Il se consacre aujourd'hui à approfondir le message que la Vierge Marie transmet à l'humanité.
Documents de référence
« Compte tenu de la situation humaine qui précède le salut instauré par le Christ, les livres de l’Ancien Testament permettent à tous de connaître qui est Dieu et qui est l’homme, non moins que la manière dont Dieu dans sa justice et sa miséricorde agit envers les hommes. Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine »
(Dei Verbum, 15)
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Domitille Piganeau
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Et la violence de Jésus, on en parle ? Notamment le chapitre 23 de Matthieu, long réquisitoire contre les pharisiens, où il les qualifie de serpents, d'engeances de vipères, de sépulcres blanchis ? Ce n'est pas l'hypocrisie qui est visée dans son discours, mais les pharisiens dans leur ensemble, sans nuance, c'est-à-dire des personnes bien réelles. Rappelons que les pharisiens étaient une tendance du judaïsme, comme le seraient par exemple aujourd'hui, au sein du catholicisme, les charismatiques ou les traditionalistes. Le développement fait par Joseph Bert sur la question dans ses récentes "Raisons du Doute" pose question, et mériterait peut-être ici une étude plus poussée du discours de Jésus que la phrase isolée "Heureux les doux".
Dans les premiers livres de la Bible on voit des batailles mais en lisant bien on voit que le peuple hébreux commence à arriver vers la Terre Promise en évitant toute lutte armée, ce sont les peuples environnant qui les attaquent. C’est alors la mécanique tout à fait humaine de l’escalade: Le Peuple hébreux n’a plus qu’à attaquer pour assurer sa survie et la nouvelle se propage, c’est la description du Livre de Josué. Dieu sait tout cela depuis toujours, tout comme il savait qu’Adan et Eve utiliseraient à mauvais escient leur liberté.Tout son dessein repose donc sur une pédagogie qui mène au Christ, avec un gâchis humain effectivement très important, mais il ne peut en être autrement du fait de la liberté humaine et des leaders qui entrainent les foules dans une histoire humaine de souffrances. En aucun cas, par contre, la Bible n’enseigne à massacrer les populations; Les violences sont la description d’une histoire, pas un modèle à suivre; D’ailleurs, toute la pédagogie de la Bible jusqu’au Christ est de montrer comment le Peuple élu entre dans un cul de sac de l’histoire dont seul le Christ aurait pu le faire sortir (Matthieu 23;37-39). La Bible expose la violence comme une cause de la déchéance d’Israël. Le Christ a été prophétisé en tant que Prince de la Paix (par ex. Michée 4;1-5 et 5;4 ou Zacharie 9;9-10) et il arrivera la conversion des peuples (par ex. Zacharie 9;1-8). Dieu a abandonné son peuple aux mains de ses ennemis car il n’a pas voulu respecter son Alliance et il est devenu comme les autres peuples, soumis donc à la loi humaine qui depuis toujours et encore aujourd’hui est violences. Autre ex. en Esaïe 1;1-20 (surtout 1;15-17) Dieu fait connaître sa détestation des sacrifices et des rites hypocrites, il appelle à la conversion à une religion de coeurs de chair et de paix et de justice. Si la violence se déchaîne dans l’humanité c’est que les hommes refusent les lois de Dieu, et si Israël connait la destruction c’est pour la même raison. Le tournant de l’histoire est quand le peuple demande un Roi (et Dieu exprime son mécontentement en 1-Samuel 8) qui va le mener dans le même jeu que les peuples environnants. En fait, Dieu ne massacre pas les populations, l’histoire montre suffisamment que les peuples s’entredétruisent sans que Dieu ait besoin d’un nouveau « Déluge ». Quand il est dit que Dieu envoie des peuples contre Israël, il faut comprendre que tout ce que Dieu laisse faire (la liberté humaine) est « comme » venant de Dieu mais pas produit par « la main » de Dieu. De plus, en mains endroits de l’AT il est dit qu’Israël vit au milieu des peuples, et cela est confirmé par l’archéologie : la fameuse annexion de la Palestine avec extermination des peuples autochtones n’a jamais eu lieu et l’AT s’en explique en disant que le peuple hébreux n’a pas été fidèle à son Dieu, donc que le projet initial a raté (par ex. il est fait alliance avec les Gabaonites (Josué 9), Le Livre de Josué montre que la conquête est loin d’être terminée au moment de la mort de Josué (chap;13) et il y est écrit en (12;6) que Dieu s’occupera à déposséder lui-même les restes des territoires. Il est aussi écrit que c’est Moïse qui a distribué les territoires par tribu d’Israël. il est encore écrit en Juges (2;11-23) que les territoires tirés au sort par Moïse n’ont pas été tous conquis, que les tribus sont au milieu d’autres peuples et que Dieu l’a voulu ainsi pour mettre le peuple élu à l’épreuve (Juges 3;4-6). Si le Christ n’a pas été accepté c’est que la grande majorité d’Israël attendait un Messie guerrier, et pas un prince de la Paix, pour prendre la suprématie sur son environnement, ce qui était impossible (l’Empire romain était bien plus fort et d’ailleurs Jérusalem fut détruite en l’an 70 après sa rébellion). Jésus nous dit de laisser l’ivraie pousser et qu’elle sera « brûlée » au moment du jugement. Il nous montre comment, même en subissant la pire Passion, il est resté tel l’agneau et les martyrs ont bien vécu cela. La haine étant un péché, haïr d’une haine parfaite ne signifie pas la violence mais la détestation du péché des méchants, de même que Dieu hait le mal sans haïre ses créatures. La problématique est toujours la même à notre époque et les chrétiens toujours plus persécutés dans le monde.
La violence dans la Bible, dans l'AT notamment est suffocante. Le Herem (anathème biblique) est le principe le plus dérangeant puisqu'il s'agit de "voué à la destruction" un apostat, un idolâtre: un sacrifice humain qui prend de l'ampleur lors de la conquête de Canaan. Le herem devient dans ce contexte de guerre sainte, un processus d'extermination des Cananéens ordonné par YWHW. Le livre de Josué consacre ainsi ce génocide. Historique ou non (voir la stèle de Mesha au Louvre, un roi des Moabites qui se glorifie d'avoir "heremisé" des villes d'Israël) l'anathème est un défi à la morale et à la philosophie par sa présence dans la Bible. Le silence et l'omerta sur ce sujet n'enlèvent rien à l'acuité de son actualité.
Lisez Daniel, Zacharie, Matthieu 24 et Luc 21 et vous verrez que Dieu ne parle jamais d'un monde qui s'arrange mais qui s'enfonce dans la violence car il rejette Dieu et son Messie Jésus-Christ. le pire de la violence est encore à venir.
Ensuite Israël ne s'est jamais permis de prendre l'initiative des violences relatées dans l'Ecriture. Dieu lui a ordonné de détruire ces peuples païens qui étaient sur la terre promise "par Dieu" à Abraham et ses descendants pour toujours et à perpétuité ! Sodome, Gomorrhe, Tyr, et bien d'autres ont été détruites par la seule main de Dieu. Je comprends que l'on ne comprenne pas la"violence" de Dieu, à moins que l'on ne mette en parallèle l'attitude des hommes et Sa Saintété. Dieu a dit en effet qu'il ne peut se trouver en présence du péché car cela occasionnerai la destruction du pécheur. Jésus lui-même, lors de son retour, anéantira les nations venues siéger contre Jérusalem pour détruire Israël, sous la bannière de l'antéchrist, projet qui échouera comme attesté dans la Bible, à maintes reprises, Ancien comme nouveau testament.
Article intéressant, la violence dans la Bible est en effet souvent un contre-témoignage. Concernant le n°3 ce que je comprends le moins c'est qu'Israël ait exterminé beaucoup de peuples pour s'installer à leur place. Le texte dit "très fréquemment le peuple d’Israël se trouve en état guerre"
Le plus souvent c'est le peuple qui prend les armes contre les peuples établis dans une région pour s'installer à leur place. Certes c'est "au nom de Dieu", mais c'est cet état de fait que je comprends le moins. Et c'était courant plus que le dit le texte :
"Mais il semble que ce genre de conduite, peu fréquent, ait eu des causes beaucoup plus terre à terre : le butin qui est voué à l’anathème, c’est-à-dire abandonné et offert à Dieu pour qu’Israël ne soit pas pris par la convoitise des biens matériels." Cela est compréhensible, heureusement que Jésus Christ nous a appris à vivre au milieu du monde sans exterminer nos proches qui peuvent nous "contaminer". Mais n'est-ce pas encore l'attitude, hélas, d'Israël dans ses conflits actuels ???
J'aimerais être éclairée sur cette question. Merci à Mgr Perrier.