Pourquoi appeler "père" les prêtres quand l’Évangile semble l'interdire (Mt 23,9) ?
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1.
Devant une affirmation aussi radicale, il faut se rappeler d'abord un principe simple : un verset de l'Ecriture ne doit jamais être isolé. Il faut l'entendre comme une note dans la polyphonie de la Révélation.
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2.
Les Évangiles donnent de nombreux exemples d'hommes tout-à-fait dignes d'éloges et qualifiés de « pères », sans aucune précaution de langage.
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3.
Jésus n'est pas venu abolir le commandement : « Honore ton père et ta mère. » Inversement, il dit que les liens familiaux ne doivent pas passer avant la recherche du Royaume.
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4.
Il ne faut pas opposer la paternité humaine et la paternité spirituelle. Unique est le Père, « de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom » (Ephésiens 3, 15)
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5.
Saint Paul se considère comme le « père », non seulement de quelques disciples chéris, mais de communautés entières. Ses épîtres sont destinées à ses « enfants bien-aimés ».
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6.
De même, saint Jean adresse sa première épître à ses « petits enfants ». Jésus lui-même avait employé cette expression.
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7.
Toutes les confessions chrétiennes honorent les Pères de l’Église et saint Benoît, après d'autres fondateurs, dans sa Règle, parle longuement de l' «abbé », père des moines.
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8.
« Ne donnez à personne le nom de père » : c'est Dieu qui donne d'exercer la paternité spirituelle, par l'ordination ou la bénédiction abbatiale. Jésus nous met en garde contre les gourous auto-proclamés.
Né en 1936 à Paris, ordonné prêtre en 1964, aumônier d’étudiants puis curé de paroisse et recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame, Monseigneur Perrier a été le premier directeur de Radio Notre-Dame, puis évêque de Chartres en 1990. Évêque de Tarbes et Lourdes pendant quinze ans (1997-2012), il a accueilli deux papes à la Grotte de Massabielle : saint Jean-Paul II en 2004 et Benoît XVI en 2008. Il se consacre aujourd'hui à approfondir le message que la Vierge Marie transmet à l'humanité.
Documents de référence
« Compte tenu de la situation humaine qui précède le salut instauré par le Christ, les livres de l’Ancien Testament permettent à tous de connaître qui est Dieu et qui est l’homme, non moins que la manière dont Dieu dans sa justice et sa miséricorde agit envers les hommes. Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine »
(Dei Verbum, 15)
modérateur du thème :
Domitille Piganeau
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commentaire
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Peut-être aussi tout simplement pour rappeler que tout disciple du Christ devient prêtre, prophète et roi par son baptême. Je tiens à appeler "père" les prêtres, non pour signifier une quelconque soumission mais pour leur rappeler le cheminement toujours renouvelé vers la sainteté. Les personnes consacrées, et les prêtres particulièrement, ont fait un choix radical que j'admire profondément. Les appeler Père, c'est les honorer bien que je saches très bien qu'ils sont des êtres humains comme moi. Mais n'est ce pas le mystère de la foi chrétienne en Jésus-Christ , Dieu fait homme ? Ce sont des hommes avec leurs défauts et leurs qualités, les appeler Père c'est pour moi une façon de leur dire : "je sais que tu es homme, donc pêcheur mais je reconnais la bienveillance du Seigneur à travers toi !". C'est en réalité, les mettre en face d'une terrible responsabilité: celle de ne pas décevoir ! Il ne s'agit pas alors de suivre aveuglément un tel ou un tel mais d'apporter aussi amour et bienveillance à ceux qui se sont chargés d'annoncer la Bonne Nouvelle. C'est aussi faire preuve de compassion et d'humilité.