Les religions sont-elles congénitalement violentes ?
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1.
On est religieux. Ou pas. Il faut choisir. Religieux, il est normal d’accepter un cadre symbolique, une institution, fréquemment des manières de voir le monde et de constituer des groupes endogames qui donnent une identité. Cela peut rendre le dialogue impossible avec d’autres, surtout lorsque l’homme religieux qui accepte un absolu se croit facilement en charge de défendre cet absolu contre tous les « impurs » et toutes les « impuretés ». surtout lorsqu’il pense que cet absolu comme universel et cherche à l’imposer aux autres.
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2.
A l’aube des temps modernes, pour éviter les conflits religieux, l’Europe a inventé la théorie « cujus regio, ejus religio» (« tel prince, telle religion »), donnant aux Etats la charge de la paix idéologique. Lorsque la pluralité d’opinions a été finalement acceptée, cette théorie a pu conduire à faire de la laïcité une religion.
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3.
La foi est l’humble recherche de Dieu à la suite d’Abraham. Elle fait du croyant un nomade, comme un étranger dans son propre pays, solidaire de tous ceux qui cherchent Dieu comme lui. Il les reconnaît comme créés par Dieu et sait discerner en eux des frères. La foi chrétienne appelle à regarder le Christ en Croix. Elle veut faire connaître à tous celui qu’elle considère être comme le Chemin. Mais c’est en parlant au cœur, alors qu’il n’a plus aucun pouvoir - et qu’il n’en revendique aucun - que, de sa Croix, il attire l’humanité. L’amour seul est digne de foi.
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4.
De tout temps, les hommes sont en conflit et de tout temps, ils ont cherché à sacraliser leurs conflits en disant : « Dieu est avec nous ». Les hommes et les femmes de l’Evangile ne peuvent au contraire que chercher à désacraliser les conflits et inviter à l’intelligence et au courage humains pour les résoudre. Le Christ invite à aimer ses ennemis. La fin du conflit Est-Ouest a été suivie de beaucoup de conflits interethniques, qui se sont servis du religieux pour s’opposer « aux autres ». La religion a été utilisée comme substitut du sentiment nationaliste et a pu inspirer des invitations au sacrifice.
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commentaires
postés
« Les hommes de guerre sont toujours portés à instrumentaliser Dieu » N’est-ce pas un peu réducteur ? ...... Ce ‘’toujours‘’ n’est-il pas excessif ? Certes, il y eut « Gott mit uns » et d’autres cas analogues dans l’Histoire, mais je ne suis pas convaincu qu’un Philippe Leclerc de Hauteclocque , qu’un Ernest Psichari, qu’un général de Sonis, qu’un Charles Péguy, ... pour ne citer qu’eux, ...... aient songé un seul instant à instrumentaliser Dieu dans leurs œuvres guerrières. Ils savaient simplement qu’il ne suffit pas de ‘’bêler‘’ à l’encan son souhait de vivre dans la paix de l’agneau pour que cela rende automatiquement les loups végétariens. Ils étaient seulement pénétrés par la conviction qu’il n’était pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime, ... ceux dont on défend la fragilité et l’innocence ! Jésus fit-il jamais autre chose ?
Pourquoi mettre sur le dos de la religion ce qui relève de la nature humaine ? L'homme, imparfait, en voie de divinisation, peut être violent pour toutes sortes de motifs, y compris bien sûr, pour des motifs religieux. D'autre part, parler de la religion en général n'a guère de sens. Il y a toutes sortes de religions, différentes dans leurs prescriptions et dans leurs fondements métaphysiques.
Carrément d'accord avec Renaud ! Et assez d'accord aussi avec une bonne partie des 2 autres commentaires.
Le chapeau de l'article est déjà SPÉCIEUX et FAUX : "La religion - cette manière de s’approprier le sacré par des gestes, des cérémonies, des rites, une morale … - est CONGÉNITALEMENT VIOLENTE (sic). Mais la foi purifie l’élan religieux de l’homme en cherchant humblement la rencontre avec Dieu : elle est dépossession de soi et accueil de l’autre." De QUELLE RELIGION parle Mgr Dubost ? Ce langage "catholiquement correct", qui met toutes les religions dans le même sac, est insupportable. Au départ : "congénitalement violente" Au terme : "dépossession de soi et accueil de l’autre". In fine : "Toutes les religions appellent à la paix." (Mgr Tauran and Co) Soyons clair et bref (à la différence de Mgr Dubost) : OUI, le christianisme (Évangile) est VIOLENT face au mal, au péché, et à... la violence. Et c'est Jésus Christ à la Croix qui a pris sur lui toute forme de VIOLENCE. (Il avait du sang sur les mains, mais c'était le sien ! — Et Mahomet...?) — Mais vis-à-vis de l'homme pécheur, l'Évangile est plein d'amour et de pardon. Il libère. Et il appelle à la "dépossession de soi et accueil de l’autre". Quant à l'ISLAM, je vous laisse continuer et conclure, plus rapidement et clairement que Mgr Dubosc, je l'espère.
Pour soi-même en tant que chrétien oui pas de territoire à défendre mais pour les autres il y a un territoire à défendre en tant que chrétien et pas seulement en tant que citoyen.
Tout autre que saint est celui qui fait subir aux autres les conséquences de sa prétendue sainteté.
Sainte Merkel et compagnie pourraient méditer cela.