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Pourquoi parler de néo-colonialisme ?

L’imposition agressive et efficace de normes politiques et culturelles inspirées de la révolution sexuelle occidentale aux pays en voie de développement est une préoccupation croissante. Elle menace de produire dans ces pays les mêmes effets qu’en Occident : sécularisation des cultures et perte de la foi.
  • 1. 

    Les derniers papes ont dénoncé le néo-colonialisme qui exporte mondialement les « déchets toxiques spirituels » d’un Occident décadent et s’attaque particulièrement au mariage, à la famille, à la vie et à la morale chrétienne.

  • 2. 

    Avocate et acteur-clef de la décolonisation depuis son origine, l’ONU s’est paradoxalement transformée au fil des dernières décennies en centre névralgique d’un puissant mouvement néo-colonisateur.

  • 3. 

    Précisément depuis que l’ONU défend l’auto-détermination au nom des droits de l’homme, de la démocratie, de l’égalité et de la liberté, ces valeurs universelles ont subi le choc d’une révolution culturelle extrêmement violente en Occident. La démocratie et ses valeurs se sont corrompues de l’intérieur. Les pays soumis à la pression de « se démocratiser » en ont souffert les conséquences : « démocratisation » en est venue à signifier en pratique « alignement sur la réinterprétation révolutionnaire des valeurs démocratiques ».

  • 4. 

    A la fin de la guerre froide, l’ONU a transformé les objectifs de la révolution culturelle d’Occident en normes politiques et culturelles mondiales. De 1990 à 96, l’ONU a organisé neuf grandes conférences internationales au cours desquelles les nouvelles « normes » furent adoptées. Elles portent des noms bien connus : santé et droits sexuels et reproductifs (ou génésiques), perspective du genre, déconstruction des stéréotypes (féminin, masculin, maternel, paternel, familial…), promotion d’un « nouveau paradigme » de la famille (« familles sous toutes ses formes » ou « diversité des familles ») etc.

  • 5. 

    Depuis les années 1990, l’ONU se présente de plus en plus comme une organisation, non plus internationale (ce qu’elle est par mandat), mais mondiale. Cette qualification, auto-proclamée, est abusive. Elle représente de graves menaces au respect de la souveraineté des nations, un principe de la Charte des Nations-Unies, et à la subsidiarité. Elle est d’autant plus dangereuse que le contenu des normes dites mondiales est aujourd’hui souvent contraire à l’esprit de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui reconnaît la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, comme cellule de base de la société, et promeut la liberté de religion.

  • 6. 

    Depuis la conférence du Caire, la plupart des pays en voie de développement ont permis à leurs politiques de développement social, de santé et d’éducation – et fréquemment aussi à leurs lois, d’être infectés, du moins jusqu’à un certain point, par les composantes radicales de la santé reproductive. Dans la mesure où ils l’ont fait, ils ont vendu leur souveraineté et leur indépendance à une minorité étrangère au pouvoir de la gouvernance mondiale. Les agents de la santé et des droits reproductifs ont avancé en Afrique avec une détermination implacable. Rien ne saurait être plus contraire à l’âme africaine que des politiques et lois s’attaquant à la maternité, la vie et la famille.

  • 7. 

    Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, la constitution pastorale Gaudium et Spes, dans le contexte de décolonisation du début des années 1960s, met en lumière « les richesses des diverses cultures » (54) et le « génie propre de chaque peuple » (56). La vocation spécifique de chaque peuple, les dons que Dieu a fait à chacun sont aujourd’hui appelés, en ce temps de mondialisation, à bénéficier à tous, dans un fructueux « échange des dons ». Cette perspective ouvre un immense champ d’action.

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commentaires

postés

DANIEL 14/07/2018 07:19

Parmi les poisons toxiques de l’Occident il ne faudrait pas oublier ce qui nous vient des USA sous la dénomination des droits sexuels des enfants et donc des adultes vis à vis des enfants, avec leur exploitation. //// Si les pays colonisés sont soumis à la toxicité de l’Occident, il faut se dire que l’Occident a été largement intoxiqué dans les années 60-80 par les mêmes poisons, et les a acceptés en votant pour des dirigeants qui les promeuvent comme des valeurs humaines positives. On peut se demander si l’Eglise est victime ou co-responsable de cette avancée amorale si ce n’est immorale. //// L’autodétermination des peuples a permis une explosion du nombre d’Etats sois-disant souverains mais qui en fait sont des poids-plumes face aux grandes nations et aux grandes entreprises mondiales : Comment un peuple qui ne possède pas de cadres politiques dignes de ce nom, ni d’organisation étatique, ni armée ni police ni justice, ni une monnaie indépendante, ni des lois respectées, ni de ressources naturelles propres, ni d’industrie propre, ni de population industrielle avec des ouvriers qualifiés et des gestionnaires et des cadres techniques, ni d’universités, ni d’agriculture donnant une autonomie, souvent aucune structure de communication, peut-ils prétendre à l’autodétermination ? Ces pays se plaignent d’être toujours sous les effets de la colonisation alors que la cause profonde c’est en fait qu’ils sont incapable structurellement d’assumer l’indépendance gagnée sur le papier. Lorsqu’un pays n’est pas à même d’assumer son indépendance il est la proie des prédateurs : on voit comment les terres africaines sont achetées par des entreprises agricoles étrangères, après que leurs ressources minérales aient été mises en exploitation par d’autres entreprises qui possèdent les savoir-faire technologiques et les capitaux. On voit comment l’occupation administrative pacifiantes de la colonisation (il est vrai connotée de racisme lié à un sentiment de supériorité civilisationnelle) est devenue par les mêmes pays et d’autres qui n’étaient pas colonisateurs, une mise en coupe réglée des pays avec création de bandes armées opposées qui permettent de déplacer des peuplements par centaines de milliers de personnes affaiblissant ainsi le pays et donnant libre accès aux ressources, mise en place de gouvernements achetables, mise sous la domination du FMI et du dollar. Il ne faut pas non plus oublier les décennies de destructions par les guerres communisme contre capitalisme qui ont tué des millions de personnes, freiné tout développement, apporté du matérialisme athée. Pour avoir le droit de quémander quelques dollars il faut que ces pays acceptent les directives amorales des officines de l’ONU financées par les impôts des occidentaux et des capitaux privés puissants. ///// L’affirmation faite par l’auteur « L’esprit colonialiste imprègne encore, inconsciemment mais plus fortement qu’on ne veut l’admettre, les mentalités occidentales » identifie les gouvernements et les grands capitalistes aux peuples occidentaux. Cela n’est pas réaliste car ce qui imprègne la pensée des peuples occidentaux n’est pas le colonialisme, c’est la peur de recevoir trop de personnes de ces pays et par là-même non seulement de les affaiblir par l’immigration de leurs cadres et de leurs jeunes mais aussi de recevoir une pollution sociétale (plus grave que culturelle) à un moment où cela est économiquement impossible à assumer. Ceci n’est pas du colonialisme. Je dis pollution sociétale car, au delà de certaines valeurs de fraternité propres aux pauvres (gratuité, partage, solidarité, parcimonie, humilité …), il ne faut pas oublier les haines tribales, les haines religieuses, les croyances magiques, la situation des femmes, les mutilations, les pots de vin, les meurtres politiques et l’oppression des journalistes, le manque d’appétence pour ce qui fait la puissance technico-économique de l’occident. Et, en Asie, les ségrégations claniques et la situation des enfants de basse classe. Ceux qui fuient leur pays pour aller vers leurs anciens colonisateurs seraient étonnés que nous soyons en admiration non discriminante sur les sociétés qu’ils fuient.

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Burhama Emmanuel 06/07/2018 10:34

Merci beaucoup chère marguerite pour les profondes et lumineuses vérités sur la vie, l'amour et la dignité de la personne humaine. Nous soutenons de toutes nos forces ce noble combat de la promotion de la vie , des valeurs et de la personne humaine.

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Jean-Paul Tagheu 03/07/2018 07:03

Merci beaucoup, Madame, pour le combat de la vérité et de l'amour que vous menez pour l'humanité.

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Marie-Colette 21/04/2018 22:05

Bonjour ! pouvez-vous donner des exemples ? j'ai vécu, travaillé au Burkina Faso pendant 15 ans , et je comprends vos thèses ! c'est un sujet qui mérite réflexion, ouverture.... quand plus de temps, je lirai les passages- suite En savoir + merci !

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bubbleRight aleteia Marguerite A. Peeters

Marguerite A. Peeters suit les évolutions au niveau de la gouvernance mondiale depuis 1994. Elle est l’auteur de 300 dossiers détaillés sur les normes, le langage, l’éthique et les stratégies des institutions internationales et de leurs partenaires depuis la chute du mur de Berlin. Elle dirige Dialogue Dynamics, un institut spécialisé dans ces questions. Elle enseigne un cours sur l’éthique de la gouvernance mondiale dans une perspective de discernement chrétien en diverses institutions. Elle est consulteur du Conseil Pontifical de la Culture et du Conseil Pontifical pour les Laïcs.

Ses livres
  • La nouvelle éthique mondiale. Défis pour l’Eglise (Dialogue Dynamics, 2006)
  • La mondialisation de la révolution culturelle occidentale (Dialogue Dynamics, 2011)
  • Le gender, une norme mondiale ? Pour un discernement. Préface du Cardinal Robert Sarah. (Mame, 2013)
  • Vingt ans de santé et de droits sexuels et reproductifs en Afrique : défis pour l’Eglise (Dialogue Dynamics, 2014)
  • Le citoyen et la personne. Rébellion et réconciliation (Dialogue Dynamics, 2014)

Pour commander les livres, écrire à : admin@dialoguedynamics.com

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