Depuis la conférence du Caire, la plupart des pays en voie de développement ont permis à leurs politiques de développement social, de santé et d’éducation – et fréquemment aussi à leurs lois, d’être infectés, du moins jusqu’à un certain point, par les composantes radicales de la santé reproductive. Dans la mesure où ils l’ont fait, ils ont vendu leur souveraineté et leur indépendance à une minorité étrangère au pouvoir de la gouvernance mondiale. Les agents de la santé et des droits reproductifs ont avancé en Afrique avec une détermination implacable. Rien ne saurait être plus contraire à l’âme africaine que des politiques et lois s’attaquant à la maternité, la vie et la famille.
De fortes pressions politiques et financières pour faire adopter des plans d’action destructeurs de la famille.
En janvier 2006 (quatre ans seulement après le lancement de l’Union Africaine), les chefs d’états et de gouvernements africains, sous forte pression politique et financière, ont adopté le Cadre d’Orientation Continental pour la Promotion de la Santé et des Droits Sexuels et Reproductifs (2007-2010). Le « cadre d’orientation » - notons au passage les implications normatives de cette expression – a été développé par la Commission de l’Union Africaine en collaboration avec le FNUAP, le bureau régional africain de l’International Planned Parenthood Federation « et d’autres partenaires de développement » de la gouvernance mondiale. Pour mettre en œuvre ce « cadre », la Commission de l’Union Africaine a produit le Plan d’Action de Maputo. Le plan d’action vise notamment à intégrer les services de santé reproductive dans les soins de santé primaire, à mettre l’accès à la contraception moderne au centre des programmes de développement et des programmes d’autonomisation des jeunes et de la femme, et à former les « prestataires de services en soins d’avortements sans risques dans les pays où la loi l’autorise ». Le plan d’action de Maputo a été remplacé par la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle, Néonatale et Infantile en Afrique (CARMMA). L’accès aux contraceptifs, considéré comme l’un des chemins obligés principaux pour réduire la mortalité maternelle, est l’une des priorités de CARMMA.
Manipulés et achetés, les gouvernements africains élaborent des politiques, et parfois des lois, en faveur de la santé et des droits reproductifs.
La manifestation la plus récente de compromissions de l’Union Africaine avec le programme d’action de la santé et des droits reproductifs est la Déclaration d’Addis-Abeba sur la Population et le Développement en Afrique après 2014, adoptée en octobre 2013. S’appuyant sur les « acquis » du Plan d’Action de Maputo et de CARMMA, la Déclaration d’Addis-Abeba est plus agressive. La section de la déclaration relative à la santé commence par l’affirmation des ministres africains que « les droits sexuels et reproductifs sont non seulement essentiels à la réalisation de la justice sociale, mais aussi au cœur de la réalisation des engagements pris à l’échelle mondiale, régionale et nationale en vue du développement durable. » Les ministres notent « l’accès limité à des services complets de soins de santé, dont les services en matière de santé sexuelle et reproductive » et le fait que « le taux moyen de prévalence des méthodes de contraception moderne en Afrique est le plus faible du monde, toutes régions considérées, et que les besoins de planification familiale insatisfaits sont les plus élevés ». Ils déclarent s’engager à rapidement mettre en œuvre le programme d’action du Caire dans son intégralité. Les gouvernements africains s’engagent non seulement à élaborer des politiques en faveur de la santé reproductive, mais aussi des lois – un « engagement » agencé par les avocats du « droit à l’avortement » pour tenter de les forcer à légaliser l’avortement. L’emphase mise sur les jeunes et l’« éducation sexuelle » est particulièrement préoccupante, considérant les désastres qu’une telle « éducation sexuelle » a produits en Occident depuis les années 1960s.
Sous la pression, tous les pays africains à l’exception du Tchad ont adopté la Déclaration d’Addis-Abeba.
Ils montrent ainsi qu’ils ont déjà cédé aux pressions extérieures en faveur de la contraception, de la « pilule du lendemain », de la notion d’« avortement sans risques », d’une éducation sexuelle technique de style occidental et d’autres programmes d’action idéologiques provenant des leaders de la révolution sexuelle mondiale.
Les pressions auxquelles l’Afrique est soumise pour qu’elle s’aligne sur la perspective du lobby contraceptif et abortif transnational sont d’ordre à la fois culturel, politique, financier, économique et juridique. Le Protocole de Maputo à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples Relatif aux Droits des Femmes en Afrique est l’outil juridique - donc contraignant, en principe - de l’imposition.
Le Protocole de Maputo est le premier traité international (pour le continent africain) à reconnaître l’avortement comme un droit humain des femmes.
Il a été adopté en 2003 au second sommet de l’Union Africaine sous la pression de plusieurs lobbys internationaux d’origine occidentale, dont principalement Equality Now. Le Protocole contient un article entier dédié au « droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction » : l’article 14, qui promeut le droit à la contraception et au préservatif, à l’éducation sexuelle, et à « l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère et du fœtus. »
En moins de dix ans, ce Protocole de Maputo de 2003 a été signé par presque tous les états africains (48 sur 54) et ratifié par 36 états.
En théorie, les 36 pays ayant ratifié le protocole sont obligés d’aligner leurs politiques et leurs lois sur ses articles, et donc notamment de légaliser l’avortement (ce que la plupart des pays africains n’ont pas fait à ce jour).
Les lobbys internationaux ont apporté leur « aide technique » à la rédaction du Protocole et veillent agressivement à sa mise en oeuvre.
Ils ont manipulé les gouvernements afin qu’ils le signent et le ratifient, et exercent désormais pression sur eux pour qu’ils l’appliquent en changeant leurs politiques et leurs lois. Leur objectif est de lier juridiquement les gouvernements africains le plus rapidement et vigoureusement possible et de les mettre ainsi sous leur contrôle idéologique.
C’est dans cette perspective qu’ils ont récemment exercé leur influence au niveau de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Cette Commision représente l’« organe de surveillance » de l’application des traités et protocoles de l’Union Africaine par les Etats-parties. Elle a adopté en mai 2014 des Observations Générales sur l’article 14 du Protocole de Maputo, qui traite des droits reproductifs : Observations Générales N°2 sur l’Article 14.1 (a), (b), (c) et (f) et l’Article 14.2 (a) et (c) du Protocole de Maputo. Ces observations, rédigées avec l’appui technique de la branche africaine d’un lobby américain, Ipas, sont un outil de pression juridique sur les états ; elles sont juridiquement normatives. Les Etats-parties du Protocole sont tenus de s’en servir pour rédiger leur rapport périodique à la Commission - rapport dans lequel ils sont censés rendre compte des mesures législatives prises en faveur de la perspective du genre et de la santé et des droits reproductifs.
Un Protocole clairement néo-colonialiste.
Selon les observations, la ratification du Protocole engagerait juridiquement les Etats-parties à : légaliser ou dépénaliser l’avortement médicalisé, ou relire les lois restrictives pour les élargir ; procurer un « accès universel » à la « gamme complète » des contraceptifs modernes ; assurer aux femmes le droit de remettre en question ou de faire abstraction des croyances, traditions, valeurs et pratiques culturelles ou religieuses (24) ; « élaborer un plan national de santé publique, comportant des services complets de santé sexuelle et reproductive, des protocoles, directives et normes conformes aux normes probantes actuelles établies par l’OMS » (30) ; appuyer « l’autonomisation des femmes, la sensibilisation et l’éducation des communautés, des chefs religieux, des chefs traditionnels et des leaders politiques sur les droits sexuels et reproductifs des femmes » (44) ; garantir la fourniture d’une information complète et d’une éducation sexuelle aux adolescentes (51) ; intégrer la santé reproductive dans les programmes scolaires (52), et les droits sexuels et reproductifs dans les cours d’éducation civique (60) ; « affecter des ressources financières adéquates » à la santé reproductive, etc.
La pression est également maximale sur les pays seulement signataires, afin qu’ils passent à la ratification, et sur tous les pays, qu’ils aient ou non ratifié le Protocole, afin qu’ils dépénalisent ou légalisent l’avortement médicalisé.
Les agents de la santé reproductive et de la perspective du genre ont pour stratégie de présenter les initiatives politiques et juridiques que nous venons de décrire comme « impulsées par les pays ».
Cette expression évoque la notion d’auto-détermination, mais la gouvernance mondiale lui donne un autre sens : les gouvernements nationaux, une fois devenus « propriétaires » du programme d’action de la gouvernance mondiale (formulé dans ce cas par des idéologues), l’ayant « internalisé », le mettent en œuvre au niveau national. Du début à la fin du processus, l’initiative est prise, non par les gouvernements nationaux et les peuples qu’ils sont mandatés de servir, mais par les néo-colonisateurs.
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Parmi les poisons toxiques de l’Occident il ne faudrait pas oublier ce qui nous vient des USA sous la dénomination des droits sexuels des enfants et donc des adultes vis à vis des enfants, avec leur exploitation. //// Si les pays colonisés sont soumis à la toxicité de l’Occident, il faut se dire que l’Occident a été largement intoxiqué dans les années 60-80 par les mêmes poisons, et les a acceptés en votant pour des dirigeants qui les promeuvent comme des valeurs humaines positives. On peut se demander si l’Eglise est victime ou co-responsable de cette avancée amorale si ce n’est immorale. //// L’autodétermination des peuples a permis une explosion du nombre d’Etats sois-disant souverains mais qui en fait sont des poids-plumes face aux grandes nations et aux grandes entreprises mondiales : Comment un peuple qui ne possède pas de cadres politiques dignes de ce nom, ni d’organisation étatique, ni armée ni police ni justice, ni une monnaie indépendante, ni des lois respectées, ni de ressources naturelles propres, ni d’industrie propre, ni de population industrielle avec des ouvriers qualifiés et des gestionnaires et des cadres techniques, ni d’universités, ni d’agriculture donnant une autonomie, souvent aucune structure de communication, peut-ils prétendre à l’autodétermination ? Ces pays se plaignent d’être toujours sous les effets de la colonisation alors que la cause profonde c’est en fait qu’ils sont incapable structurellement d’assumer l’indépendance gagnée sur le papier. Lorsqu’un pays n’est pas à même d’assumer son indépendance il est la proie des prédateurs : on voit comment les terres africaines sont achetées par des entreprises agricoles étrangères, après que leurs ressources minérales aient été mises en exploitation par d’autres entreprises qui possèdent les savoir-faire technologiques et les capitaux. On voit comment l’occupation administrative pacifiantes de la colonisation (il est vrai connotée de racisme lié à un sentiment de supériorité civilisationnelle) est devenue par les mêmes pays et d’autres qui n’étaient pas colonisateurs, une mise en coupe réglée des pays avec création de bandes armées opposées qui permettent de déplacer des peuplements par centaines de milliers de personnes affaiblissant ainsi le pays et donnant libre accès aux ressources, mise en place de gouvernements achetables, mise sous la domination du FMI et du dollar. Il ne faut pas non plus oublier les décennies de destructions par les guerres communisme contre capitalisme qui ont tué des millions de personnes, freiné tout développement, apporté du matérialisme athée. Pour avoir le droit de quémander quelques dollars il faut que ces pays acceptent les directives amorales des officines de l’ONU financées par les impôts des occidentaux et des capitaux privés puissants. ///// L’affirmation faite par l’auteur « L’esprit colonialiste imprègne encore, inconsciemment mais plus fortement qu’on ne veut l’admettre, les mentalités occidentales » identifie les gouvernements et les grands capitalistes aux peuples occidentaux. Cela n’est pas réaliste car ce qui imprègne la pensée des peuples occidentaux n’est pas le colonialisme, c’est la peur de recevoir trop de personnes de ces pays et par là-même non seulement de les affaiblir par l’immigration de leurs cadres et de leurs jeunes mais aussi de recevoir une pollution sociétale (plus grave que culturelle) à un moment où cela est économiquement impossible à assumer. Ceci n’est pas du colonialisme. Je dis pollution sociétale car, au delà de certaines valeurs de fraternité propres aux pauvres (gratuité, partage, solidarité, parcimonie, humilité …), il ne faut pas oublier les haines tribales, les haines religieuses, les croyances magiques, la situation des femmes, les mutilations, les pots de vin, les meurtres politiques et l’oppression des journalistes, le manque d’appétence pour ce qui fait la puissance technico-économique de l’occident. Et, en Asie, les ségrégations claniques et la situation des enfants de basse classe. Ceux qui fuient leur pays pour aller vers leurs anciens colonisateurs seraient étonnés que nous soyons en admiration non discriminante sur les sociétés qu’ils fuient.
Merci beaucoup chère marguerite pour les profondes et lumineuses vérités sur la vie, l'amour et la dignité de la personne humaine. Nous soutenons de toutes nos forces ce noble combat de la promotion de la vie , des valeurs et de la personne humaine.
Merci beaucoup, Madame, pour le combat de la vérité et de l'amour que vous menez pour l'humanité.
Bonjour ! pouvez-vous donner des exemples ? j'ai vécu, travaillé au Burkina Faso pendant 15 ans , et je comprends vos thèses ! c'est un sujet qui mérite réflexion, ouverture.... quand plus de temps, je lirai les passages- suite En savoir + merci !