Qu’est-ce que la vérité ?
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1.
Nous partageons avec les animaux le mode de connaissance sensible, qui connaît les phénomènes physiques (son, lumière, etc.), mais le propre de l’homme est la connaissance intellectuelle qui permet de connaître par l’abstraction les natures intelligibles universelles (découvrir ce qu’est une étoile à partir du regard que nous portons sur elle pour comprendre ce qu’elle est). Il y a trois degrés d’abstraction : le niveau physique (sciences expérimentales), le niveau mathématiques (quantités) et le niveau métaphysique (l’être même des choses).
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2.
En faisant abstraction des déterminations individuelles, l’intelligence forme des idées, qu’elle relie entre elles par des jugements (analytiques ou synthétiques), qui sont eux-mêmes combinés en des raisonnements.
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3.
Le point important pour un jugement ou un raisonnement, c’est qu’il soit vrai, c’est-à-dire qu’il doit y avoir conformité entre ce que j’exprime dans ma pensée et la réalité extérieure objective, qui existe qu’on le veuille ou non. Pour accéder ainsi à la vérité, l’intelligence doit accepter de la rechercher avec une certaine ascèse, et se soumettre au réel avec une grande humilité.
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4.
Il y a différents types de vérités accessibles à l’intelligence : les vérités naturellement connaissables (de type scientifique, morale, philosophique) et les vérités révélées (que nous ne pouvons pas connaître par nous-mêmes), qui sont d’un niveau de certitude plus grand que toutes les autres vérités, car c’est Dieu lui-même qui s’exprime.
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5.
Notre époque a un problème avec la vérité, qui n’est ni estimée, ni recherchée, ni valorisée. On se laisse saisir par l’immédiateté du sentiment, du spectacle, de la communication, ce qui conduit au relativisme et à une société déboussolée, toujours plus virtuelle et déconnectée du réel. Mais la vérité finit toujours par l’emporter sur l’illusion et le mensonge.
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6.
Il faut encourager les gens à chercher ardemment la vérité en toutes circonstances, et avec la meilleure bonne volonté, car cette quête rapproche du Christ et conduit inévitablement à lui, qui est la plénitude de la Vérité, laquelle nous rend libres.
Ancien élève de l'École Normale Supérieure, professeur d'université en physique, honoraire, dirige le Centre d'Études Religieuses fondé par Jean Daujat, marié, père de 7 enfants.
- L'appel à la vérité (Éditions du Jubilé, 2010)
- Science et création (Éditions Téqui, 2000)
- Matière et esprit (Éditions Téqui, 2000)
- La famille au coeur de la vie (Éditions Beauchesne, 2008)
Documents de référence
Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
(Jean 8, 32)
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commentaires
postés
Le point 4 entre par le caractère connaissable / révélé des vérités. La vérité morale peut avoir besoin d’être révélée; Ainsi, « aimez vos ennemis » est un précepte moral qui il a besoin d’être affirmé par Dieu pour être accepté comme principe de pensée, car il est contraire à la loi de nature qui régit les animaux. Il ne peut pas être appliqué sans que Dieu veille par sa providence car il peut être autodestructeur. Et il doit être explicité. Nous pouvons juger de sa pertinence en nous disant « si j’aime mes ennemis, ils peuvent devenir mes amis », ce qui peut être vrai mais, aussi, faux. Pris dans le sens de « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » est une évidence pour ceux qui prétendent accéder au Royaume de Dieu où il faudra bien que cohabitent les pécheurs repentis, qui sont aussi victimes par ailleurs. Sinon, Jésus-Christ restera bien seul … Les gens classent souvent les vérités en subjective et objective. Leur donnant le même statut de vérité. La subjective est leur opinion, ce que dicte leurs sentiments, leurs intérêts, leur vécu, leurs remords, leur manque de lucidité, leur aveuglement égocentrique etc … Ce n’est pas la Vérité. La Vérité est liée à l’objet, et elle n’est connue que dans la mesure où nous connaissons bien l’objet. Par exemple, avorter d’un bout de chair n’est pas la même chose morale que de tuer un être humain en devenir; Tout dépend de l’idée qu’on se fait de l’être humain. Autre exemple : acheter un bébé qu’on prive de ses propres parents pour tenter d’atténuer une propre souffrance produite par l’incompatibilité du désir d’enfant avec un état stérile de vie. Afin de s’accorder sur les mêmes vérités, c’est à dire la Vérité universellement reconnue, il faut s’accorder sur les mêmes valeurs et les mêmes connaissance / compréhension des « objets » qui nous entourent et dont nous devons parler en vérité. En mathématique il n’y a pas de problème, mais pour la morale et la compréhension du monde, nous voyons bien qu’il y a des milliers d’années de dispute sur Terre à cause de la subjectivité des opinions. Et pourtant, Dieu - qui est la clé de voute de toute construction de la pensée - s’est révélé objectivement réalité en Christ, qui lui-même nous a révélé les Valeurs morales et les vérité surnaturelles à croire.
Je recommande à Etienne de lire les oeuvres de René Girard. L'exercice de notre jugement est un suite d'erreurs qui nous rapprochent peu à peu de la vérité pour autant qu'on veuille admettre ses erreurs et continuer de chercher. D'autre part, pour ce qui est métaphysique, il oublie que la Révélation est historique puisque Jésus a existé et il a accompli les prodiges décrits dans les Ecritures et surtout est ressuscité d'entre les morts ce dont ont témoigné ses disciples qui étaient loin d'ètre des intellectuels illuminés. Pendant 3 siècles les chrétiens ont témoigné en donnant leurs vies, pas en se suicidant comme les membres de sectes mais en refusant de consacrer aux idoles....C'est du réel; si cela avait été une folie, elle n'aurait pas duré autant. Aux sages de conclure à l'exemple de Pascal qui n'a rien d'un idiot.
Toute réflexion métaphysique qui nous amène comme par hasard sur une "vérité" qui nous a été inculquée tout enfant est infiniment suspecte. Si cette vision ne dépend que du hasard de notre milieu de naissance sans reposer sur aucun indice extérieur objectif, on peut même assurer qu'elle est fausse.