La théorie classique de l’évolution repose sur le concept d’ascendance commune, la sélection naturelle et l’évolution par mutation, confirmées par les observations.
Outre la reconnaissance d’une très grande variabilité des individus au sein d’une même espèce, il y a le concept d’ascendance commune des espèces proches (à partir des observations venant de la biogéographie - des espèces proches mais distinctes se trouvant dans des milieux géographiques séparés les uns des autres - on conclut logiquement que ces espèces proviennent d’une ascendance commune).
De plus, les zoologistes notent qu’il existe une surpopulation naturelle dans la plupart des espèces (un nombre de naissances très largement supérieur au nombre d’individus arrivant à l’âge adulte) et bien sûr une sélection naturelle : comme les individus subissent des mutations, il en apparaît de moins bien adaptés à l’environnement qui survivent plus mal, et d’autres mieux adaptés qui auront une descendance plus importante.
Enfin, les espèces animales procèdent les unes des autres et la notion d’espèces, certes courante et commode, doit être utilisée avec prudence (car, s’il est simple d’affirmer que deux individus appartiennent à des espèces différentes, il est plus difficile de dire où est la limite exacte entre deux espèces voisines).
Cette théorie classique issue de Darwin a été élaborée à partir d’observations puis confrontées à de nouvelles observations, à la suite de quoi elle a été modifiée et complétée puis confrontée à de nouvelles observations. Dès les premières années du XX e siècle, la redécouverte des lois de G. Mendel sur l’hérédité et la découverte des mutations génétiques (par H. DeVries) ont permis d’expliquer l’origine de la variabilité biologique des individus au sein d’une espèce. Puis, grâce notamment aux travaux en génétique des populations vers le milieu du siècle, on a assisté à la naissance la théorie synthétique de l’évolution.
Il est clair que les mutations faisant passer d’une espèce à une autre se sont produites au hasard, mais il ne faut pas en tirer des conclusions péremptoires.
On peut très bien parler des possibilités buissonnantes de l'évolution, des aléas de l’évolution, du hasard des mutations, mais il ne faut pas en tirer des conclusions péremptoires concernant le hasard (du type « l'homme est le fruit du hasard, donc l'existence de l'homme n'a pas grande importance »). Il faut aussi faire attention à ne pas utiliser un vocabulaire avec une connotation probabiliste (au sens de la théorie des probabilités). En effet, en ce qui concerne l'histoire naturelle, le hasard n’est lié à aucune loi de probabilité : l’apparition de l'homme est un événement qui fait partie de l’histoire naturelle et on ne peut pas faire de probabilité sur des événements historiques. En fait le hasard ne « gouverne » pas la nature, mais la nature obéit à des lois propres dans lesquelles les phénomènes aléatoires et le hasard sont toujours présents de façon essentielle.
Assurément l’espèce humaine appartient à la classe des primates mais la définition précise de ce qu’est un homme n’est pas évidente sur des critères morphologiques et comportementaux.
Il y a une continuité dans l’ordre biologique entre les différentes espèces d'hominidés. Parmi ces dernières espèces notons l’homo habilis (à partir de 2,5 millions d’années), puis l’homo rudolfensis, l’homo erectus (à partir de 1,8 millions d’années), enfin, à partir de 600 000 ans environ, les homo sapiens-archaïques (que certains qualifient d'homo erectus-évolués) d'où sortiront à partir de 350 000 ans le sapiens neanderthalensis et le sapiens sapiens (certains paléontologues ajoute à cette liste l’homo heidelbergensis qui précède le neanderthalensis et d'autres sous-espèces).
Il est intéressant de noter qu’une culture faisant appel à des collaborations claniques est apparue progressivement parmi ces espèces. Mais du point de la paléontologie, il est impossible de préciser les critères permettant d’affirmer que tel individu appartenant à tel espèce homo est un homme au sens où nous l'entendons.
Par exemple, le fait de fabriquer des outils n’est pas très discriminant
Il y eut chez l‘homo habilis des individus qui fabriquaient des outils rustiques comme les choppers (galet dont on détachait un ou deux éclats) puis l’homo erectus a acquis les compétences pour fabriquer des bifaces de plus en plus élaborés ; et vers 600 000 ans de tels bifaces étaient sans doute fixés au bout de lances et devenaient des armes redoutables.
La maîtrise du feu n’est pas non plus un critère absolu
L’homo sapiens a maîtrisé l’art d’entretenir le feu vers - 400 000 ans, et on a retrouvé les premières traces de feu de cette époque en divers points de l’hémisphère nord (France, Hongrie, Chine, etc). La domestication du feu par ces peuplades suppose un partage des tâches domestiques et des échanges entre les foyers. Mais le critère de maîtrise du feu n’est pas très précis.
Le critère sans doute le plus classique est celui de la sépulture
Il est attesté que des peuplades de sapiens neanderthalensis ou de sapiens sapiens ont enterré leurs morts avec des objets funéraires. En fait, les témoignages des premiers rites funéraires remontent à 300 000 ans environ : dans un profond aven (la Sima de los Huesos en Espagne) on a retrouvé 28 cadavres de cette époque avec un biface très esthétique qui a dû être jeté là en signe d’offrande. Du point de vue anthropologique, la sépulture est en relation avec l'invisible.
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Bonsoir, Tout d'abord, merci pour cet article complet et très intéressant. J\'ai 16ans et je dois présenter un projet du thème de mon choix en fin d\'année scolaire. Me posant nombres de questions à ce sujet, j\'ai choisi le thème de : sciences et religion, avec pour problématique : l\'Eglise et la science sont-elles incompatibles ? Je me permets donc de vous demander votre avis sur le sujet. En effet, vous représenter vous-même, un homme de sciences par vos recherches mais également un homme de foi par votre statut de président dans l\'Association des Scientifiques chrétiens. En espérant obtenir une réponse. Bien cordialement