L’incarnation rédemptrice du Fils de Dieu est la proposition d’une autre voie, d’une deuxième voie à travers une nouvelle Alliance. Une Alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ, car « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde » (Romains 11,32) par le Christ qui est devenu le serviteur parfait, « l’unique Médiateur » entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2,5). Le péché était une séparation avec Dieu qui avait pour conséquence la souffrance et la mort : Jésus subit les conséquences extrêmes du péché et c’est par son obéissance et son amour surabondants qu’il répare infiniment la rupture avec Dieu
L’Alliance nouvelle que le Christ scellera dans son sang avait été annoncée par les prophètes
Le prophète Jérémie l’avait annoncé : « Voici venir des jours, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda, une alliance nouvelle » (Jérémie 31,31). Le prophète Isaïe l’avait confirmé : il y aura « une alliance éternelle » (Isaïe 55,3) qui viendra avec la venue du Messie et reposera sur un parfait médiateur, lequel sera à la fois l’autel, le prêtre et la victime de ce sacrifice par lequel l’alliance nouvelle sera scellée.
Par cette Alliance, Jésus unit définitivement son destin au nôtre
On peut dire avec les Pères de l’Église que par son Incarnation dans le sein de la Vierge Marie, Jésus s’est déjà uni à la nature humaine ; que, par son baptême, il s’est rendu solidaire des pécheurs ; que par toute sa vie, il a vécu comme un homme au milieu des hommes. Mais c’est à la Cène et par toute sa Passion qu’il scelle cette Alliance nouvelle et éternelle en son sang. Le soir du Jeudi saint, c’est comme si Jésus disait à son Père : « Voici mon corps et mon sang. Je les partage avec tous. Je m’unis à tous les hommes. Désormais nous ne faisons plus qu’un : je prie pour que tu nous prennes tous ensemble auprès de toi. J’ai lié mon destin au leur et cette vie que tu m’as donnée, je te la remets pleinement en la liant à eux tous. Pour eux, je vais faire ce que tu attends de moi : donner tout ce que j\\\\\\\'ai, tout ce que je suis, pour que ta gloire soit reconnue, ton nom sanctifié. »
Jésus, envoyé par le Père, est le Rédempteur, l’unique médiateur (1 Timothée 2,5) qui vient « accomplir » parfaitement la Loi de Dieu pour lui-même et pour nous.
Jésus l’avait annoncé : « N\\\\\\\'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Matthieu 5,17). Il le fait en tant qu’homme puisque « le semblable doit être sauvé par le semblable. » comme le disent les Pères de l’Église. Il le fait pour lui-même et « pour les multitudes » à qui il s’unit à la Cène, le soir du Jeudi saint : « Prenez et mangez : ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, livré pour vous et pour la multitude » (Matthieu 26,26 ; Marc 14,22). C’est bien pour cette heure là qu’il est venu (Jean 12,47) : Jésus a voulu s’unir aux hommes pécheurs, et prendre sur lui leurs péchés. Et en cet instant particulier, qui inaugure l’heure des ténèbres, le Père laisse le Fils aller jusqu’au bout de l’abandon. Le Père aime le Fils et il ne se détourne pas de lui, mais le Christ submergé par le péché du monde ne le sent plus, il vit l\\\\\\\'abandon et la détresse. «Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m\\\\\\\'as-tu abandonné ? » (Matthieu 27,46 reprenant le Psaume 22,1). Mais, dans cet abîme, il ne cesse de se tourner vers Dieu et refuse d\\\\\\\'utiliser ses pouvoirs de Fils pour éviter la mort.
« Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Isaïe 53,6), mais sur la Croix, le Christ est le serviteur parfait, vainqueur de toute haine par un amour sans limite
Jésus reste seul au jardin de Gethsémani, et là, c’est comme s’il mesurait le poids de son engagement. Veux-tu vraiment être uni à tous et à chacun ? Le Christ dit oui, oui, oui ! Pour chacun de nous, l’un après l’autre, le Christ dit « oui », personnellement. Malgré le dégoût que lui inspirent nos péchés, et l’ensemble de toutes les turpides du monde, à lui, innocent, son amour est sans condition, mais le poids de cette boue l’accable bien au-delà de ce qui est concevable et c’est pourquoi, avant même que quiconque ne l’ait touché, ses vêtements se couvrent de sang et il entre en agonie (Luc 22,44).
Il est le Rédempteur (Isaïe 41,14) qui a décidé de donner sa vie pour nous. En cette heure de ténèbres, le mal et la haine se déchaînent contre lui. Mais Jésus aime davantage : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34). Son amour est plus grand que la haine. « J’ai soif ! » (Jean 19,28) et son amour dépasse infiniment la haine. Son acte décisif d’obéissance au Père, au sein de la pire condition qui puisse exister, restaure la liberté humaine abîmée par le péché. Le Christ est Fils de Dieu, « impeccable » mais la victoire du Christ sur la Croix, c’est la victoire de l’amour absolu sur toute haine. Comme le dit saint Paul : « En sa personne, il a tué la haine » (Éphésiens 2,15).
Après sa mort et son ensevelissement, Dieu doit juger en toute justice le Christ total : la tête, Jésus, uni indéfectiblement à son corps, l’Église. Et le jugement est qu’il est vraiment digne du Royaume
« Il est la tête et nous sommes les membres » (Éphésiens 5,30). Mais la sainteté et l’amour infini de Jésus surpassent infiniment le déchainement de la haine et l’horreur de tous les péchés du monde. « Tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption » (Psaumes 16,10). Le Christ total est vraiment digne du royaume, comme le dit l’Apocalypse : « Digne est l\\\\\\\'Agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l\\\\\\\'honneur, la gloire et la louange. » (Apôtres 5,12). Et c’est ainsi que Dieu ressuscite Jésus, et qu’il nous ouvre à tous les portes du Royaume. « Dieu l’a exalté, le faisant chef et sauveur » (Apocalypse 5,31). Saint Thomas d\\\\\\\'Aquin dit que c’est l’« excellence de la charité du Christ » (Somme Théologique, IIIa Pars, qu. 48, art. 2 Resp.) qui nous sauve en dépassant infiniment l’attitude du pécheur.
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commentaire
posté
la formulation de Dieu qui enferme, « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde » me gêne un peu car, j'ai appris que Dieu ne noius enferme pas. Vu que nous sommes sans cesse par Dieu à évoluer et à tendre vers sa perfection de fils.