« Comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? », avait demandé le cardinal Joseph Ratzinger dans l’Instruction Donum vitae
Autrement dit, les deux concepts d’individu et de personne sont tout à fait solidaires l’un de l’autre. On peut donc faire valoir que la présomption est en faveur de la réponse affirmative, la charge de la preuve revient à qui veut répondre négativement. En effet, quiconque voudrait emprunter ce faux chemin devrait montrer que la proposition « Il existe certains individus humains qui ne sont pas des personnes. » est possible.
Saint Jean-Paul II avait sévèrement critiqué « la distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux entre être humain et personne humaine pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l’intégrité physique uniquement à la personne déjà née, (qui) est une distinction artificielle sans fondement scientifique, ni philosophique. » (Jean-Paul II, Discours aux participants à la VIIIe Assemblée générale de l’Académie pontificale pour la Vie, 27 février 2002).
L’Instruction Donum vitae postule cette interdépendance totale entre les deux notions
Elle rappelle un principe moral fameux, ancêtre de notre moderne principe de précaution : il n’est jamais permis d’agir avec une conscience douteuse lorsque la vie d’un innocent est en jeu.
L’Académie pontificale pour la vie ne dit pas autre chose : « Si l’on doute, devant un embryon humain, de se trouver devant une personne humaine, il est nécessaire de respecter l’embryon comme s’il l’était ; autrement, on accepterait le risque de commettre un homicide. Du point de vue moral, donc, le simple fait d’être en présence d’un être humain exige à son égard le plein respect de son intégrité et de sa dignité : tout comportement qui, d’une façon ou d’une autre, pourrait représenter une menace ou une offense vis-à-vis de ses droits fondamentaux, en premier lieu le droit à la vie, doit être considéré comme gravement immoral. » (Académie pontificale pour la vie, L’embryon humain dans la phase préimplantatoire, aspects scientifiques et considérations bioéthiques, Libreria editrice vaticana, 8 juin 2006, p. 43). « L’enjeu est si important, avait solennellement écrit sa sainteté Jean-Paul II, que du point de vue de l’obligation morale, la seule probabilité de se trouver en face d’une personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l’embryon humain » (Evangelium vitae, n. 60).
Il faut entrer dans une démarche de contemplation devant l’embryon humain pour y découvrir l’empreinte du Créateur
Au-delà de ce discours scientifique, métaphysique et éthique qui nous permet de penser adéquatement le statut de l’embryon, l’Église nous invite à porter loin notre regard et à cultiver un émerveillement humble devant la réalité de l’être humain dans sa plus extrême jeunesse. N’est-ce pas ce à quoi nous convie le pape Benoît XVI lorsqu’il demande aux scientifiques eux-mêmes d’entrer dans une démarche de contemplation devant l’embryon humain pour y découvrir l’empreinte du Créateur : « En réalité, celui qui aime la vérité, comme vous, chers chercheurs, devrait percevoir que la recherche sur un thème aussi profond nous met en condition de voir, et presque même de toucher, la main de Dieu. (…) L’amour de Dieu ne fait pas de différence entre celui qui vient d’être conçu et se trouve encore dans le sein de sa mère, et l’enfant, ou le jeune, ou bien encore l’homme mûr ou âgé, car en chacun d’eux il voit l’empreinte de sa propre image et ressemblance » ? (Benoît XVI, Discours aux participants du Congrès international organisé par l’Académie pontificale pour la Vie sur le thème « L’embryon humain dans sa phase préimplantatoire », 27 février 2006.)
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Quels sont ,sommairement, ces acquis scientifiques du développement embryonnaire qui permettraient d'avancer que l'âme est présente dés l'apparition de la vie?
jusqu'à ce jour, je n'ai pas saisi ce qui constituait le point ( biologique, philosophique... ) de discontinuité entre l'embryon sans âme et celui avec une âme. Car la Vie fonctionne ' à plein' dès la conception, sans aucune vraie rupture, simplement des étapes d'évolution.
Bonjour, J\'aimerai attirer votre attention sur un passage de l\'Evangile selon st Luc (ci dessous), l\'Annonciation (ça tombe bien nous sommes le 25 mars:), qui est suivi de la Visitation. Probablement peu de jour après la conception de Jésus, Marie arrive chez sa cousine Elisabeth. Et là, Jean Baptiste (6ème mois de grossesse) tressaille de joie à la présence de Jésus dans le sein de Marie (quelques jours de grossesse au plus). Cela n\'est il pas une preuve scripturaire de l\'intégrité âme corps dès la conception? Bien fraternellement dans le Christ, Balthasar St Luc au chapitre 1 (Version AELF) : 38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta. 39 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. 41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, 42 et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. 43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? 44 Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. 45 Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Merci pour cet article fouillé. Il ne m'apparaît pas clairement cependant si vous rejetez ou non la position de St François d'Aquin quand vous dites " les conclusions scientifiques elles-mêmes au sujet de l’embryon humain fournissent une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette première apparition de la vie humaine". Comme vous le savez le nombre d'individus jumeaux homozygotes qui seront issus d'un ovule fécondé est indéterminé, et peut varier à la hausse comme à la baisse pendant une dizaine de jours après fécondation. A quel moment selon vous faut-il alors situer la "première apparition de la vie humaine" si cette notion est indissociable de celle d'individu ? Je vous remercie beaucoup par avance de votre éclairage sur ce point.
ENSEIGNEMENTS DU MAGISTERE 1° DONUM VITAE, Jean-Paul II, 1987 SUR LE RESPECT DE LA VIE HUMAINE NAISSANTE ET LA DIGNITÉ DE LA PROCRÉATION. RÉPONSES A QUELQUES QUESTIONS D\'ACTUALITÉ http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19870222_respect-for-human-life_fr.html [...] Dès le moment de sa conception, la vie de tout être humain doit être absolument respectée, car l\'homme est sur terre l\'unique créature que Dieu a « voulue pour lui-même » [16] et l\'âme spirituelle de tout homme est « immédiatement créée » par Dieu [17]; tout son être porte l\'image du Créateur. I LE RESPECT DES EMBRYONS HUMAINS [...] 1. Quel respect doit-on à l\'embryon humain, compte tenu de sa nature et de son identité? L\'être humain doit être respecté — comme une personne — dès le premier instant de son existence. C\'est pourquoi le fruit de la génération humaine dès le premier instant de son existence, c\'est-à-dire à partir de la constitution du zygote, exige le respect inconditionnel moralement dû à l\'être humain dans sa totalité corporelle et spirituelle. L\'être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent à la vie.\" 2° COMMENTAIRE DE LA CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI INSTRUCTION DIGNITAS PERSONAE SUR CERTAINES QUESTIONS DE BIOETHIQUE, N°1. A ce titre, il est important de rappeler le critère fondamental d’éthique formulé par l’Instruction Donum vitae pour juger toutes les questions morales qui concernent les interventions sur l’embryon humain : « Le fruit de la génération humaine dès le premier instant de son existence, c’est-à-dire à partir de la constitution du zygote, exige le respect inconditionnel moralement dû à l’être humain dans sa totalité corporelle et spirituelle. L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment, on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi 3° EVANGELIUM VITAE, Jean-Paul II, 25 mars 1995 \"60. Certains tentent de justifier l\'avortement en soutenant que le fruit de la conception, au moins jusqu\'à un certain nombre de jours, ne peut pas être encore considéré comme une vie humaine personnelle. En réalité, « dès que l\'ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n\'est celle ni du père ni de la mère, mais d\'un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne sera jamais rendu humain s\'il ne l\'est pas dès lors. A cette évidence de toujours, ...la science génétique moderne apporte de précieuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant: une personne, cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l\'aventure d\'une vie humaine dont chacune des grandes capacités demande du temps pour se mettre en place et se trouver prête à agir ». Même si la présence d\'une âme spirituelle ne peut être constatée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la science sur l\'embryon humain fournissent « une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette première apparition d\'une vie humaine : comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? ».\" Source : http://www.vatican.va/edocs/FRA0204/__P4.HTM