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cliquez-iciCe que dit la Bible sur le thème : Judaïsme et christianisme
N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité : avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l’un de ces moindres préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux ; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux.
Pilate leur dit: "Que ferai-je donc de Jésus que l'on appelle Christ?" Ils disent tous: "Qu'il soit crucifié!" Il reprit: "Quel mal a-t-il donc fait?" Mais ils criaient plus fort: "Qu'il soit crucifié!" Voyant alors qu'il n'aboutissait à rien, mais qu'il s'ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l'eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant: "Je ne suis pas responsable de ce sang; à vous de voir!" Et tout le peuple répondit: "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!"
« Ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps. (…) Les juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture. » (Concile Vatican II, Nostra Aetate 4)
Benoît XVI explique que, selon les évangiles de Marc et de Jean, ce ne sont pas tous les Juifs qui ont ainsi crié, mais les "partisans de Barrabas" et les "chefs du sanhédrin". Par ailleurs, "le sang de Jésus n'exige ni vengeance ni punition, mais il est réconciliation... ce n'est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut". (Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth. Tome II, Paris 2011, p. 214-216)
Or je vous le dis à vous, les païens, je suis bien l'apôtre des païens et j'honore mon ministère, mais c'est avec l'espoir d'exciter la jalousie de ceux de mon sang et d'en sauver quelques-uns. Car si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d'entre les morts ?
Saint Paul, tout en évangélisant les païens, garde le souci et l’amour de son peuple. Leur « mise à l’écart » désigne le fait que ce ne sont pas tous les juifs d’alors qui ont reconnu en Jésus le Messie promis. Il ne s’agit pas là d’un rejet par Dieu, mais d’une « réconciliation pour le monde ». C’est-à-dire que Dieu a utilisé cette prise de position de certains juifs pour réhabiliter le monde entier dans sa grâce. Saint Paul est certain que cette « mise à l’écart » n’est pas définitive, mais sera suivie d’une « admission ». Et il souligne que, si cette « mise à l’écart » a été si féconde pour nous, « l’admission » le sera encore bien davantage : ce sera notre résurrection. Ce passage souligne combien le peuple juif a un rôle clé dans l’histoire du salut, même après le premier avènement du Christ.
Mais si quelques-unes des branches ont été coupées tandis que toi, sauvageon d'olivier tu as été greffé parmi elles pour bénéficier avec elles de la sève de l'olivier, ne va pas te glorifier aux dépens des branches. Ou si tu veux te glorifier, ce n'est pas toi qui portes la racine, c'est la racine qui te porte. Tu diras: On a coupé des branches, pour que, moi, je fusse greffé. Fort bien. Elles ont été coupées pour leur incrédulité, et c'est la foi qui te fait tenir. Ne t'enorgueillis pas; crains plutôt. Car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, prends garde qu'il ne t'épargne pas davantage.
Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: sévérité envers ceux qui sont tombés, et envers toi bonté, pourvu que tu demeures en cette bonté; autrement tu seras retranché toi aussi. Et eux, s'ils ne demeurent pas dans l'incrédulité, ils seront greffés: Dieu est bien assez puissant pour les greffer à nouveau. En effet, si toi tu as été retranché de l'olivier sauvage auquel tu appartenais par nature, et greffé, contre nature, sur un olivier franc, combien plus eux, les branches naturelles, seront-ils greffés sur leur propre olivier !
"L'Eglise ne peut oublier qu'elle a reçu la révélation de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l'antique Alliance, et qu'elle se nourrit de la racine de l'olivier franc" (Vatican II, Nostra Aetate § 4).
Car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance.
Dans cette phrase, Saint Paul parle des dons et de la vocation dont Dieu a gratifié le peuple juif. Il souligne la fidélité de Dieu, donc la pérennité du rôle et de la dignité du peuple juif à travers l’histoire. Cette phrase peut légitimement s’entendre aussi des dons et de l’appel de Dieu sur chacun d’entre nous, en dépendance de ce sens premier qui concerne le peuple juif.
L'Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, annonça d'avance à Abraham cette bonne nouvelle: En toi seront bénies toutes les nations.
"L'Eglise confesse que tous les fidèles du Christ, fils d'Abraham selon la foi, sont inclus dans la vocation de ce patriarche" (Vatican II, Nostra Aetate § 4).
Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix: en sa personne il a tué la Haine.
« L'Eglise croit, en effet, que le Christ, notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même des deux a fait un seul » (Vatican II, Nostra Aetate § 4).
Ce que dit l'Église sur le thème : Judaïsme et christianisme
Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute (la Passion du Christ), ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la Croix, à coup sûr, ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal (Hebr., 6, 6.) crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre (Cor., 2, 8.), s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides.
L’Ancien Testament est une partie inamissible de l’Ecriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente, car l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée. (…) Les chrétiens vénèrent l’Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. L’Église a toujours vigoureusement repoussé l’idée de rejeter l’Ancien Testament sous prétexte que le Nouveau l’aurait rendu caduc (Marcionisme).
La circoncision de Jésus, le huitième jour après sa naissance, est signe de son insertion dans la descendance d’Abraham, dans le peuple de l’Alliance, de sa soumission à la loi, et de sa députation au culte d’Israël auquel Il participera pendant toute sa vie. Ce signe préfigure la « circoncision du Christ » qu’est le Baptême (Col 2, 11-13).
L'Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. Avec le Baptême de Jésus au Jourdain et les noces de Cana, elle célèbre l’adoration de Jésus par des « mages » venus d’Orient (Mt 2,1). Dans ces « mages », représentants des religions païennes environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour « rendre hommage au roi des Juifs » (Mt 2, 2) montrent qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David, celui qui sera le roi des nations. Leur venue signifie que les païens ne peuvent découvrir Jésus et L’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se tournant vers les juifs et en recevant leur promesse messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament. L’Épiphanie manifeste que « la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches » et acquiert la Israelitica Dignitas.
L’Église, Peuple de Dieu dans la Nouvelle Alliance, découvre, en scrutant son propre mystère, son lien avec le Peuple Juif, "à qui Dieu a parlé en premier" (Prière universelle du Vendredi Saint). A la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà réponse à la révélation de Dieu dans l’Ancienne Alliance. C’est au Peuple Juif qu’"appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né selon la chair le Christ." (Rm 9, 4-5) car "les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11, 29).
La première dimension de ce dialogue (entre catholiques et juifs), c’est-à-dire la rencontre entre le Peuple de Dieu de l’ancienne Alliance, une Alliance qui n’a jamais été dénoncée par Dieu (cf. Am 11, 29), et le Peuple de Dieu de la nouvelle Alliance, est en même temps un dialogue intérieur à notre Église, s’établissant pour ainsi dire entre la première et la deuxième partie de la Bible.
En réalité, dans le mystère du Christ crucifié et ressuscité, l'accomplissement s'effectue d'une manière imprévisible. Il comporte un dépassement. Jésus ne se limite pas à jouer un rôle déjà fixé — le rôle de Messie — mais il confère aux notions de Messie et de salut une plénitude qu'on ne pouvait pas imaginer à l'avance; il les remplit d'une réalité nouvelle; on peut même parler, à ce sujet, d'une « nouvelle création ». On aurait tort, en effet, de considérer les prophéties de l'Ancien Testament comme des sortes de photographies anticipées d'événements futurs. [...]
L'attente juive messianique n'est pas vaine. Elle peut devenir pour nous chrétiens un puissant stimulant à maintenir vivante la dimension eschatologique de notre foi.
Nous comme eux, nous vivons dans l'attente.
La différence est que pour nous Celui qui viendra aura les traits de ce Jésus qui est déjà venu et est déjà présent et agissant parmi nous.
Citations sur le thème : Judaïsme et christianisme
L’existence actuelle du peuple juif, sa condition souvent précaire au long de son histoire, son espérance, les épreuves tragiques qu’il a connues dans le passé et surtout dans les temps modernes, et son rassemblement partiel sur la terre de la Bible constituent de plus en plus, pour les Chrétiens, une donnée qui peut les faire accéder à une meilleure compréhension de leur foi et éclairer leur vie.
La permanence de ce peuple à travers le temps, sa survie aux civilisations, sa présence comme un partenaire rigoureux et exigeant en face du Christianisme sont un fait de première importance que nous ne pouvons traiter ni par l’ignorance ni par le mépris. L’Église, qui se réclame du nom de Jésus-Christ et qui, par lui, se trouve liée depuis son origine et pour toujours au peuple juif, perçoit dans l’existence séculaire et ininterrompue de ce peuple un signe qu’elle voudrait comprendre en toute vérité.
L’Eglise est pour Israël le signe de Jonas de la conversion des païens au vrai Dieu, qui rappelle à celui-ci que les temps messianiques ont commencé avec un élément de visibilité. Mais inversement, l’incrédulité d’Israël par rapport à la messianité de Jésus, et la permanence d’Israël envers et contre tout depuis vingt siècles, rappelle à l’Eglise que l’accomplissement de ce même Royaume messianique reste inachevé et que l’espérance messianique d’Israël garde son sens jusqu’à l’avènement du Christ dans la gloire. Les juifs ont raison quand ils nous font remarquer que toutes les promesses messianiques ne sont pas achevées. Ils ont par contre tort de sous-estimer le signe de Jonas, la conversion des païens comme signe du commencement du Royaume.
Afin que soit rétablie la communion perdue entre lui et les hommes, Dieu a conçu un plan de Salut (de Rédemption) en faveur de toute l'humanité. Il a décidé de réaliser ce plan en s'appuyant sur un peuple particulier. Pour cela, il a choisi non pas un peuple parmi tous les autres peuples, mais d'appeler à l'existence un peuple qui jusque là n'existait pas : le peuple d'Israël, forgé à partir d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Or, avec ces patriarches et leurs descendants, Dieu a fait une Alliance qu'il a lui-même déclarée "éternelle".
La venue de Jésus au sein du peuple d'Israël n'a pas abrogé cette Alliance. Sur le cours de celle-ci, elle a déterminé un avant Jésus et un "à partir de Jésus" appelé la "Nouvelle Alliance" (Alliance signée par le sang de Jésus). La Nouvelle Alliance est donc une nouvelle phase de l'Alliance éternelle de Dieu avec Israël (cf. Jérémie 31 :31 et Hébreux 8 : 8). Par fidélité à sa parole, Dieu reste en Alliance avec Israël.
Cela étant posé, à un moment donné (cf. Actes 10), l'Evangile est annoncé aux non-Juifs, hommes et femmes de toutes tribus, de toutes nations, de toutes langues. Ceux qui le reçoivent sont ipso facto intégrés dans son Alliance "nouvelle formule" avec Israël.
L’Eglise apparaît à Jérusalem, après la Pentecôte, comme "assemblée", kahal en hébreu, ecclesia en grec. Il est inimaginable qu’elle prétende se substituer à Israël. Elle n’est pas un autre Israël, elle est l’accomplissement même en Israël du dessein de Dieu. Cette Eglise – celle du Messie, de Jésus – est d’abord l’Eglise de Jérusalem telle que nous la décrivent les Actes des Apôtres ; elle sera l’Eglise-Mère. Cette Eglise vit l’accomplissement des promesses faites à Israël et donné dans le Christ : la grâce faite à Israël est dans le Messie ouverte aux païens. Selon la formule de Luc dans le cantique du vieillard Syméon (Luc 2, 32), "cet enfant est la lumière pour l’illumination des nations, et pour la gloire d’Israël, son peuple". Ainsi, quand arrive l’accomplissement de cette espérance, les nations accèdent à l’Election d’Israël et en partagent la grâce.
Les nations chrétiennes étaient, par la foi dans le Messie crucifié, redevables de l’espérance d’Israël ; elles ont relégué en marge de leur société, abandonné à la pauvreté et à la marginalité, rejeté dans la dépossession de tout bien, de toute racine, de toute identité, le peuple choisi par Dieu pour en témoigner. N’est-ce pas le peuple juif qui a été le témoin le plus visible de l’eschatologie pendant quinze siècles d’Europe ? Peuple de témoins malgré eux, en dépit d’eux-mêmes, vivant dans la fidélité jusqu’au martyre, dans le péché peut-être, mais témoins de ce que le Royaume n’est pas de ce monde. Le martyre et l’attente messianique des juifs n’auraient-ils aucun sens, aucun prix pour l’Eglise, qui attend la Parousie du Sauveur de tous ?
Faut-il le rappeler ? Le Christ était juif ! Un juif qui connaissait les Psaumes et qui a interprété la tradition biblique d’une façon qui a plu aux uns et déclenché les protestations des autres… Pour un certain nombre de pharisiens et de responsables du Temple, Jésus était un type dangereux pour l’unité d’Israël et c’est pour ça qu’ils ont fini par le tuer. Mais il y a eu un grand malentendu : on a accusé tout le peuple juif d’avoir tué Jésus. C’est une erreur ! Une bonne analyse des textes montre que ce sont des responsables religieux du judaïsme, des « gens du Temple », des scribes qui ne comprenaient pas son témoignage qui l’ont éliminé. L’incompréhension a duré des siècles et, avant le Concile, dans la liturgie du Vendredi Saint, il y avait une prière pour les « juifs perfides », qui avaient trahi la foi. Seulement, à la veille de Vatican II, Auschwitz bouleverse le monde.
La Shoah pose des questions sur l’attitude des chrétiens par rapport aux juifs : certains ont participé au génocide, d’autres, en raison de leur foi et de leur humanité, les ont sauvés. La majorité est restée passive. Un grand historien juif, Jules Isaac, dont une partie de la famille a été déportée, a une influence déterminante. En 1949, il demande au Pape Pie XII de renoncer à l’enseignement du mépris dans le catéchisme catholique… et obtient gain de cause dix ans plus tard, lorsque Jean XXIII supprime la prière pour les juifs perfides. Reconnaître ses racines juives, c’est d’abord se rapprocher du Christ. C’est aussi un moyen de nous mettre sur un terrain de dialogue et de communion avec les juifs, dans la recherche du Dieu unique, de nous inscrire dans une tradition monothéiste plurielle, où coexistent le christianisme, le judaïsme et l’islam. Et c’est d’autant plus important aujourd’hui qu’un certain nombre de jeunes catholiques sont en contact avec des jeunes musulmans… Même s’il est bien clair que, pour un chrétien, Jésus est une rupture : avec lui, Dieu a fait irruption dans la chair et l’histoire humaine, ce qui est tout à fait refusé par les juifs et par les musulmans.
« Jésus, le Messie d’Israël, le plus grand donc dans le Royaume des cieux, se devait d’accomplir la Loi en l’exécutant dans son intégralité jusque dans ses moindres préceptes selon ses propres paroles. Il est même le seul à avoir pu le faire parfaitement. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 578.)
Le Seigneur Jésus n’est pas venu parmi nous dans le but d’abolir la Loi mosaïque donnée par Dieu au peuple d’Israël. Il en a pratiqué les commandements; il a vécu et est mort en juif fidèle. Certes il a eu des controverses avec les juifs de son temps à propos de la manière dont il convenait de pratiquer les commandements ; mais ces controverses ne constituaient pas une mise en cause de la validité de la Loi mosaïque.