L’Église a-t-elle méprisé les femmes ?
-
1.
Dès les origines du christianisme les femmes ont été impliquées dans la transmission de la foi chrétienne. Très présentes autour du Christ, elles ont eu, dans la construction des premières communautés chrétiennes, un rôle éminent bien que différent de celui des apôtres de Jésus.
-
2.
Contrairement à une légende tenace, l’Église médiévale n’a pas opprimé les femmes ni enseigné qu’elles étaient inférieures aux hommes. Le fameux concile de Mâcon n’a pas discuté de l’existence d’une âme chez les femmes : cette fable provient d’une déformation du témoignage de Grégoire de Tours, un évêque de la fin du VIe siècle.
-
3.
Au Moyen Âge, les femmes occupaient une place éminente parmi les grands modèles de sainteté. Seule à ne pas être marquée du péché originel, la Vierge Marie était reconnue comme l’idéal ultime de perfection pour les fidèles : la Mère de Dieu est aussi celle de tous les membres du Corps de son Fils, qu’elle enfante et protège dans leur foi.
-
4.
Loin d’avoir été misogyne, l’Église du Moyen Âge a donné aux femmes une liberté qu’elles n’avaient pas auparavant et qu’elles ont en partie perdue par la suite. Sans être dénuée de préjugés à l’égard des femmes, l’Église médiévale a cherché par de nombreux moyens à les protéger, notamment en promouvant le mariage monogame et indissoluble.
-
5.
À la Renaissance, le retour du droit romain, peu favorable aux femmes, entraîna un durcissement des institutions civiles et religieuses à leur égard. Avec la Révolution, les femmes n’obtinrent aucune existence politique et le Code civil (1804) renforce l’autorité du père de famille, et son droit de propriété au détriment de la femme. Si les femmes ont pu être reléguées dans une position de subordination, elles ont gardé dans l’Église une place particulière, par exemple en tant que fondatrices de nouvelles formes de spiritualité.
-
6.
Au niveau des principes, l’Église contemporaine n’a cessé de rappeler le rôle unique des femmes dans la tradition biblique puis chrétienne. Les derniers papes ont pris en compte de manière nouvelle la condition et la vocation des femmes. La réflexion anthropologique de saint Jean-Paul II a été poursuivie par la réflexion de Benoît XVI sur les responsabilités des femmes dans l’Église.
Agrégée d'histoire et chargée de travaux dirigés en histoire moderne à l'Université Paris-IV Sorbonne, Aubrée Chapy s'est spécialisée dans l'histoire des femmes dans leurs liens avec la religion, et l'histoire politique aux XVe et XVIe siècles. L'auteur a écrit différents articles sur Napoléon aux éditions Atlas et participe à de nombreuses publications historiques.
- L'Église et les femmes - publié en 2009 aux Éditions Tempora
Documents de référence
Lutter contre l'instrumentalisation du passé nécessite de connaître l'histoire. On ne s'oppose pas au mensonge par des slogans, ni par des mensonges inversés, mais par la quête inlassable de la vérité. (Jean Sévillia)
Les femmes dans l'Église
7
commentaires
postés
A Timothée : Cette malheureuse phrase de Mgr VINGT-TROIS, il s'en est excusé, semble remonter d'une mauvaise expérience qu'il a faite et non de son ignorance des femmes qui ont été couronnées pour leur apport intellectuel dans l'Eglise depuis le 15ème siècle. Il aurait pu dire "il ne suffit pas d'avoir des muscles pour diriger" sans pour autant invectiver tous les hommes. Depuis 30 ans, je ne vois presque que des femmes dans les services d'Eglise et même en tant que responsables. On ne leur barre donc pas la voie. En tant que catéchiste vous devez bien le savoir. Dans mon église, il y a autant d'hommes que de femme pour balayer, quoique les hommes le fassent un peu moins bien que les femmes, le problème est surtout de trouver des balayeurs(ses). Quant aux bouquets décoratifs, les femmes ont naturellement la main pour les composer et je ne connais ici aucun homme qui s'aventure à les concurrencer. Le cantique évoqué par Virginie est "tu es devenu enfants de Dieu et frère de Jésus ..." ce qui veut dire "de la fratrie de Jésus" mais, ici, si c'est une fille et que les parents en font la remarque ils mettent sans problème "et soeur de Jésus" dans leur livret et le baptême est absolument valide ... Je ne pense pas que le statut de la femme repose sur de telles "querelles byzantines"
Madame Brouillard confond la fonction et la personne.La grammaire doit être respectée.Madame le Ministre est l'exemple type... Si la liturgie vous offense, invoquez Notre Dame et priez votre chapelet en latin, c'est beaucoup plus sanctifiant ! La liturgie actuelle "tutoie Dieu dans le " Pater Noster", mais pas en latin, mais heureusement, continue de vouvoyer avec élégance Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous... Ce formalisme ne doit pas nous faire oublier de nous recueillir profondément dans nos prières, d'y mettre toute notre foi. Ainsi la tentation du diable ne réussira pas à nous la faire succomber comme Jésus n'a pas succombé à toutes les tentations que Satan Lui proposait dans le désert. "Et ne nos inducas in tentationem" - Sed libera nos a malo ! Amen
C'est bien beau de "rappeler le rôle unique des femmes dans la tradition biblique puis chrétienne", mais au niveau du vocabulaire, notre Sainte Eglise a des progrès à faire. En effet , la langue française est suffisamment riche pour éviter de toujours dire "l'homme" ou "les hommes" au lieu de "l'humain", "l'être humain", "les humains", "les personnes", "fils" au lieu de "enfant". Oui, je sais, en grammaire française, le terme "homme" recouvre aussi bien les hommes que les femmes, mais justement, la grammaire doit évoluer en fonction des époques; nous sommes à l'époque où les femmes ont accès à toutes les professions qui, jusqu'à une période très récente, leur étaient interdites. Il y a des conductrices de car, des écrivaines, des sculptrices, des plombières, etc...Et que dire du franc ridicule d'un cantique répandu au moment des baptêmes d'adultes : "Tu es devenu frère de Jésus", que l'on chante sans vergogne même pour les baptêmes de femmes ? Il y a quelques années, j'avais fait part de cela au Primat des Gaules, et Monseigneur Barbarin m'avait répondu qu'il en tiendrait compte. Mais je ne vois guère de progrès dans les textes liturgiques ni dans les cantiques...
Il n'en reste pas moins que, comme dans la société civile d'ailleurs, le rôle assigné aux femmes est aujourd'hui encore inégal. On parle des "mamans caté" (alors qu'il existe aussi des hommes qui font le catéchisme, j'en fais partie), et on leur demande plus facilement de faire le ménage des églises, de réaliser les bouquets de fleurs, etc., ce qu'on ne demandera jamais à un homme. Enfin, j'dis ça, j'dis rien... Il faudra aussi qu'on m'explique pourquoi, dans certains diocèses, il est interdit aux filles d'être enfant de choeur... les reléguant à l'accueil ou à la procession des offrandes. Pourquoi la plupart des séminaristes revendiquent ce fonctionnement. Que l'on m'explique aussi la phrase maladroite de Mgr Vingt-Trois à l'origine de la salutaire réaction du comité de la jupe, puis de la création de la CCBF "il ne suffit pas d'avoir une jupe, il faut aussi avoir quelque chose dans la tête".
C'est l'Eglise catholique qui, lors des grandes invasions, a imposé aux barbares de ne pas prendre de femmes de moins de 16 ans. C'est la Révolution, qui a cherché à abattre l'Eglise (plus de 2000 prêtres furent guillotinés, noyés ou envoyés au bagne), qui a re-institué la répudiation appelée divorce. A cette époque, les femmes n'avaient pas la possibilité de travailler et, lorsqu'elles étaient en charge d'enfants, elles étaient sous la menace de cette sanction qu'avaient mis au point les bourgeois athées révolutionnaires qui ainsi assuraient leur suprématie tout en semblant donner de la liberté. La Révolution supprima aussi les jours de congé pour les ouvrier, institués par l'Eglise pour la célébration de la mémoire des saints, elle supprima les syndicats ouvriers (les corporations) afin afin qu'ils n'aient plus la maîtrise de leurs salaires. Appauvris, les ouvriers entrèrent dans une société industrielle à la Zola et les femmes (comme les enfants) durent travailler dure en plus de leur rôle familiale pour assurer les revenus, cela s'appela l'émancipation féminine. On pourrait continuer ainsi toutes les fausses libertés qui ont été données aux femmes pour mieux les dominer, à cause de leur nature, même après qu'elles aient eu le droit de vote, etc. A notre époque, celles qui souffrent le plus de la misère sont les femmes, surtout les mères seules, et la seule façon qu'elles ont de moins souffrir c'est de ressembler aux hommes, c'est à dire rejeter leur nature, ce qui n'est peut-être pas un objectif de bonheur pour toutes. On voit donc que l'Eglise est la seule à réellement défendre le bonheur des femmes, bonheur qui ne passe pas nécessairement par l'état de prêtre(sse). Aucune comparaison n'est à faire entre un prêtre et un pasteur femme; dans l'Eglise catholique une femme peut, comme un pasteur, lire les textes sacrés, être théologienne, travailler dans les services de catéchèse (catéchisme, catéchuménat, aumôneries).
Un beau texte qui donne toute la place qu'elles méritent aux femmes dans et en dehors de l’Église, merci. Je l'ai partagé sur plusieurs blogs et sites.
Merci pour ce texte riche et documenté, qui permet d'avoir une vison claire et argumentée sur ce sujet important. Je diffuse largement. union de prières