L'enfer existe-t-il ?
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1.
Le Nouveau Testament évoque souvent l’enfer dont Jésus lui-même parle une cinquantaine de fois dans l’Évangile : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Luc 13, 23-24). À sa suite, l’enseignement de l’Église affirme clairement et sans ambiguïté l’existence de l’enfer et son éternité.
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2.
Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi Saint. La descente de Jésus aux enfers est une façon de proclamer la victoire de la vie sur la mort et la délivrance de tous les justes morts avant lui que Jésus entraine par sa résurrection dans le Royaume de Dieu.
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3.
La parabole du riche qui fait des festins somptueux sans voir le pauvre Lazare qui souffre à sa porte évoque l’irréversibilité du choix que nous faisons au moment de la mort : les peines de l’enfer sont immuables et Jésus en parle comme d’un feu.
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4.
La miséricorde infinie de Dieu est-elle conciliable avec l’existence de telles peines éternelles ? En réalité, c’est la créature qui se ferme à l’amour de Dieu, qui le refuse librement et qui choisit son destin. Dieu ne prédestine personne à aller en enfer et il veut que tous les hommes soient sauvés, mais il a créé l’homme libre et il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté. L’endurcissement dans le refus du pardon de Dieu conduit en enfer, mais c’est toute la vie qui prépare ce choix final : on peut pressentir l’existence de Dieu et même son amour et le refuser.
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5.
La principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu. Le feu de l’enfer existe et Jésus en parle, mais il ne faut pas l’imaginer en un sens trop matériel. Dieu est tout à la fois justice et miséricorde, et le damné reste son enfant. Il semble bien que les peines de l’enfer soient proportionnées aux fautes de chacun.
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6.
L'existence de l'enfer n'empêche mystérieusement pas les âmes d'être heureuses au Paradis.
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7.
Plusieurs saints et mystiques ont fait « l'expérience de l'enfer » et la Vierge à Fatima a lancé un appel pressant à prier et à se sacrifier pour les pécheurs. Les avertissements de l’Écriture et de la Tradition sont de même de pressants appels à la responsabilité.
Père Dominique Le Tourneau, chapelain de Sa Sainteté, canoniste, écrivain et poète, prêtre de la prélature de l’Opus Dei, a publié environ deux cents articles scientifiques de revues, dictionnaires et encyclopédies juridiques, théologiques, historiques et de spiritualité, ainsi qu’une vingtaine d’ouvrages. Il enseigne au Studium de droit canonique de Lyon.
- Droits et devoirs fondamentaux des fidèles et des laïcs dans l’Église, Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2011
- La dimension juridique du sacré, Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012
- Les mots du christianisme. Catholicisme – Orthodoxie – Protestantisme (Fayard, 2005)
- Dictionnaire encyclopédique de Marie (D.D.B., 2015) avec P.-R. Ambrogi
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commentaires
postés
merci pour ce texte. Quand on parle d'enfer d'enfer, on nous taxe de moralisateur et que Dieu sauvera tout le monde par pitié. Profitons donc de sa miséricorde pour l'éviter
Concernant la pensée suivante : "6. L'existence de l'enfer n'empêche mystérieusement pas les âmes d'être heureuses au Paradis." Ne faut-il pas nuancer ce propos par cette citation ? 03 Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. 04 Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite. (1 Jn 3-4) Cette citation semble montrer que les âmes saintes cherche à être en communion avec chacun d'entre nous et que la conversion de tous contribue à leur joie. Cependant, on peut contredire cela en affirmant que l'auteur ne s'adresse pas à ceux qui sont morts. Concernant le 1er sous-paragraphe de la pensée 7: "L’Église n’a jamais cité personne nommément comme étant à coup sûr en enfer" Hans Urs von Balthazar, a à travers (au moins) deux de ses livres "Espérer pour tous" et "L'enfer une question" évoqué la possibilité que la totalité des hommes puisse être sauvée. On trouve sur le lien suivant une critique de ces deux oeuvres : http://jesusmarie.free.fr/elus_guy_pages_repond_a_urs_von_balthasar.html
Merci pour cette presentation d'une très grande clarté et qui aborde en plus des points rarement traités.
Oui, c'est ce que je crois. Imaginez mon étonnement le dimanche 4 septembre dernier - 2016 - quand un prêtre invité à l'émission d'évangélisation (supposément catholique) appelée pompeusement "La Victoire de l'Amour" (et qui s'appelait au début du siècle "Évangélisation 2000", émission télédiffusée à 12h30 sur les ondes de TVA, pour l'ensemble de la Province de Québec) a dit que sa "compréhension de l'enfer consistait en ce que le "damné" était simplement renvoyé dans le néant par Dieu" ... . Ce prêtre, qui enseignait une pareille élucubration à la télévision, dans une émission supposément catholique, n'a nullement été inquiété par l'animateur ("qui ne dit mot consent"). Si j'en parle, c'est parce que je l'ai entendu, moi, de mes propres oreilles et que l'enregistrement de l'émission peut être consulté facilement. Est-ce ça la "nouvelle évangélisation" ?
Bonjour, Merci Mgr pour cet article lucide, remarquablement bien documenté et qui fait réfléchir... Ne perdons jamais l'Espérance en son infinie Miséricorde de vue sans nous déresponsabiliser pour autant. Filialement,
Chaque mot est pesé, mesuré, déposé, à sa juste place.
Tout est dit.
Et pourtant, c'est l'enfer que d'écrire sur l'enfer !
Entre ceux qui vous jettent l'anathème de vouloir faire peur aux pauvres âmes éternelles et qui de toute façon se réincarneront !, doctrine New Age, donc peuvent commettre autant d'erreurs qu'elles veulent,
et ceux qui vous reprochent, vous jettent la pierre de l'obscurantisme religieux, comme si cacher la nuit de l'homme pouvait l'empêcher d'exister.
L'enfer, c'est cette deuxième mort, parole du CHRIST, qui recycle l'âme divine pour "l'enfer-mer" dans un cycle diabolique, où le cristal pur divin devient du charbon noir qui absorbe la lumière au lieu de la diffuser.
C'est du "vampirisme" énergétique, la destruction de l'être qui se prête à cette mort éternelle, parce qu'il a voulu non pas "être", mais "avoir".
Avoir des biens, non pas le Bien, mais des biens matériels, temporels, sans ou avec intérêts comme de l'argent pour briller aux yeux des gens.
Oublieux des cieux, cet homme meurt et perd son âme.
Merci pour cet article d'une profondeur abyssale, courageux et décisif, comme le choix entre la vie de l'homme sans Dieu, souvent réussi sur cette terre vouée au Veau d'Or, et la Vie éternelle de l'Homme avec Dieu, sans séparation, donc le Paradis !
Son Royaume n'est pas de ce monde.
Ne l'oublions jamais.
Bonjour,
Je me permets de vous envoyer le témoignage du Père Amantini(qui va être béatifié) et qui fût le grand exorciste de Rome
Voir ci-dessous:
Merci
JM
P. Candido Amantini
En 2012, était ouverte à Rome la cause de béatification et de canonisation du P. Candido Amantini, prêtre passioniste qui a été pendant 36 ans l'exorciste de l’Etat du Vatican et du diocèse de Rome à la Scala de Santa.
Son plus célèbre disciple (considéré comme son successeur), Don Gabriele Amorth, 87 ans, a souhaité participer à la cérémonie d'ouverture de son procès en canonisation. Le prêtre paulinien, qui a récemment publié le livre The Last Exorcist (Le dernier exorciste), a souhaité évoquer le souvenir du prêtre passioniste et parler de l'époque où le diable a parlé de l'Enfer à son professeur.
Don Amorth, êtes-vous heureux ? Le père Candido va devenir bienheureux.
Don Amorth : C’est pour moi une grande joie, le père Candido était un homme de Dieu ! Toujours serein, toujours souriant, jamais en colère, même avec le diable ! Tout le monde parlait de lui, il était très connu à Rome, où il a exercé sa fonction d’exorciste sans interruption.
Que retenez-vous de votre professeur ?
Don Amorth : Il était doté de charismes particuliers. Par exemple, il lui suffisait de voir une photographie pour déterminer si une personne avait besoin d'un exorcisme ou d’un traitement médical... Je vais vous raconter une histoire. Un jour, j'étais avec lui et il m'a montré trois photographies qu’on lui avait apportées. Il a pris la première, représentant un homme, et m'a dit : « Voyez-vous, Don Amorth? ». Et j’ai répondu : « Je ne vois rien ». Et lui : « Cet homme n'a besoin de rien ». Puis il a pris la photo d'une femme et m’a demandé à nouveau : «Voyez-vous, Don Amorth ?», et moi de nouveau : « Je ne comprends rien, Don Candido ». Lui : « Cette femme a grandement besoin d’un traitement médical, elle a besoin de voir un médecin, pas un exorciste ». Enfin, il a pris la troisième photo, celle d’une jeune femme : « Voyez-vous, père Amorth? Cette jeune femme a besoin d'un exorcisme, ne voyez-vous pas ? " Et je lui ai répondu: «Père Candido, je ne vois rien ! Je vois seulement si quelqu'un est beau ou laid. Et pour être tout à fait honnête, cette jeune femme n'est pas mal du tout ! ». Il éclata de rire ! J'avais fait une plaisanterie, mais lui avait déjà compris que cette fille avait besoin de Dieu.
Vous avez dit que le Père Candido ne se fâchait jamais, pas même avec le diable. Satan avait peur de lui ?
Don Amorth : Il en avait très peur, il tremblait devant lui ! Il s’enfuyait immédiatement. En réalité, le diable a peur de nous tous, il nous suffit de vivre dans la grâce de Dieu!
Évidemment, vous avez assisté aux exorcismes de Don Amantini...
Don Amorth : Bien sûr ! J’y ai assisté pendant six ans. J'ai été nommé exorciste en 1986 et, à partir de là, j'ai pratiqué des exorcismes avec lui. Puis en 1990, deux ans avant sa mort, j’ai commencé à opérer seul, car il avait cessé de les pratiquer. Si quelqu’un venait à lui, il répondait : « Allez voir le Père Amorth ». C’est pourquoi on me considère comme son successeur…
Le P. Candido était-il ironique même avec le diable ?
Don Amorth : Je vais vous raconter une histoire très importante pour vous aider à comprendre une vérité. Vous devez savoir que, quand il y a un cas de possession diabolique, un dialogue s’instaure entre l'exorciste et le diable. Satan est un grand menteur, mais parfois le Seigneur l'oblige à dire la vérité. Une fois que le père Candido libérait une personne après de nombreux exorcismes, avec son ironie habituelle il a dit au diable : « Va-t-en, le Seigneur a créé pour toi une petite place toute chaude, il t’a préparé une jolie petite demeure où tu ne souffriras pas du froid ». Mais, l’interrompant, le diable lui a lancé : « Tu ne comprends rien du tout ». Que voulait-il dire ? Quand le diable interrompt en disant quelque chose comme ça, c’est que Dieu lui a imposé de dire la vérité. Et cette fois-ci, c’était d’une importance extrême. Les fidèles me demandent souvent : « comment est-il possible que Dieu a créé l'enfer, pourquoi a-t-il pensé à un lieu de souffrance? ». A ce moment-là, le diable a répondu aux provocations du P. Candido en révélant une vérité importante sur l'Enfer : « Ce n’est pas Lui, Dieu, qui a créé l’Enfer. C’est nous ! Il n’y avait même pas pensé ! ». Donc, dans le plan de la création de Dieu, l'existence de l'Enfer n'avait pas été envisagée. Ce sont les démons qui l’ont créé ! Au cours des exorcismes, j'ai souvent demandé au diable : « Avez-vous créé l’Enfer ? Et sa réponse a toujours été la même : « Nous avons tous coopéré ».
Quels conseils le Père Candido vous a-t-il donné ?
Don Amorth : Il m'a donné de nombreux conseils, surtout dans les deux dernières années de sa vie. Le plus important ? Etre un homme de foi et de prière, et toujours demander l'intercession de la Très Sainte Vierge. Et puis toujours être humble, car un exorciste doit savoir qu'il ne vaut pas une chique sans Dieu. C'est le Seigneur qui fait le travail d'exorcisme. S’Il n’intervient pas, l’exorcisme ne vaut rien.
Article repris de Stanze Vaticane
Traduit de l'anglais par Elisabeth de Lavigne
Frère Prem Bhai