La vocation doit nous conduire à la liberté, à l’unification, à l’amour, à la mission et à trouver notre place et notre joie en répondant aux besoins du monde. Toute vocation est une mission, dans une réalité très incarnée, pour vivre notre pèlerinage sur terre avec les autres et pour les autres.
La vocation conduit à la liberté, l’unification, l’amour, la vie, la mission et surtout vers les autres
Un des signes que l’on est bien sur le chemin de notre vocation profonde, c’est de marcher vers une unification intérieure, une plus grande liberté, un plus grand amour. La vocation nous met sur un chemin qui donne plus de vie, qui porte du fruit pour les autres. C’est pour cela que toute vocation est mission. C’est quelque chose de très important, c’est-à-dire que l’on ne reçoit jamais cette vocation d’abord et uniquement pour soi-même. On reçoit une vocation pour les autres, pour le service de l’Église et du monde. Et le signe que l’on est sur le chemin de sa vocation, c’est justement qu’il y a une fécondité : on porte du fruit pour les autres. Ce n’est pas seulement un chemin qui va me rendre heureux, moi, mais qui va rendre les autres heureux.
La joie de la vocation est de répondre aux besoins du monde
J’aime beaucoup cette définition d’un théologien américain (Frederick Buechner, ndlr) : « A vocation is the place God calls you where your deepest gladness meets the world's deepest hunger - Une vocation, c’est le lieu où Dieu t’appelle pour que ta plus grande joie y rejoigne la plus grande faim du monde ». Quelque part, la vocation est l’endroit où notre joie la plus profonde répond aux besoins les plus criants du monde. C’est la rencontre entre le cri, la souffrance du monde qui va me toucher, moi, et me faire entrer dans une joie profonde. On peut penser à la vocation de Moïse. Quand Dieu l’appelle, il lui dit : « « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple et j’ai entendu sa supplication. […] Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les Fils d’Israël » (Exode 3, 1-10).
Être à l’écoute de Dieu et des autres pour discerner sa vocation
C’est pour cela que, pour découvrir et discerner sa vocation, il est très important d’être à l’écoute de Dieu, de sa Parole, dans la prière, dans les sacrements. Cela fait penser à la vocation de Samuel dans l’Ancien Testament aussi : il ne reconnaît pas tout de suite la voix de Dieu. Cela passe toujours par une écoute, mais une écoute qui n’est pas forcément en soi, toute seule, intérieure (on voit parfois cela à travers la Parole de Dieu) ce peut être aussi une écoute des mouvements et des cris du monde.
Toute vocation est donc une mission, dans une réalité très incarnée
On peut reprendre aussi l’appel de Pierre ou l’appel des apôtres : « Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4, 19). Le Christ appelle les apôtres pour les associer à sa mission. Claire Monestès, la fondatrice de ma communauté, disait une phrase que j’aime beaucoup : « Toute vocation est une incarnation ». On le voit bien d’ailleurs dans la réponse de Marie à l’ange à l’Annonciation (Luc 1, 38) : Marie est un modèle pour nous, elle est celle qui a répondu à l’appel du Christ, elle a emprunté le chemin de Dieu. À l’Annonciation, Marie, façonnée par la Torah, a dit « oui » à l’accueil du Verbe et permet l’Incarnation. Là aussi, on peut voir le signe que l’on est dans sa vocation quand on est sur un chemin d’incarnation. Cela nous ancre toujours davantage dans la réalité concrète de la vie... Si la réponse à un appel nous déconnecte de la réalité et nous fait fuir le monde, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas, car notre vocation comme chrétiens est de vivre ici-bas dans la complexité du monde, même si notre vocation ultime est au-delà : on vient de Dieu, de l’amour trinitaire, on est fait pour retourner à Dieu… Ce que l’Église nous dit aussi, c’est que sur cette Terre, la vie est un pèlerinage : l’Église est en pèlerinage sur la Terre.
C’est à travers notre vocation propre et avec les autres que nous vivons notre pèlerinage sur Terre
C’est toute une dynamique : il faut voir cet appel comme quelque chose qui met en marche. On le voit bien d’ailleurs après l’Annonciation : qu’a fait Marie quand elle a répondu oui ? Elle est partie tout de suite à la rencontre de sa cousine Elisabeth elle aussi enceinte (Luc 1, 39). La vocation nous met en route, elle nous met toujours en mouvement vers les autres et elle fait creuser toujours plus simultanément la relation à Dieu et la relation aux autres. Le premier critère de discernement vocationnel est celui d’un plus grand amour de Dieu qui conduit à aimer davantage son prochain... Aimer Dieu, c’est aimer les autres. Aimer et servir Dieu, c’est aimer et servir les autres. La vocation de disciple du Christ est fondamentalement et structurellement ecclésiale et communautaire. C’est pourquoi nous avons aussi besoin de la médiation de l’Eglise pour discerner notre vocation.
La vocation est en résumé une manière de voir la vie et de répondre à l’appel de Dieu
Finalement, vivre sa vie comme une vocation, c’est une herméneutique de la vie, c’est-à-dire que c’est une manière de voir la vie, de se comprendre en Dieu, et d’agir en réponse à un appel dans une attitude de don suscitée par la reconnaissance et la gratitude. C’est donc aussi une manière de se comprendre comme un sujet, une personne convoquée, appelée à répondre à un Autre, quelle qu’elle soit la réponse.
Qu’est-ce finalement que trouver sa vocation ? C’est une manière de chercher et de trouver sa place dans l’Église et dans la société.
La vocation est un chemin reçu en grande partie, mais où il y a surtout une grande liberté
Souvent, aujourd’hui, on voit beaucoup de jeunes et de moins jeunes qui oscillent entre deux conceptions de la vie. Certains voient la vie comme quelque chose qui se construit à la force du poignet de manière très volontariste – et on voit bien aujourd'hui comment certains vont jusqu’à imaginer qu’on peut tout décider, choisir, construire, y compris presque choisir son sexe – avec parfois une conception très « constructiviste » de la vie. Mais ce n’est pas vrai : on ne s’auto-construit pas seul. D’autres nombreux, à l’inverse, voient l’existence comme un destin que l’on subit, sans marge de manœuvre. La conception chrétienne de la vie comme vocation est un autre chemin qui nous fait découvrir la vie comme quelque chose qui ne part pas de rien, que l’on reçoit en grande partie, mais qui est aussi à inventer dans la liberté : Dieu n’impose jamais son appel. Son appel attend une réponse libre, c’est pourquoi nous pouvons jamais être certains à 100% que nos choix sont bons. Mais c’est en posant des choix réfléchis, priés et discernés que l’on devient libres et créateurs à l’image de Dieu.
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commentaires
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J'ai été particulièrement touchée, en lisant tout le sens profond du mot, Vocation. Oui la vocation est un Don de Dieu qui nous ouvre tant de chemin d'émerveillement. Et malheureusement nombreux sommes nous à ne pas en prendre conscience. Merci pour ces différents résumés qui permettent une réflexion plus profondément spirituelle; particulièrement lors de nos engagements, de nos missions, dans nos paroisses ou associations.
belles définitions de la vocation ma sœur! jadore