Et si la fragilité était une chance ?
La fragilité, aussi bien psychologique que physique, est généralement considérée comme un défaut, voire un handicap. Mais ce témoignage montre qu’elle peut aussi, à la suite du Christ qui s’est fait faible et avec l’aide de son Esprit, libérer ce qu’il y a de meilleur en chacun.
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1.
Nous vivons dans une culture de la force, de la performance, du succès à tout crin. Et même indépendamment de ce contexte, nous aspirons à un bonheur que nous voudrions atteindre en souffrant le moins possible. Pourtant, l’expérience de la faiblesse ou de la souffrance peuvent nous faire découvrir notre vocation d’enfants de Dieu et notre brûlante soif d’amour. Si nous ne sommes pas forcés de vivre une grande épreuve, la souffrance nous rejoint tous, au moins par compassion.
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2.
La fragilité, si on accepte de lui offrir l’hospitalité, peut être une bonne nouvelle, puisqu’elle nous conduit sur le chemin de l’être. Elle nous donne de goûter à la joie plutôt qu’au bonheur, la joie inaltérable que chacun – soi-même, mais aussi les autres – est aimé d’un amour inconditionnel, quelle que soit la situation où il se trouve.
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3.
Dans l’épreuve, on apprend que le monde dépend beaucoup de la façon dont on le regarde. La paix intérieure vient avec l’accueil inconditionnel de ce qui est.
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4.
La joie donne de ne plus avoir peur de soi, de ne plus porter constamment un jugement sur les imperfections, mais d’apprendre à les regarder avec douceur pour pouvoir pleinement épouser la vie sous le regard du Seigneur.
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5.
Il s’agit ainsi d’accepter de toujours vivre au présent, véritablement, d’aller au-devant des visages, plutôt que d’essayer de paraître ce qu’en réalité on n’est pas ; il s’agit aussi de se laisser rejoindre par l’autre dans l’intimité de l’être. Et cette nudité consentie n’est possible que dans la fragilité partagée.
Véronique Dufief, née en 1963 à Cotonou (Bénin), est maître de conférences en littérature française.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses (92), elle dirige la collection « Visages » aux Éditions de l’Échelle de Jacob. En 2014, elle reçoit le Prix du livre de spiritualité La Procure/Panorama pour La Souffrance désarmée. À partir de l'expérience d'une maladie psychique, la bipolarité, elle a vécu un chemin intérieur que lui a permis de faire l'épreuve décapante – mais aussi régénératrice – de la souffrance.
Visages de femmes dans la Bible, aux éditions de L’Échelle de Jacob (2009)
La Souffrance désarmée, témoignage sur la bipolarité, Salvator (2013)
Bonjour vieillesse, Salvator (2015)
Entrer dans l’invisible, L’Échelle de Jacob, prières (2015)
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