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Ce que dit la Bible sur le thème : Croisades

Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens: tu ne commettras pas de meurtre et si quelqu'un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien! Moi, je vous dis: si quelqu'un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Vous avez appris qu'il a été dit: oeil pour oeil et dent pour dent. Eh bien! Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre. Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent.

Matthieu 5, 21-45

Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges.

Matthieu 26, 52

Ce verset est un classique de la rhétorique médiévale pacifiste. Il illustre la nécessaire séparation du glaive temporel et spirituel. 

Ne vous rendez pas justice à vous-mêmes, mes bien aimés mais laissez libre cours à la colère de Dieu.

Romains 12, 19

Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable.  Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en oeuvre, rester fermes. Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse, et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix; ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais; enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu.

Ephésiens 6, 11-17

Les images d'armures sont sans ambiguïtés : elles ne sont pas destinées à des adversaires de chair et de sang, mais à un combat spirituel (Eph 6, 12). Mais dès lors que l'on oublie ce verset, la suite du passage peut servir la rhétorique de la croisade médiévale.

Je viens à toi au nom de Yahweh des armées, du Dieu des bataillons d’Israël que tu as insulté. Aujourd'hui Yahweh te livrera entre mes mains, je te frapperai et j'enlèverai ta tête de dessus toi; et toute la terre saura qu’Israël a un Dieu et toute cette multitude saura que ce n'est ni par l'épée ni par la lance que Yahweh sauve car à Yahweh appartient la guerre et il vous a livrés entre nos mains.

1 Samuel 17, 46

Le Dieu des armées de l'Ancien Testament devient une figure-clé de la rhétorique de la croisade médiévale. Il faut cependant savoir que dans la Bible, Yahvé Sabaot signifie le Seigneur des armées, c’est-à-dire des armées célestes que sont les étoiles que les païens considéraient comme des divinités. Le Dieu des armées, Yahvé Sabaot, signifie le Dieu des dieux.

Ce que dit l'Église sur le thème : Croisades

2263.  La défense légitime des personnes et des sociétés n'est pas une exception à l'interdit du meurtre de l'innocent que constitue l'homicide volontaire. "L'action de se défendre peut entraîner un double effet : l'un est la conservation de sa propre vie, l'autre la mort de l'agresseur...  L'un seulement est voulu ; l'autre ne l'est pas" (S. Thomas d'A., II-II 64,7).
2265.  En plus d'un droit, la légitime défense peut être un devoir grave, pour qui est responsable de la vie d'autrui. La défense du bien commun exige que l'on mette l'injuste agresseur hors d'état de nuire. A ce titre, les détenteurs légitimes de l'autorité ont le droit de recourir même aux armes pour repousser les agresseurs de la communauté civile confiée à leur responsabilité.

Catéchisme de l’Eglise catholique § 2263 et 2265 (la légitime défense)

Il y a des situations dans lesquelles les valeurs proposées par la Loi de Dieu apparaissent sous une forme paradoxale. C'est le cas, par exemple, de la légitime défense, pour laquelle le droit de protéger sa vie et le devoir de ne pas léser celle de l'autre apparaissent concrètement difficiles à concilier. Indubitablement, la valeur intrinsèque de la vie et le devoir de s'aimer soi-même autant que les autres fondent un véritable droit à se défendre soi-même. Ce précepte exigeant de l'amour pour les autres, énoncé dans l'Ancien Testament et confirmé par Jésus, suppose l'amour de soi présenté parallèlement : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même " Mc 12,31. Personne ne pourrait donc renoncer au droit de se défendre par manque d'amour de la vie ou de soi-même, mais seulement en vertu d'un amour héroïque qui approfondit et transfigure l'amour de soi, selon l'esprit des béatitudes évangéliques Mt 5,38-48, dans l'oblation radicale dont le Seigneur Jésus est l'exemple sublime. D'autre part, "la légitime défense peut être non seulement un droit, mais un grave devoir, pour celui qui est responsable de la vie d'autrui, du bien commun de la famille ou de la cité" (CEC 2265.). Il arrive malheureusement que la nécessité de mettre l'agresseur en condition de ne pas nuire comporte parfois sa suppression. Dans une telle hypothèse, l'issue mortelle doit être attribuée à l'agresseur lui-même qui s'y est exposé par son action, même dans le cas où il ne serait pas moralement responsable par défaut d'usage de sa raison*.
* Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, II-II, 64,7 ; S. Alphonse de Liguori, Théologie morale, l. III, tr. 4, c. 1, doute 3.

Jean-Paul II, Evangelium vitae § 55

Nous mettons ces textes sur la légitime défense parce que les croisades ont d'abord eu pour but de défendre les chrétiens du Proche Orient et les pèlerins des lieux saints.

Je pense au sac dramatique de la ville impériale de Constantinople, qui était depuis si longtemps le bastion de la Chrétienté en Orient. Il est tragique que les assaillants, qui étaient partis assurer le libre accès des chrétiens à la Terre Sainte, se soient retournés contre leurs frères dans la foi. Le fait que des chrétiens latins y participaient remplit les catholiques d’un profond regret.

Jean-Paul II à Athènes sur le sac de 1204

Discours de Jean-Paul II à Sa Béatitude Christodoulos, archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, par lequel le Pape a demandé pardon pour le sac de Constantinople par les croisés latins en 1204.

Tandis que nous rendons grâces à Dieu qui, dans son amour miséricordieux, a suscité dans l'Eglise une récolte merveilleuse de sainteté, d'ardeur missionnaire, de dévouement total au Christ et au prochain, nous ne pouvons manquer de reconnaître les infidélités à l'Evangile qu'ont commises certains de nos frères, en particulier au cours du second millénaire. Demandons pardon pour les divisions qui sont intervenues parmi les chrétiens, pour la violence à laquelle certains d'entre d'eux ont eu recours dans le service à la vérité, et pour les attitudes de méfiance et d'hostilité adoptées parfois à l'égard des fidèles des autres religions.

L'examen de conscience de Jean-Paul II

En 2000, le pape Jean-Paul II convoqua une année sainte. Il permit à l'Église de purifier sa mémoire et de demander pardon là où le pardon était nécessaire. La démarche de réconciliation a culminé dans l'homélie du dimanche du pardon. 

La conscience actuelle peut-elle se charger d’une faute liée à des phénomènes historiques uniques, comme les croisades ou l’Inquisition ? N’est-il pas trop facile de juger les protagonistes du passé avec la conscience actuelle, comme si la conscience morale n’était pas située dans le temps ? 

Cardinal Joseph Ratzinger

Jean nous dit que, à l’occasion de la purification du Temple, les disciples se rappelèrent qu'il est écrit: « Le zèle de ta maison me dévorera » (Jn 2, 17). C’est une parole tirée du grand psaume 69, concernant la passion. A cause de sa vie conforme à la parole de Dieu, celui qui prie est poussé à l’isolement ; la parole devient pour lui une source de souffrance qui lui est causée par ceux qui l’entourent et le haïssent. « Sauve-moi, ô Dieu, car les eaux me sont entrées jusqu'à l'âme... c'est pour toi que je souffre l'insulte... le zèle de ta maison me dévore... » (Ps 69, 2.8.10).
            Dans le juste souffrant, le souvenir des disciples a reconnu Jésus : le zèle pour la Maison de Dieu le conduit à la passion, à la Croix. C’est là le tournant fondamental que Jésus a fait prendre au thème du zèle. Il a transformé en zèle de la Croix le zèle qui voulait servir Dieu par la violence. Il a établi ainsi définitivement le critère du vrai zèle - le zèle de l'amour qui se donne.

J. Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth, tome II

Citations sur le thème : Croisades

 Il n’est jamais permis de saisir les armes pour la foi universelle dont vit l’Eglise. Pourquoi donc des troupes protégées de hauberts et armées d’épées se déchaineraient elles pour les biens terrestres et transitoires de l’Eglise ? 

Pierre Damien, Cardinal (+ 1072)

Le Christ n’a pas versé son sang pour acquérir Jérusalem mais les âmes qu’il faut sauver.

Adam de Perseigne (Abbé cistercien, + 1221)

La croisade porte atteinte à la séparation du temporel et du spirituel, nettement énoncée par le Christ. Du reste, une exégèse littérale des Évangiles interdit toute violence. Cette position extrême n’a pas été retenue par les théologiens et canonistes médiévaux, qui autorisent la guerre juste. Plus critiquable parait à certains d’entre eux la guerre sainte, notion contradictoire dans les termes, qui promeut l’agression de l’infidèle, de l’hérétique ou du schismatique au nom de la foi. 

Martin Aurell

Lorsque l’Islam s’est répandu au point qu’il n’était plus possible aux populations chrétiennes d’Occident de continuer à se rendre en pèlerinage à Jérusalem et que leurs frères du Moyen-Orient étaient forcés de choisir entre l’apostasie, la dhimmitude ou la mort, que devaient faire les chrétiens d’Occident : rester tranquillement chez eux, ou bien aller prêter main forte à leurs frères d’Orient pour les libérer de leurs envahisseurs ? Qui se plaint de ce que les américains soient venus délivrer les peuples d’Europe du fléau nazi ? Les croisades n’ont pas été une entreprise offensive, mais défensive… La différence est la légitime défense. Quant aux déplorables débordements de violence gratuite qui ont été le fait de certains participants à ces croisades. Ils ne peuvent se justifier de l’Evangile mais relèvent de la nature humaine viciée par le péché originel et personnel.

Ahmed Almahoud, Abbé Guy Pagès, Eléments pour le dialogue islamo-chrétien, Editions De Guibert, Paris 2007, p. 55

Ni migration de peuples ni guerre de conquête entreprise par un souverain ambitieux, […] l’aventure de la première croisade reste sans parallèle dans l’histoire parce que, tout en étant une guerre véritable, elle ne semble pas avoir été commandée par aucun des impératifs qui d’habitude provoquent les guerres. […] On ne peut la comparer à la foudroyante expansion de l’islam au VII° : infiniment plus modeste dans ses dimensions comme dans ses objectifs, le phénomène de la croisade avait ceci de singulier que, pour une fois, une "guerre sainte" était menée d’une façon en apparence désintéressée.

Zoé Oldenbourg

Si la malheureuse expédition d'Alger (1541) réveille la ferveur, parce que la sécurité des routes maritimes espagnoles demandait la destruction de ce foyer majeur de la guerre de course musulmane, la préparation de l’expédition de Tunis (1535) mobilise beaucoup plus les Italiens des royaumes de Naples et de Sicile, dont les intérêts sont directement concernés, que les Espagnols, en dépit de l'intense propagande impériale, qui ne touche une fois de plus que l’aristocratie. La croisade est devenue une guerre de défense des intérêts nationaux, qui ne se distingue des autres que par la religion de l'adversaire. C'était depuis longtemps le cas pour les républiques maritimes et marchandes de Venise et de Gênes; cela le devient pour les princes allemands autour de 1530, pour ne pas parler des nobles hongrois, fort satisfaits d'un joug ottoman qui les laisse pratiquer la confession réformée de Luther ou de Calvin. Dans les régions protestantes du Saint-Empire, l'image de l'infidèle se brouille, comme l'illustre naïvement une prière pour les enfants : "Seigneur, protège-nous en ce monde, et fais mourir le pape et le turc, qui haïssent Jésus-Christ ton fils unique, et veulent le jeter bas de son trône".

Christian Hermann, La Renaissance (1470-1560), éditions du temps, 2002, p. 199-200

Force est de reconnaître que les intentions initiales des croisades se sont peu à peu perdues...

Rien n'empêche qu'un même acte ait deux effets, dont l'un seulement est voulu, tandis que l'autre ne l'est pas. Or les actes moraux reçoivent leur spécification de l'objet que l'on a en vue, mais non de ce qui reste en dehors de l'intention, et demeure, comme nous l'avons dit, accidentel à l'acte.
Ainsi l'action de se défendre peut entraîner un double effet: l'un est la conservation de sa propre vie, l'autre la mort de l'agresseur.
Une telle action sera donc licite si l'on ne vise qu'à protéger sa vie, puisqu'il est naturel à un être de se maintenir dans l'existence autant qu'il le peut. Cependant un acte accompli dans une bonne intention peut devenir mauvais quand il n'est pas proportionné à sa fin. Si donc, pour se défendre, on exerce une violence plus grande qu'il ne faut, ce sera illicite. Mais si l'on repousse la violence de façon mesurée, la défense sera licite. Les droits civil et canonique statuent, en effet: « Il est permis de repousser la violence par la violence, mais avec la mesure qui suffit pour une protection légitime. » Et il n'est pas nécessaire au salut que l'on omette cet acte de protection mesurée pour éviter de tuer l'autre; car on est davantage tenu de veiller à sa propre vie qu'à celle d'autrui.
Mais parce qu'il n'est permis de tuer un homme qu'en vertu de l'autorité publique et pour le bien commun, nous l'avons montré, il est illicite de vouloir tuer un homme pour se défendre, à moins d'être investi soi-même de l'autorité publique. On pourra alors avoir directement l'intention de tuer pour assurer sa propre défense, mais en rapportant cette action au bien public; c'est évident pour le soldat qui combat contre les ennemis de la patrie et les agents de la justice qui luttent contre les bandits. Toutefois ceux-là aussi pèchent s'ils sont mus par une passion personnelle.

Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, II, II, q 64, a 7, réponse.